Un diagnostic alarmant mais heureusement pas définitif.

Dix ans d’étude et un constat alarmant.
L’observatoire agricole de la biodiversité enregistre un déclin des insectes pollinisateurs dans les cultures.

En Anjou, la ferme des Trinottières participe aux relevés.

Des tubes en carton dans un bout de tuyau PVC, le tout fixé au sommet d’un poteau de clôture, et hop, le tour est joué !

À Montreuil-sur-Loir (Maine-et-Loire), Michel Prézelin a confectionné des nichoirs à abeilles sauvages.

On compte les opercules fabriqués avec des feuilles mâchées ou de la terre.

On en déduit le nombre de ces insectes pollinisateurs​, détaille le responsable lait de la ferme des Trinottières.

À Montreuil-sur-Loir, la station expérimentale de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire fait partie des 600 exploitations françaises, qui, depuis dix ans, contribuent à enrichir la base de données de l’Observatoire agricole de la biodiversité (OAB), piloté par le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN).

À chaque observation, les agriculteurs notent dans une fiche le nombre des individus observés, le paysage environnant la parcelle (haie, route, zone urbaine, cultures…), les pratiques agricoles (nombre de passages pour pulvériser un pesticide, pour épandre de l’engrais minéral, travail du sol, enherbement, fauche, pâturage…)

L’objectif est de tracer les tendances d’évolution des populations d’invertébrés et de voir si un lien existe avec les pratiques culturales​, explique Olivier Billaud, chercheur au Centre d’écologie et des sciences de la conservation (Cesco), au sein du MNHN.

Moins de vers de terre dans les prés

Les agriculteurs collectent.

L’observatoire engrange.

Les scientifiques moulinent toutes ces données dans leurs ordinateurs depuis 2011.

Résultat : l’étude met en évidence, sans le quantifier, un déclin de la biodiversité en milieu agricole​.

Cette érosion touche notamment les populations de papillons et d’abeilles en grandes cultures, en lien avec l’agriculture intensive et ses pratiques fortement utilisatrices en pesticides et engrais de synthèse​, résume Olivier Billaud.

Nous constatons aussi une diminution de l’abondance des vers de terre dans les prairies, peut-être sous l’effet des sécheresses répétées et du réchauffement climatique​, ajoute le doctorant.

Un diagnostic alarmant contrebalancé par des notes positives :

Les exploitations ayant le moins recours aux intrants chimiques voient abeilles et papillons se stabiliser dans le temps, voire croître légèrement.

De même, les vers de terre semblent recoloniser les exploitations qui ont diminué ou banni le travail du sol.

Poursuivons notre tour de plaine sur les pas de Michel Prézelin.

Au milieu d’un champ de céréales, une balise jaune signale la présence sur le sol d’une planche en bois de peuplier.

Une fois retourné, ce frêle esquif au milieu de l’océan vert de la culture, permet de réaliser un inventaire à la Prévert peuplé de fourmis, cloportes, collemboles, précieux fabricants d’humus…

Pour dénombrer les vers de terre, le MNHN préconise d’arroser des placettes d’un mètre carré avec un mélange d’eau et de moutarde.

Les vers de terre, irrités, remontent à la surface​, explique Nora Rouillier, qui anime l’OAB.

Les agriculteurs volontaires sont aussi invités à compter les papillons sur des bandes de 300 mètres, à trois reprises entre mai et septembre.

C’est un bel exemple de science participative associant scientifiques et agriculteurs​, se félicite Olivier Billaud.

Les agriculteurs du réseau Arbre (Agriculteurs respectueux de la biodiversité et des richesses de l’environnement) participent aussi à cette collecte d’informations.

La biodiversité n’est plus l’apanage d’avant-gardistes.

Elle devient le lot commun d’agriculteurs conscients de la dangerosité des pesticides, commente Ambroise Bécot, chargé de mission biodiversité à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. ​I

ls prennent le temps de descendre du tracteur pour observer.

Ils voient concrètement les résultats de la biodiversité sur leur ferme.

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