Le paresseux est un animal vraiment atypique.

Le terme « paresseux » est le terme vernaculaire donné à certains mammifères placentaires d’Amérique tropicale appartenant au super ordre des xénarthres. 

Leur taille relativement modeste de nos jours est sans commune mesure avec leurs ancêtres de l’Oligocène, du Miocène moyen et du Pléistocène (les mégathères) qui étaient terrestres, mais mesuraient aussi en moyenne plus de trois mètres pour un poids dépassant les 300 kg. 

Le Megatherium americanum était le géant de cette famille, car il atteignait six mètres de long et pesait près de trois tonnes.

Superordre : Xenarthra

Ordre : Pilosa

On distingue deux genres encore vivants :

les Bradypodidae, auxquels appartient le genre Bradypus. 

Ses diverses espèces, communément appelées aïs, possèdent des mains à trois griffes et neuf vertèbres cervicales ;

les Megalonychidae, auxquels est affilié le genre Choloepus. 

Ses membres, habituellement nommés unaus, ne possèdent que deux griffes à chaque main, et six vertèbres cervicales.

Description du paresseux

Le paresseux, dont la taille oscille entre 45 et 75 cm de long, possède un corps recouvert d’une toison hirsute et rêche, dont les tons varient du beige au brun, avec des tonalités de vert. 

Le coloris verdâtre des poils est dû à la présence de symbiotes chlorophylliens, des cyanobactéries et des algues vertes. 

Sa tête ronde aux oreilles à peine discernables arbore un nez retroussé. 

Son aspect facial donne l’impression que le paresseux arbore un éternel sourire. 

Sa mâchoire est munie de 18 dents, exclusivement des molaires destinées à mâcher les feuilles coriaces dont il se nourrit. 

Les membres sont terminés par des mains équipées de deux ou de trois longues griffes recourbées selon le genre, servant à la préhension des branches et aux déplacements. 

La queue est très courte.

Le genre Bradypus comprend les espèces suivantes :

paresseux à gorge brune (Bradypus variegatus) ;

paresseux à trois doigts (Bradypus tridactylus) ;

paresseux à crinière (Bradypus torquatus) ;

paresseux nain (Bradypus pygmaeus).

Le genre Choloepus inclut les espèces suivantes :

unau d’Hoffmann (Choloepus hoffmanni) ;

paresseux à deux doigts (Choloepus didactylus).

Habitat du paresseux

Le paresseux se rencontre dans des environnements variés, mais essentiellement arborés compte tenu de son mode de locomotion. 

Il fréquente aussi bien la canopée des forêts tropicales et subtropicales de plaine même inondées que celle des forêts sèches ou humides de montagnes, depuis le niveau de la mer jusqu’à 2.400 m d’altitude selon les espèces. 

On ne le trouve qu’en Amérique du Sud et en Amérique centrale.

Comportement du paresseux

Le mode de vie du paresseux est remarquable dans le sens où il passe la quasi-totalité de son existence la tête en bas, accroché à l’envers aux branches. 

Pour ce faire, il se sert de ses griffes puissantes et recourbées, qui agissent à la manière de crochets.

Il évolue surtout dans la canopée des arbres et recherche la chaleur du soleil pour se thermoréguler.

En effet, la lenteur de son métabolisme, due à un petit cœur et à un rythme cardiaque faible, ne lui permet pas d’auto-réguler sa chaleur corporelle, et il a besoin du soleil pour cela.

Il est tout autant diurne que nocturne, et passe entre 14 et 16 heures par jour à se reposer. 

Pour assurer ses besoins alimentaires, son territoire doit être d’au moins deux hectares. 

Les interactions sociales entre paresseux sont relativement rares, hormis les périodes de reproduction qui sont ponctuées de cris caractéristiques qui ressemblent au son « ay », duquel le xénarthre tire son nom. 

L’animal est donc généralement solitaire. 

Bien qu’il descende rarement au sol où il se révèle un piètre marcheur (ses griffes démesurées sont encombrantes), il est au contraire un excellent nageur, bien qu’il se mette encore plus rarement à l’eau. 

L’estomac du paresseux est compartimenté afin de mieux assimiler la cellulose. 

Sa digestion très donc très lente. 

Cette particularité fait que l’animal ne descend à terre qu’une fois tous les trois à huit jours pour uriner et déféquer. 

En évacuant ses excréments, il perd un tiers de son poids initial. 

Sa position est toutefois inconfortable pendant ces moments, car l’animal est à la merci d’un prédateur de passage. 

À terre, ses prédateurs sont principalement les félins tels que le jaguar, l’ocelot ou le puma, et dans les frondaisons, l’aigle harpie. 

Ce rapace représente la plus grande menace pour le paresseux.

Le paresseux est mutualiste avec une variété d’algues qui s’installe dans sa toison et qui lui confère un aspect verdâtre. 

Cette apparence est censée contribuer au camouflage, mais il semblerait que les algues fournissent également des oligoéléments et des nutriments que l’animal ne trouve pas dans la nourriture. 

Ces algues appartiennent essentiellement aux chlorophytes, aux cyanophycées et aux rhodophytes

.Reproduction du paresseux

Le paresseux ne s’accouple que tous les deux ans. 

Lors de la phase d’accouplement, le mâle et la femelle s’enlacent pendant deux jours pleins. 

La femelle donne naissance à un seul petit au terme d’une gestation de six mois. 

Le jeune est dépendant de sa mère pendant une période variant de six à neuf mois selon l’espèce, et se tient accroché à son ventre les cinq premières semaines. 

Ensuite, il se fait porter sur le dos accroché aux poils de sa mère, adoptant la position ventre en l’air et dos vers le bas qui le caractérise. 

Il restera ensuite à proximité de sa mère jusqu’à un an, avant de s’émanciper totalement. 

Le juvénile atteint sa maturité sexuelle entre trois et cinq ans selon l’espèce.

Régime alimentaire du paresseux

Le paresseux se nourrit essentiellement de feuilles coriaces dont il digère très lentement la cellulose, mais il mange également des fruits et des fleurs. 

Il ne se désaltère pas et trouve l’eau nécessaire dans les végétaux qu’il ingère

.Menaces sur le paresseux

Hormis la chasse de subsistance encore pratiquée par quelques groupes d’Indiens, la principale menace pesant sur le paresseux est la déforestation et la fragmentation des habitats. 

En effet, l’animal ne se déplaçant principalement que dans la canopée, la disparition de son environnement le conduirait à sa perte. 

Le développement des industries minières et pétrolières ainsi que la construction de routes et de barrages hydroélectriques géants sont parmi les premières causes de cette mise en danger. 

La majorité des espèces ne sont pas très touchées pour l’instant, du fait de leur large distribution géographique, mais quelques autres, à l’habitat plus localisé, sont davantage exposées

Le saviez-vous ?

La toison hirsute et rêche du paresseux abrite une diversité biologique exceptionnelle. 

Hormis les algues qui procèdent partiellement au camouflage de l’animal, les poils accueillent également une faune entomologique très riche. 

Les insectes commensaux trouvent nourriture et abri dans le pelage, sans porter tort au mammifère.

En 1977, dans la région de Manaus, au Brésil, deux chercheurs qui avaient capturé un paresseux pour l’étudier ont découvert que l’animal hébergeait à lui seul plus de 120 papillons appartenant principalement à la famille des Pyralidae, près de 1.000 coléoptères du genre Trichillum, et un grand nombre d’acariens vivant dans ou à proximité du rectum et se nourrissant d’excréments.

Les pathologistes s’intéressent de près au paresseux, du fait qu’il peut également servir de réservoir à quelques virus spécifiques des zones tropicales pouvant poser des problèmes de santé aux populations humaines. 

L’animal est porteur sain de virus de certaines formes d’encéphalites ou de fièvres hémorragiques. 

En étudiant la capacité du paresseux à supporter ces virus sans dommages, les scientifiques espèrent améliorer les méthodes de prévention, de détection et de traitement de ces affections.  

 

 

 

 

 

Source : Futura sciences

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