Hélas un nombre incommensurable d’animaux sont morts.

Les incendies en Australie entraînent des risques d’extinctions d’espèces pour la faune et la flore

Alors que des incendies continuent de brûler en Australie, les conséquences dramatiques sur la faune et la flore australiennes se précisent.

Des espèces déjà en danger voient leur survie d’autant plus fragilisée que leur habitat est désormais anéanti.

« Ces catastrophiques feux géants qui balayent notre pays aggravent considérablement la crise d’extinction des espèces à laquelle nous sommes déjà confrontés.

Et ce n’est que le début », écrit WWF Australie dans un communiqué alarmant diffusé il y a quelques jours.

Alors que des incendies impressionnants continuent de ravager l’Australie, se dessine un bilan dramatique pour la faune et la flore.

D’après une étude conjointe menée par l’ONG WWF et Chris Dickman, chercheur à l’université de Sydney, un milliard et vingt-cinq millions d’animaux mammifères, oiseaux, reptiles, batraciens et chauve-souris – sont morts dans les incendies qui consument le pays.

« Cela comprend des milliers de koalas et d’autres espèces emblématiques telles que les kangourous, les wallabies, les kookaburras, les cacatoès, les méliphages brûlés vifs, et plusieurs milliers d’autres blessés et sans abri », écrit le WWF.

Les espèces menacées victimes des incendies comprennent 272 plantes, 16 mammifères, 14 grenouilles, neuf oiseaux, sept reptiles, quatre insectes, quatre poissons et une araignée, a annoncé lundi le ministère de l’Environnement et de l’Energie australien.

« Une nouvelle pression sur des espèces animales »

« Ces incendies ajoutent une nouvelle pression sur des espèces animales qui luttaient déjà pour leur survie.

Aujourd’hui, il est tout à fait possible que certaines espèces soient perdues à jamais », déclare dans Le Monde David Phalen, professeur du département vétérinaire de l’université de Sydney et spécialiste de la biodiversité australienne.

Les chiffres avancés par Chris Dickman sont déjà estimés à la hausse par d’autres scientifiques.

Le directeur de recherche du CNRS Philippe Grandcolas et au Muséum national d’histoire naturelle, et le professeur de parasitologie Jean-Lou Justine, signent un article dans la revue universitaire The Conversation dans lequel ils estiment que ce sont « au moins un million de milliards d’animaux qui ont péri ».

Ils incluent dans leurs calculs des vertébrés « plus discrets, comme les amphibiens (grenouilles, crapauds, etc.) et d’autres animaux, comme les mollusques et les arthropodes parmi lesquels on trouve les insectes ».

La mort de ces espèces va augmenter « ainsi pour bon nombre d’entre elles leur probabilité de déclin, voire d’extinction. »

Les scientifiques sont préoccupés par l’affaiblissement de plusieurs animaux, comme le dunnart (une souris marsupiale) ou une espèce de cacatoès noir, qui se trouvent sur l’île Kangourou, touchée par les feux, liste le média américain Wall Street Journal.

La grenouille Assa darlingtoni, le méliphage régent, (un petit passereau qui comptait moins de 500 individus en Australie avant les incendies), ou encore une espèce de wallaby des rochers sont également en danger.

Trouver un nouvel habitat pour les survivants

Les animaux qui ont survécu aux flammes doivent, de leur côté, trouver un nouvel habitat quand le leur a été détruit.

Les wallabies par exemple, doivent « maintenant faire face à une période extrêmement difficile, car le feu a brûlé une bonne partie voire toute leur nourriture, de sorte qu’ils vont devoir affronter la famine », explique au Huffpost Daniella Teixeira, biologiste de la conservation à l’université du Queensland.

La végétation qui leur servait de protection ayant disparu, ils se retrouvent également beaucoup plus exposés aux prédateurs.

Des milliers de personnes ont signé une pétition pour que le koala, espèce menacée, soit introduit en Nouvelle-Zélande, alors qu’une grande partie de son habitat a été détruit lors des incendies.

WWF Australie prévoit déjà la mise en place d’un « plan de restauration de l’habitat du koala, avec l’ambition de sauver et planter 2 milliards d’arbres d’ici 2030 ».

Des écosystèmes réduits en cendres

Car côté flore, le désastre est impressionnant, avec plus de 8 millions d’hectares brûlés depuis septembre, soit quasiment la superficie du Portugal.

Selon le média Science News, plus de trente espèces rares d’arbres qui se trouvent dans le parc national Nightcap (Nouvelle-Galles du Sud), dévasté par les incendies, sont gravement menacées.

En parallèle, des pompiers auraient réussi à sauver une espèce de pin de Wollemi datant de l’époque des dinosaures, véritable fossile vivant.

« Plus le feu est étendu et important, plus le système mettra du temps à se régénérer.

Il faudra donc au moins plusieurs années pour que la vie reprenne son cours, et l’intervention de l’homme sera parfois nécessaire pour retrouver l’état d’origine des forêts », explique David Phalen au Monde.

Mais difficile de recréer un écosystème complet qui a été réduit en cendres, surtout si de nouveaux feux viennent à nouveau brûler ces mêmes zones dans les années qui viennent.

« Si les feux se répètent dans le temps et l’espace, alors la flore changera radicalement pour se composer d’espèces pyrophiles », soit des espèces mieux adaptées au feu, déclare à L’Express Plinio Sist, directeur de l’unité « forêts et sociétés » du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.

L’eucalyptus, qui se régénère facilement, pourrait par exemple se mettre à pulluler.

Mais il s’agit aussi d’une espèce qui brûle facilement.

50 millions de dollars pour la vie sauvage

Un bilan précis pour la faune et la flore ne sera établi que dans plusieurs semaines, car il reste des feux et certaines zones brûlées sont encore trop dangereuses à explorer, selon les autorités australiennes.

Pour sauver les espèces qui restent, des solutions d’urgence sont mises en place.

Le gouvernement de l’État de Nouvelle-Galles du Sud a notamment parachuté des centaines de kilos de légumes, pour permettre aux animaux présents dans la région de survivre.

Le gouvernement australien a promis une aide d’urgence de 50 millions de dollars, pour venir au secours de la vie sauvage australienne.

En parallèle, de nombreuses cagnottes ont été créées pour aider les populations touchées par les flammes, récoltant plusieurs millions de dollars.

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