Cet article stipule que tout acte de cruauté envers tout animal domestique apprivoisé ou tenu en captivité est prohibé que ce soit dans l'espace privé ou public.

Les arènes de Rodilhan, village du Gard accueillent la dernière corrida de l’année ce week-end dans une ambiance tendue. 

La corrida est considérée comme une exception culturelle mais surtout juridique et elle déchaîne les passions. 

Explications.

La saison des corridas avec mise à mort s’achève ce dimanche en France. 

A Rodilhan dans le Gard, où en 2011 de violents incidents sanctionnés par la justice ont opposé « aficionados » (passionnés de corridas) et militants de défense des animaux,un bataillon de gendarmes mobiles s’est déployé pour éviter la confrontation entre 250 anti-corridas et spectateurs

Pourquoi la corrida est hors-la-loi ?

Le droit français prohibe tout « acte de cruauté envers les animaux domestiques apprivoisés ou tenus en captivité, que l’acte soit effectué publiquement ou non » (article 521 du code pénal). 

Les peines peuvent aller jusqu’à 2 ans de prison. 

La loi ne nie pas la cruauté de la corrida ni son caractère illégal.

Pourquoi alors certains en organisent ?

Les sanctions prévues par cet article de loi « ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être évoquée ». 

Pour les juristes, cette contorsion au droit est unique. 

Les anticorridas n’ont jamais pu fléchir le Parlement sur cette anomalie et ont donc attaqué en justice la notion de « tradition locale ininterrompue ».

Où peuvent se tenir les corridas ?

Cette fois, c’est la cour d’appel de Toulouse qui a tranché en 2000:  la corrida peut s’exercer géographiquement « entre le pays d’Arles et le pays basque ». 

En clair, en Provence, Occitanie (moins l’Aveyron)  et l’ex Aquitaine. 

Le jugement est validé par la Cour de Cassation. 

Depuis, une association ou un maire qui souhaiterait accueillir une corrida ailleurs que dans ce périmètre serait passible de sanctions pénales.

A Dax (Landes) ville qui organise le plus de corridas, en 2018 un taureau a été gracié

Peut-on espérer un jour interdire totalement la corrida en France ?

Définitivement non. 

L’affaire s’est terminée au Conseil constitutionnel qui a tranché en 2012.  

Les Sages ont rejeté le recours des associations anti-corrida estiment que les sanctions pour cruauté envers les animaux s’appliquent sur tout le territoire en soulignant qu’il n’était pas anticonstitutionnel de prévoir des «différences de traitement» entre les régions à tradition tauromachique et les autres.

Comment se porte la corrida en France ?

Mal. La fréquentation des arènes est en chute constante. 

Ainsi en six ans, l’affluence dans les arènes de Nîmes lors de la feria de Pentecôte a chuté de 30%. 

Le prix élevé des places (21 à 108 euros), le vieillissement du public qui se renouvelle peu et les campagnes anti-corrida ont un effet dissuasif. 

La désaffection touche néanmoins davantage le sud-est que le sud-ouest (Landes, Pays basque).

Toutes les associations locales organisatrices éprouvent des difficultés financières.

Didier Bonnet, président du Crac Europe (comité radicalement anti-corrida) estime que dans 20 ans « la corrida s’arrêtera toute seule en France et ne sera plus rentable en Espagne ».

Va-t elle finir par disparaître?

Peu probable.

Car la corrida est prétexte aux férias. 

Ces fêtes durent plusieurs jours au printemps et à l’été et contribuent à l’économie et au dynamisme commercial des villes concernées. 

A l’image des formidables fêtes de Bayonne, moins de 3% des participants à ces animations viennent pour le spectacle taurin. 

En une semaine, certains établissements (bars, restaurants) réalisent l’équivalent de neuf mois de chiffre d’affaires!

La feria est un argument touristique.

Le lobby des corridas est-il puissant?

Sans doute. 

Des politiques s’affichent dans les arènes (Juppé, Valls, Bachelot,Fillon, Marine Le Pen, Mamère) ou, comme Ségolène Royal « y voient un spectacle magnifique ».

Beaucoup bottent en touche quand on leur soumet la question de l’interdiction (Sarkozy, Hollande, Macron). 

La corrida a fasciné écrivains, peintres, poètes, acteurs de cinéma, politiques. Hemingway,  Cocteau, Picasso, Garcia Lorca, Ava Gardner pour ne citer que les plus célèbres. Parmi les personnalités pro corrida du moment, on peut citer les couturiers Christian Lacroix et Jean-Paul Gaultier, des acteurs  (Jugnot, Lhermitte, Anémone, Depardieu, Caubère, Podalydès, Carole bouquet, Victoria Abril), l’architecte jean Nouvel, les footballeurs Blanc et Cantona… 

Les anti mobilisent aussi: Delon, Bardot, Belmondo, Lellouche, Cabrel, Laeticia Hallyday, 

Et l’Europe dans tout ça ?

La Cour européenne des Droits de l’Homme « n’est pas compétente ». 

La Commission a coupé les subventions aux associations taurines en France, au Portugal et en Espagne, les trois principaux pays concernés. 

Mais la Politique agricole commune subventionne toujours les élevages (ganaderias) de taureaux de combats (10 000 à 20 000 euros l’animal).       

Pourtant l’espoir demeure

exemple: les corridas avec mise à mort interdites aux Baléares

Une nouvelle loi encadrant la corrida, bannissant les instruments susceptibles de blesser le taureau, a été adoptée par le parlement de l’archipel.

Le Parlement régional de l’archipel des Baléares (Espagne) a voté lundi une loi de protection des animaux réglementant drastiquement les corridas, interdisant notamment la mise à mort des taureaux.

«Aucun instrument pointu»

Le texte, promu par la coalition de gauche au pouvoir dans l’archipel, permet aux toréros de toréer trois bêtes pour une durée maximum de dix minutes par animal, seulement munis de leur cape, et sans «aucun instrument pointu susceptible de produire des blessures et/ou la mort du taureau».

Il oblige également les toreros et les bêtes à se soumettre à des contrôles antidopage avant et après le spectacle, et relève à 18 ans l’âge minimum pour y assister.

Ce texte vise à contourner la jurisprudence de la Cour constitutionnelle espagnole, qui a annulé fin 2016 l’interdiction pure et simple de la tauromachie en Catalogne, estimant qu’il s’agissait d’une «mesure prohibitive» que les régions n’avaient pas le droit de prendre.

Opposants au texte remontés

Les corridas, objet depuis des années d’un débat passionné entre défenseurs des animaux et partisans de la «fiesta nacional», sont inscrites à la liste du «patrimoine culturel immatériel» de l’Espagne, et l’Etat veille à ce titre à leur conservation.

Les opposants au texte, comme le Parti populaire (PP, droite), estiment qu’il est illégal et voué à être censuré par la justice.

Le porte-parole du PP au parlement régional, Miquel Jerez, a accusé la majorité de vouloir ainsi de manière détournée «interdire» la corrida, en «déformant ses caractéristiques essentielles afin de rendre le spectacle méconnaissable».

«Victoire très satisfaisante»

L’ONG américaine de défense des droits des animaux Humane Society International s’est pour sa part réjouie d’une «victoire très satisfaisante», en félicitant les partis de la majorité d’avoir «assuré, de manière créative, que la torture de taureaux pour le divertissement public soit renvoyée dans les annales de l’histoire aux îles Baléares».

Autre archipel, les Canaries sont la seule région espagnole où l’interdiction des corridas est effective, depuis 1991.

Les défenseurs des animaux ont le vent en poupe depuis plusieurs années, le Parti contre la maltraitance animale ayant obtenu aux dernières législatives plus de 286.000 voix, contre environ 45.000 en 2008.

De moins en moins de corridas

Sous leur pression, des mairies conquises par la gauche en 2015 ont pris depuis des mesures anti-taurines, comme Madrid, qui a retiré sa subvention à l’école de tauromachie.

Le nombre de corridas en Espagne n’a cessé de diminuer ces dernières années, passant de 475 en 2012 à 386 en 2016 selon le ministère de la Culture, alors que les partisans de la tradition soulignent que les «fêtes populaires» issues de traditions locales ont augmenté dans le même temps.

De plus dans beaucoup de pays d’Amérique du sud comme au Chili, en Argentine , à Cuba ou en Uruguay la corrida est interdite .

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