Il n’y a bizarrement apparemment pas autant de malformations que l’on pensait.

Tchernobyl : les animaux sauvages prospèrent plus que jamais dans la zone contaminée

Trente ans après la catastrophe nucléaire, la zone hautement contaminée de Tchernobyl, abandonnée des habitants, s’est transformée en une réserve d’animaux sauvages.

Réintroduits à Tchernobyl, les chevaux de Przewalski, en voie de disparition, se multiplient sur le site contaminé.

Une zone hautement contaminée par une explosion nucléaire est désastreuse pour la vie animale. Mais toujours moins que la présence humaine.

Trente ans après l’explosion du réacteur n°4 de la centrale de Tchernobyl, les chevaux sauvages, loups, sangliers, élans, prospèrent comme jamais aux alentours.

Il a fallu du temps : le 26 avril 1986, la catastrophe a dégagé des milliards de particules hautement radioactives, contaminant de vastes territoires, dans de nombreux pays.

Quelque 10 kilomètres carré de forêts de pins entourant la centrale ont été rayés de la carte, emportant avec eux les divers oiseaux, rongeurs, insectes, qui s’y abritaient.

Mais aujourd’hui, la « zone d’exclusion », ce secteur d’une trentaine de kilomètres de rayon autour du site accidenté, s’est changé en une réserve naturelle unique.

« Quand les gens sont partis, la nature est revenue », résume Denis Vichnevski, ingénieur en chef de cette zone et zoologiste.

Cela ne veut pas dire que la radioactivité est une bonne chose pour la faune sauvage.

Néanmoins, délivrée des pressions de l’agriculture, la chasse ou l’exploitation forestière, la nature reprend vite ses droits.

Ours, lynx, loutres, chevreuils, loups…

Cette constatation n’est pas nouvelle : en octobre 2015 notamment, une étude internationale publiée dans la revue Current Biology révélait un recensement étonnant :

les loups sont sept fois plus nombreux dans cette zone que dans les parcs alentours et les populations d’élans, chevreuils et sangliers reviennent en nombre alors qu’elles déclinaient avant l’accident.

Alors que les espèces qui dépendaient des humains ont disparu, comme les cigognes blanches, les moineaux ou les pigeons, les espèces indigènes – autrefois menacées par la destruction de leur habitat naturel – réapparaissent, comme les ours, les lynx, les pygargues à queue blanche, les loutres, les blaireaux et bien d’autres, notamment chez les oiseaux.

En 1990, une poignée de chevaux de Przewalski, en voie de disparition ont été réintroduits là, pour voir s’ils pouvaient y prendre racine : une centaine d’entre eux pâturent aujourd’hui sur des champs vides.

Une nouvelle forêt de pins et de bouleaux, plus résistants à la radiation, a même repoussé à l’endroit de la « forêt rouge », baptisée ainsi à cause de la couleur des arbres, vidés de leur chlorophylle.

Les animaux ne sont pas difformes

A la surprise générale, la plupart des animaux vivant en zone contaminée ne sont pas difformes et « ne brillent pas dans le noir », comme l’avait écrit l’auteure Mary Mycio dans Slate .

Mais les effets négatifs de la radioactivité se font tout de même sentir : leur espérance de vie est souvent plus courte et leur taux de reproduction moins élevé.

Toutefois, toutes les espèces ne sont pas égales devant les radiations, constataient les journalistes d’Arte en 2010 , qui, dans une longue enquête, ont mis au jour cette « énigme scientifique » : certains animaux, comme les mulots, sont en pleine santé, quand d’autres, comme les oiseaux, meurent prématurément :

Les études ne sont pas encore assez nombreuses ni poussées pour tirer des conclusions sur la santé générale des animaux sur place.

Les biologistes Thimoty Mousseau de l’université de Caroline du Sud et Anders Moller, chercheur au CNRS, ont par exemple publié plusieurs articles contredisant cette vision de « Tchernobyl, paradis des animaux », et affirmant que dans les zones hautement contaminées, les populations sont en déclin.

Les nouvelles menaces sont : le braconnage et le « tourisme nucléaire »

Autre bémol : la célèbre centrale nucléaire est loin d’être totalement désertée par les hommes. Marina Chkvyria, chercheuse de l’Institut de zoologie Schmalhausen, qui surveille le site de Tchernobyl, prévient que de nombreux touristes visitant la zone et les employés qui s’occupent de l’entretien de la centrale et de la construction du nouveau sarcophage détériorent cette nature.

« On ne peut pas dire que c’est un paradis pour les animaux, souligne-t-elle.

Beaucoup de gens travaillent à la centrale. Il y a des touristes, des braconniers ».

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