On vous explique pourquoi de manière factuelle.

Alors dangereux ou pas dangereux, l’ours ?

C’est l’argument principal des anti-ours, qui résonne comme un écho au fond des vallées ariégeoises.

Ainsi, Augustin Bonrepaux, président du Conseil général de l’Ariège, sur Europe 1, n’hésite pas à le qualifier de « fauve ».

Commençons par des remarques générales sur l’ours : 

il ne faut pas confondre l’ours des Pyrénées (ours brun) avec le grizzly vivant principalement au Canada et en Alaska… 

Le nôtre fait entre 100 et 200 kilos, le grizzly adulte pèse entre 500 et 700 kilos… 

Leur tempérament n’est en rien comparable : le grizzly est régulièrement le sujet de faits divers au Canada… 

Tout ça pour rapeller que, pour tenter d’expliquer la supposée dangerosité de l’ours, il vaut mieux se concentrer sur nos ours.

Le régime alimentaire de l’ours brun est constitué à environ 60% de plantes (myrtilles, faines, glands, etc.), 30% d’insectes, petit rongeurs… et 10% de viande (aussi bien des charognes que des proies vivantes). 

Le régime alimentaire des ours réintroduits dans les Pyrénées (ours brun de Slovénie) est quasiment le même que celui des ours de souche pyrénéenne 

Le Slovène a besoin d’une fraction carnée légèrement supérieure à celle de son proche cousin pyrénéen. (14% contre 10%). 

Bref, on ne peut pas dire qu’il ait un régime alimentaire à dévorer les petites filles qui se promènent dans les sous-bois…

Je vois déjà certains Ariégeois en train de vociférer : 

Ce sont des beaux discours des gens des villes, mais s’il me met un coup de patte, je suis mort !… 

Il est vrai que si l’on ne s’en tient qu’à l’aspect physique, l’être humain présente des capacités nettement inférieures.

Remarquez que la comparaison avec une vache est aussi largement défavorable.

Il est toutefois légitime que dans certaines situations très particulières (dérangement d’une femelle suitée, présence intempestive de chiens), on pourrait imaginer que l’ours ait le même comportement que n’importe quel autre animal et se montre agressif envers l’homme.

 Alors, examinons les chiffres !

Il n’existe pas un seul récit documenté d’une personne tuée par un ours dans les Pyrénées depuis plus de 150 ans… argument massue.

Et pourtant les populations d’ours et de montagnards étaient toutes deux bien plus importantes que maintenant, lors du siècle passé.

Plus précisément, l’ours est étudié depuis dix ans. 

Alors, combien de fois pensez-vous que l’ours ait été vu, sachant qu’il y a une petite vingtaine d’ours et beaucoup d’éleveurs, de promeneurs, etc. ? 

D’ailleurs, est-ce que vous, éleveur émérite qui sillonnez la chaîne des Pyrénées en toute saison, avez déjà vu l’ours ?… 

Eh bien l’ours a été vu seulement 60 fois… 

Inutile de dire que pour le voir, il faut se lever tôt, et ce n’est pas le touriste citadin en randonnée familiale qui risque de le croiser lors de ses promenades !

Et dans ces 60 fois, qu’a-t-il fait ? 

Dans 78% des cas, il est parti en vitesse.

Dans 19% des cas, il a continué comme si de rien n’était.

Et dans deux cas, il a chargé.

Je vois déjà certains bondir et protester :

« Vous voyez bien que c’est un danger ! »…

 Eh bien non !

Le premier cas concerne les deux agents qui pistaient Ziva et ses deux oursons d’un peu trop près…

Mais ce ne fut qu’une charge d’intimidation… 

Pas de contact.

Le deuxième cas concerne la mort de Mellba, encore aujourd’hui assez obscure.

(A noter, pour ceux qui suivent encore, que cette étude est antérieure à la mort de Cannelle et donc ne recense pas ce cas-là). 

La faiblesse du nombre de ces rencontres homme-ours s’explique par le fait que l’ours est un animal essentiellement nocturne…

Je pourrais vous trouver les chiffres des personnes qui ont été tuées par des vaches, des frelons, des vipères, des sangliers, des cerfs, mais je ne crois pas que cela soit nécessaire…

Je ne partirai pas non plus sur les 135 morts (au cours des cinq dernières années) parmi les chasseurs (il est vrai, nettement plus nombreux que les ours) qui, eux, ne font peur à personne en Ariège.

L’ours n’est pas un animal plus dangereux qu’un autre.

C’est un fait.

En conclusion, je dirai donc que si vous avez encore peur de l’ours des Pyrénées, après avoir lu ces quelques lignes, votre problème, ce n’est pas l’ours.

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