En effet , la principale cause de mortalité des marmottes est la faim et la marmotte passe la plupart de son temps à chercher de la nourriture or si elles n’ont pas une nourriture adaptée, elles meurent.

Quand, au détour d’une randonnée, vous apercevez le museau d’une marmotte, la tentation est grande de s’approcher, lui proposer de la nourriture et la photographier.

Cela nuit pourtant grandement à l’animal. 

C’est la belle surprise, la découverte qui rend une randonnée mémorable : une marmotte qui pointe le bout de son nez entre deux rochers.

Parfois, si l’animal n’est pas farouche, on peut l’approcher de très près, et même lui donner à manger.

Comment ne pas succomber à leur minois ?

L’instant est alors souvent filmé, ou photographié, puis posté sur les réseaux sociaux.

Carton assuré.

Et pourtant, en montagne, il est vivement déconseillé de s’approcher des marmottes et de les nourrir.

Voici pourquoi.

Des gestes inappropriées, par méconnaissance

À Éygliers, dans les Hautes-Alpes, les comportements inappropriés sont quotidiens, relate Monique Constant, la présidente de l’association de protection, d’étude et la valorisation des Marmottes (APEVM).

Un sentier balisé a été créé pour observer, de loin, les marmottes, stars des lieux.

Pourtant, des randonneurs s’aventurent encore parfois beaucoup trop près.

 « Ils arrivent avec du pain ou des carottes.

Mais ces personnes ne pensent pas mal faire, c’est par méconnaissance », raconte Monique Constant

« L’année dernière, des randonneurs avaient amadoué une marmotte, gourmande, et l’avaient même attaché à un harnais », se souvient-elle.

Alors, quand vous allez en montagne, « il faut être très précautionneux », prévient Sandra Bérénice Michel, photographe et réalisatrice de documentaire, basée dans le Beaufortain.

 « Il y a beaucoup de dérives aujourd’hui, notamment à cause des réseaux sociaux.

On y voit de plus en plus d’images de marmottes prises de très près », regrette-t-elle.

Cette proximité avec les humains va modifier le comportement des marmottes 

« Elles seront moins attentives à la prédation et aux risques qui peuvent peser sur elles : les aigles royaux, les renards, les loups, les chiens domestiques. »

Des marmottes en alerte

Aurélie Cohas, écologue de l’évolution et chercheuse au laboratoire Biométrie et Biologie évolutive de l’Université Claude Bernard-Lyon 1, a scruté la vie de ces bêtes entre le col du Lautaret (2 058 m) et le col du Galibier (2 645 m)

À Sciences et Avenir, elle explique : « Lorsqu’on les photographie, les marmottes sont en alerte.

Elles se dressent et nous surveillent.

Ce temps passé à nous guetter est aussi du temps en moins à s’alimenter.

En conséquence, elles maigrissent et finissent par être plus vulnérables, surtout à l’approche de l’hiver. »

Une étude menée en Suisserelayée par le site zoom-nature nous apprend par ailleurs qu’une marmotte effrayée par des promeneurs peut rester réfugiée une dizaine de minutes dans son terrier.

Un temps qui ne sera pas passé à s’alimenter.

Objectif de la marmotte : manger, manger, manger

Dans la réserve naturelle de la Vallée d’Eyne, au fil du temps, avant que le public ne soit sensibilisé à la question, des marmottes avaient pris l’habitude de s’approcher des randonneurs.

« La présence humaine était devenue normale », se rappelle Lily Dunyach, technicienne de la réserve naturelle. « 

Les marmottes avaient leur terrier juste à côté du sentier.

Les gens se sont mis à leur donner à manger, à les approcher.

Les marmottes grimpaient sur leurs pieds et leurs jambes. »

Or, une grande partie de la journée d’une marmotte est consacrée à la recherche de nourriture

« Elle passe son printemps, son été et un petit bout d’automne, à faire des réserves, à se remplir de graisse, pour pouvoir subvenir à sa perte d’activité hivernale », précise Sandra Bérénice Michel.

La marmotte doit emmagasiner suffisamment de réserves pour survivre aux six mois passés sous terre.

Elle doit ainsi ingurgiter jusqu’à 70 kilos.

Les saisons d’engraissement étant courtes, il ne faut pas déranger les marmottes.

Or, avec les randonneurs trop près, les bêtes sont curieuses, s’arrêtent.

Elles peuvent aussi prendre peur et aller se réfugier dans leur terrier.

Par ailleurs, les marmottes n’ont pas besoin de sucre, mais elles sont gourmandes.

Leur donner nos friandises est une très mauvaise idée

« Si les marmottes ne mangent pas une nourriture adaptée, elles ne résistent pas à l’hiver.

Elles ont besoin de manger des herbes différentes », affirme Monique Constant.

La principale cause de mortalité des marmottes est la faim : elles meurent quand elles n’ont plus assez de réserves pour survivre.

Selon une étude menée en 2011 dans les Hautes-Alpes par Christian Rias, consultant auprès du CNRS, « 67 % de la mortalité chez la marmotte est due au tourisme.

Sur ces 67%, 50% sont causés par le diabète. »

Ne pas nourrir les animaux sauvages

Les marmottes ne sont pas les seules bêtes sauvages concernées, alerte la photographe Sandra Bérénice 

  On ne nourrit pas les animaux sauvages, c’est le cas des oiseaux et des canards 

Leur estomac n’est pas fait pour  digérer cette alimentation-là.

Les répercussions peuvent être dramatiques. »

Le pain, par exemple, est à proscrire de l’alimentation des oiseaux, ajoute la réalisatrice.

« Sec, il crée des blocages internes de l’appareil digestif qui peuvent être fatals.

Mouillé, le pain gonfle dans l’estomac de l’animal lui procurant un sentiment de satiété, sans lui apporter les nutriments dont il a besoin ce qui entraîne d’importantes carences alimentaires.

L’oiseau ne va plus chercher d’autres sources de nourriture pourtant essentielles à sa santé.

En outre, le pain fait grossir les oiseaux, si bien qu’au bout d’un moment, ils arrivent moins bien à voler et ne peuvent plus échapper à leurs prédateurs. »

 

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