Cela varie selon les espèces et les individus mais oui nos compagnons sont plutôt bien outillés côté mémoire.

Nos chiens et nos chats ont bien sûr des réflexes, mais ont-ils des souvenirs ?

On fait le point sur leurs capacités de mémorisation.

Nos animaux sont-ils capables de stocker et de se remémorer des informations ?

Bref, d’avoir des souvenirs… et de s’en souvenir ?

Avec Robert Jaffard, neurobiologiste spécialisé dans l’étude de la mémoire et membre de l’Observatoire B2V des Mémoires, nous nous sommes plongés dans cette vaste question.

La mémoire spatiale ? Oui !

Cette mémoire, non déclarative et donc plus ou moins consciente, est la capacité à enregistrer des informations sur l’espace dans lequel on évolue et s’y orienter.

Les études qui ont équipé d’un traqueur GPS des chats ayant un accès à l’extérieur, révèlent qu’ils font parfois des trajets complexes de plusieurs kilomètres, mais retrouvent toujours le chemin de la gamelle.

Dans le cerveau, un trajet de neurones s’est activé sur le parcours de l’animal, comme une cartographie mentale se superposant à celle de l’environnement.

La mémoire procédurale ? Bien sûr

On est encore ici dans une mémoire automatique, qui ne se verbalise pas : l’apprentissage de gestes, à force de répétition, qui deviennent ensuite presque instinctifs, comme l’apprentissage d’un sport ou d’un instrument de musique.

Chez le chien, c’est sa capacité à exécuter des exercices physiques ou à utiliser avec une dextérité de plus en plus surprenante des jouets distributeurs de nourriture ou des puzzle-feeders.

La mémoire olfactive ? C’est même le propre de l’animal

Chiens et chats ont des capacités olfactives bien supérieures aux nôtres.

Ils utilisent les informations enregistrées par l’odorat au profit des autres types de mémoire.

Marie-Line nous parle de sa chienne Moka, un shar-pei :

« Quoi qu’elle soit en train de faire, à 12h15, Moka s’arrête, se dirige vers le portail et ne bouge plus.

Je n’ai pas besoin de pendule pour savoir que c’est l’heure à laquelle mon mari rentre ».

Une histoire d’odeurs là-dessous ?

Et oui, l’olfaction pourrait permettre de percevoir le temps via les odeurs liées aux événements passés qui s’estompent petit à petit.

Ainsi, celle de leur maître diminuerait après son départ, jusqu’à atteindre un certain seuil que le chien aurait associé à l’heure habituelle de son retour, comme le rappelle l’Observatoire B2V des Mémoires.

La mémoire associative ? La plus intéressante

C’est le fondement des apprentissages et comportements de nos animaux.

Cette mémoire existe sous deux formes.

Tout d’abord, le conditionnement classique ou pavlovien.

Véronique a, à sa façon, reproduit l’expérience de Pavlov.

Elle nous raconte : « Mes chats reconnaissent le bruit de l’ancienne gamelle en céramique qui servait pour la pâtée.

Si j’ai le malheur de faire du bruit avec, je les vois tous rappliquer ».

C’est aussi le mécanisme qui se met en place dans le témoignage d’Agnès :

« Mon chat reconnaît quand on arrive au bord de mer en Vendée.

Cinq minutes avant d’arriver, il se réveille et miaule jusqu’à la maison ».

Le chat a mémorisé des repères peut-être invisibles pour vous, mais qui déclenchent une réaction physique et une émotion.

Et il y a le conditionnement opérant : l’animal fait une action qui est suivie d’une conséquence.

Si la conséquence est positive (il obtient de la nourriture ou son jouet), il va faire le lien et apprendre à réitérer ce comportement.

C’est la forme de mémorisation la plus efficace, car l’animal ne subit rien : c’est son comportement qui déclenche une situation.

Et plus la situation est agréable, plus vite l’animal apprendra !

La mémoire épisodique ? Pas au sens strict

On parle ici de mémoire déclarative, consciente et verbalisable, et donc, sans surprise : ça se complique.

La mémoire épisodique, c’est se souvenir du quoi, où et quand.

Chien et chat en sont-ils capables ?

Il y a débat. Bénédicte témoigne : « Sur la route des vacances, nous faisions toujours une halte sur la même aire d’autoroute.

Mon spitz est allé enterrer un morceau de jambon reçu pendant le pique-nique.

Des mois plus tard, de nouveau sur cette même aire d’autoroute, il s’est rué à l’endroit où nous l’avions vu creuser ! ».

Anecdote stupéfiante.

On y retrouve le « quoi » (le jambon) et le « où » (le trou), mais notre petit spitz était-il en mesure de se souvenir de « quand » le trésor datait ?

La mémoire épisodique est aussi liée, chez l’homme, à la conscience de soi, et à la capacité à se voir revivre cet événement. Impossible à savoir si c’est le cas pour le chien de Bénédicte. On parlera plutôt de mémoire de « type » épisodique.

La mémoire sémantique ? Rien de commun avec l’homme

La mémoire sémantique, c’est notre capacité à accumuler en conscience non plus des souvenirs précis mais des données générales sur le monde qui nous entoure : c’est notre mémoire encyclopédique.

Bien sûr, l’animal est capable d’extraire de l’information de ses expériences, comme le chimpanzé avec les mots, le perroquet avec les phrases, ou encore l’éléphant avec les gens.

Mais là encore, il n’existe aujourd’hui aucune preuve que les animaux puissent voyager dans le temps par la pensée, pour se remémorer, au sens propre, des concepts ingurgités à une date antérieure.

 

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