Beaucoup d'animaux domestiques ( chats, chiens, nacs) mais aussi des animaux sauvages ainsi que des oiseaux et des pensionnaires du zoo d'Arcachon ont malheureusement péris, en espérant que le bilan final une fois les feux fixés et éteints ne soit pas encore beaucoup plus lourd.

Au zoo de La Teste-de-Buch, dans les rues désertes des villes évacuées ou dans les forêts…

De nombreux animaux, sauvages ou domestiques, se retrouvent piégés par les flammes ou les fumées des incendies qui ravagent la Gironde depuis plus d’une semaine.

Certains sont morts, d’autres blessés.

D’autres, encore, sont livrés à leur sort et errent dans les villes évacuées.

Ça fait une semaine qu’on entendait plus le chant des oiseaux ».

Depuis le début des gigantesques feux qui ravagent les forêts de Gironde, Sébastien Dupuy n’entendait plus les mouettes longer les plages, comme il en avait l’habitude.

« Une semaine après, ils commencent seulement à revenir sur la côte », expliquait jeudi à BFMTV.com le quinquagénaire, qui habite Biscarrosse, cette commune voisine de La-Teste-de-Buch, où les incendies ont déjà ravagé plus de 20.000 hectares.

Au zoo du Bassin d’Arcachon à la Teste-de-Buch, plus d’un millier d’animaux ont dû être évacués en raison de la dangerosité des fumées dégagées par les feux.

L’opération, jugée « extrêmement compliquée », a fait 14 victimes parmi les animaux: plusieurs espèces de perroquets, des primates, une loutre et un manchot sont morts à cause du stress, de la chaleur et d’intoxications liées à l’évacuation.

Ces incendies représentent « un véritable désastre pour le milieu forestier et la biodiversité », soulignait jeudi sur BFMTV le maire de Biganos, reconnaissant un « très lourd bilan » pour les forêts de son territoire situé dans le Bassin d’Arcachon.

Lundi, Sébastien Dupuy a par exemple découvert un petit chevreuil mort, échoué sur une plage de Biscarosse.

Ému par cette triste découverte, l’habitant a décidé d’immortaliser l’animal, probablement mort en tentant d’échapper aux flammes.

Depuis, le cliché est devenu un symbole de l’impact de ces feux sur la faune des forêts girondines sur les réseaux sociaux.

Des écureuils, des lapins, des chevreuils, un faucon…

Dans les massifs forestiers du territoire, le bilan s’annonce lourd.

Depuis le début des incendies, une dizaine d’animaux sauvages ont été recueillis par le centre de soins de l’association pour la protection des animaux d’Audenge (LPO Aquitaine).

Des écureuils roux, de jeunes chevreuils, un faucon…

« Ce ne sont pas des animaux brûlés, ils arrivent plutôt avec des problèmes respiratoires » liés aux fumées toxiques qu’ils ont inhalés, affirme à BFMTV.com Victoria Buffet, responsable communication de la LPO Aquitaine.

Ils sont « très jeunes et proviennent des communes les plus impactées.

Ils se sont rapidement retrouvés désorientés, déshydratés et affaiblis.

On les met sous oxygène, mais malheureusement ça ne suffit pas toujours…

Certains ne survivent pas ».

Au centre de soins d’Audenge, les animaux sauvages « commencent doucement à arriver, mais ça ne se bouscule pas encore ».

Étonnamment, les soigneurs font face à « moins d’arrivées que d’habitude ».

« Beaucoup, comme les lapins ou les écureuils, ont pu fuir, car ils courent vite et ils sont capables de sentir le feu avant qu’il n’arrive.

Mais les animaux plus jeunes, ceux encore au nid, ou encore les reptiles et les hérissons, étaient condamnés ».

Malgré tout, les équipes soignantes de la LPO « s’attendent à davantage d’arrivées une fois que le feu sera fixé ou éteint ».

Marine Ollivier, vétérinaire sapeur-pompier de 26 ans, a passé une semaine éprouvante, à venir en aide bénévolement aux animaux sinistrés du bassin d’Arcachon.

« J’étais l’une des seules apte à m’occuper d’animaux à pouvoir accéder au site », raconte la jeune femme à BFMTV.com.

La détresse des animaux des habitants évacués

À son arrivée, la vétérinaire est ainsi envoyée à Cazaux, Cabanac, Guillos, Landiras ou encore Villandreau.

Des habitants, des restaurateurs, des animaleries lui fournissent nourriture et croquettes, des cliniques vétérinaires lui prêtent du matériel de premiers soins.

La jeune sapeur-pompier va alors de maison en maison, les clés et les adresses de nombreux habitants en poche.

Sa mission?

Récupérer les animaux domestiques laissés par les habitants des communes évacuées, et nourrir ou abreuver ceux qu’elle ne peut pas ramener.

« C’était tout un trafic.

Les gens me donnaient les clés de leur portail pour que j’aille nourrir leurs animaux. (…) J

‘avais un temps imparti, il fallait aller très vite, c’était assez sportif car j’étais toute seule », raconte encore Marine Ollivier, qui reconnaît avoir été « un peu submergée » car elle n’était pas autorisée à emmener des civils avec elle pour l’aider sur la zone sinistrée.

« Quand je suis arrivée, les animaux des gens qui avaient été évacués étaient enfermés dans les maisons depuis plus de trois jours, parfois plus », témoigne la sapeur-pompier et vétérinaire de profession.

Les animaux étaient extrêmement affamés et assoiffés… j’avais à peine le temps de poser la nourriture qu’ils se jetaient dans les gamelles.

Les animaux étaient sortis dans les rues, les chats s’attaquaient aux volailles…

C’était assez triste, parce qu’on voyait que certains étaient là depuis une semaine, notamment à Cazaux.

Ça commence à faire long pour les animaux », raconte cette spécialiste de la faune.

« J’étais sous l’eau, j’ai continué même la nuit et encore je n’ai pas eu le temps de faire tout le monde… J’ai dû (rendre visite) à 400 animaux en 48 heures, mais j’avais trop de demandes, je n’arrivais plus à suivre ».

Course contre la montre

La jeune femme se souvient notamment d’un élevage de 200 volailles décimé par la faim ou par les fumées des feux…

À son arrivée, une cinquantaine étaient mortes au milieu des autres, qui n’attendaient que d’être nourries.

« Étant toute seule, j’ai fait au plus vite.

J’ai essayé de rassembler les cadavres pour éviter la propagation de maladies, mais je n’ai pas pu les incinérer ou quoi », poursuit la vétérinaire, qui a préféré concentrer ses efforts sur les animaux vivants.

« En tant que vétérinaire, je suis habituée à être confrontée à la détresse animale mais ça m’a quand même beaucoup touché de voir l’état dans lequel ils étaient…

Ils venaient tous me voir, même des chats errants, on sentait qu’ils étaient désorientés ».

À chaque fois, la jeune femme remet un maximum d’eau et de nourriture à leur disposition, en espérant que ça suffise jusqu’à ce que leurs propriétaires regagnent les lieux.

« J’ai rapatrié les animaux que je pouvais dans des caisses de transport, j’ai nourri ceux que je pouvais pour ceux qui restaient sur place, j’ai remis autant d’eau que possible pour les poules, les canards, les chiens, les chats, les lapins qui restaient… j’ai même nourri un bouc ».

Certains jours, Marine Ollivier reste plutôt à la cellule vétérinaire de la Teste-de-Buch, et s’occupe plutôt des animaux qu’on lui ramène des communes évacuées.

« Le samedi, il y a eu un premier convoi pour aller chercher les animaux sur place, et on a récupéré des animaux dans un état critique.

Certains ont malheureusement succombé, je n’ai rien eu le temps de faire, certains sont même arrivés morts ».

Brûlures, coups de chaleur ou de stress, intoxications…

Mais le travail de Marine Ollivier ne s’est pas limité aux animaux domestiques.

Au gré de ses déplacements girondins, la vétérinaire a également pu porter secours à des animaux sauvages qui venaient de sortir des zones en feu.

« Lorsque j’étais sur le feu avec les unités (de pompiers) de Cabanac, j’ai pu voir beaucoup d’animaux sauvages fuir les flammes », raconte cette native de Cazaux, qui vit et travaille désormais à Montpellier.

« Beaucoup, beaucoup ont été victimes de coups de chaleur à cause des températures qu’il y a eu.

Je pense qu’il n’y a pas un animal à qui je n’ai pas pris la température qui n’était pas à 41°C avec le stress, la canicule et le feu.

Voilà, ça c’était très compliqué à gérer ».

Mais surtout, « ils étaient complètement désorientés », raconte Marine Ollivier, qui dit par exemple avoir pu apporter des premiers soins à des écureuils brûlés de façon superficielle.

« Certains allaient dans la mauvaise direction, j’ai vu des lapins perdus qui allaient dans les flammes… je n’ai malheureusement pas pu faire grand-chose.

Plusieurs sapeurs-pompiers m’ont aussi raconté qu’ils avaient vu beaucoup de gibiers bloqués dans les grillages, courir en feu, ou se prendre des voitures » en essayant de fuir ».

« Je pense aux lapins ou aux oiseaux qui sont très sujets au stress, ça a été vraiment très problématique ».

Même chez les animaux domestiques, « il y a des propriétaires qui m’ont rappelé quelques jours après pour m’informer que leurs animaux étaient morts suite au stress du transport et de l’évacuation.

Je pense notamment un chat qui a décompensé et est mort après s’être retrouvé en détresse respiratoire » après avoir retrouvé son maître.

La solidarité s’organise

D’autres, encore, sont morts des intoxications liées aux fumées.

Marine Ollivier raconte avoir découvert des chats couverts de suie, laissant penser qu’ils avaient été lourdement exposés aux fumées.

« La volaille, aussi, est une espèce très sensible aux fumées, donc on a eu énormement d’oiseaux très touchés.

Je pense notamment aux volières extérieures, qui exposaient particulièrement les oiseaux aux fumées ».

Depuis le début des incendies en Gironde, la solidarité s’organise sur les réseaux sociaux, en particulier Facebook.

Plusieurs groupes et pages destinées à l’entraide à destination des animaux (sauvages ou domestiques) ont été créés, sur lesquelles les uns et les autres partagent des conseils, des bons plans. De nombreux particuliers proposent par exemple de la nourriture, des enclos ou du matériel pour aider les sinistrés.

La LPO, contactée par BFMTV.com, déconseille de déposer de la nourriture en forêt pour nourrir les animaux.

Toutefois, elle recommande aux locaux de mettre des bassines d’eau à disposition des animaux sauvages près de chez eux, pour qu’ils puissent s’hydrater si nécessaire, tout en veillant à ne pas les mettre près des routes pour éviter les risques de collision, et à mettre une pierre ou une planche à côté afin de veiller à ce qu’ils ne s’y noient pas.

 

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