Le chat est un animal très observateur, de par ce fait il arrive souvent à imiter un congénère ou ses maîtres en les observant. En général les mâles sont plus enclins à imiter que les femelles.

La plupart des mammifères, dont nous faisons partie, apprennent par imitation.

C’est comme cela que nous développons notre langage, par exemple, ou que nous portons avec nous notre culture.

Ainsi, en imitant nos parents, nous mangeons avec une fourchette en Europe et avec des baguettes en Asie.

Le chat, animal considéré à tort comme indépendant et tourné sur lui-même, apprend-il lui aussi par imitation?

Eh bien oui !

Des études ont montré que les félins domestiques peuvent observer et reproduire les comportements, non seulement des autres chats, mais aussi des humains.

Cela remet largement en cause l’idée reçue selon laquelle nos boules de poils seraient solitaires et auto-suffisantes !

Dans quelles situations les chats apprennent-ils par imitation ?

Les chats peuvent observer puis imiter leurs congénères ou leurs propriétaires humains dans différentes situations.

On parle également de vicariance.

Pour le jeu et la chasse, par exemple.

Même si leurs capacités sont instinctives, les chatons affinent leurs techniques en regardant leur mère ou des congénères adultes, plus expérimentés.

Ainsi, ils améliorent leurs mouvements et leur approche des proies.

De même, dans leurs interactions sociales, ils apprennent des codes de communication et adoptent les comportements appropriés en observant leurs congénères entre eux ou à l’égard des humains.

C’est souvent comme ça qu’ils acquièrent le frottement contre les jambes pour saluer ou certains miaulements bien précis pour obtenir quelque chose.

D’ailleurs, les chats domestiques miaulent et communiquent davantage oralement que leurs cousins sauvages.

 L’apprentissage de la toilette par les chatons auprès de leur mère est également un exemple de vicariance qui assure la survie de l’animal.

En effet, un chat mal toiletté présente une odeur reconnaissable par un prédateur.

Un autre exemple assez amusant, est leur capacité à observer le copain chat quand ils ne parviennent pas à sauter quelque part ou à attraper quelque chose.

Cela montre à quel point ils sont capables d’apprendre des stratégies et de nouveaux comportements, lorsqu’ils ont un objectif précis.

Même les idées de « bêtises » peuvent être copiées.

Dans un foyer comportant plusieurs chats, il est courant que si l’un d’eux, particulièrement astucieux ou inventif dans la création de jeux n’amusant pas les humains, commet des « bêtises », les autres le suivent en imitant son comportement.

C’est ainsi que certains matous apprennent à décrocher du mur un objet de décoration possédant des plumes ou des breloques ou à escalader sur la cheminée en passant par un meuble proche, ou encore à grimper en haut d’une bibliothèque, d’une penderie !

Enfin, dans l’utilisation de la litière, les chatons apprennent la propreté en observant leur mère.

C’est d’ailleurs l’un des exemples le plus courant d’apprentissage par imitation.

Quelles sont les capacités impliquées dans le mimétisme ?

Le mimétisme nécessite de combiner plusieurs capacités comportementales et cognitives.

D’abord, le chat doit savoir faire preuve d’une attention sélective en se concentrant sur des actions précises et en filtrant toutes les distractions environnantes.

Il ne doit donc pas se disperser et savoir sélectionner ce qu’il observe.

Ensuite, il doit être capable de reproduire le mouvement, même après un certain laps de temps.

Il doit donc l’enregistrer et faire appel à sa mémoire.

Il doit aussi traduire ce qu’il a observé en actions physiques et produire des gestes identiques à ceux qu’il a vus.

Enfin, il doit savoir faire preuve de motivation.

En effet, ses résultats ne seront pas forcément tout de suite à la hauteur de ceux du congénère ou de l’humain imité.

S’il est récompensé immédiatement, par exemple, par l’obtention de l’objet à attraper ou l’atteinte de la zone sur laquelle il voulait sauter, sa motivation sera renforcée.

Le mimétisme est en fait un mécanisme sophistiqué qui cumule mémoire, attention, empathie et motivation pour aider le chat, non seulement à acquérir de nouvelles compétences, mais aussi à s’adapter à son environnement.

Il peut ainsi naviguer dans le monde qui l’entoure de manière stratégique.

Cette capacité à apprendre de manière vicariante montre qu’il est doté d’une intelligence sociale en plus de l’intelligence instinctive que nous lui connaissons.

Il sait faire preuve d’une compréhension fine des dynamiques sociales, ce qui inclut la communication, la coopération et la reconnaissance d’une certaine hiérarchie.

Quelles sont les preuves et les études qui démontrent l’apprentissage par imitation chez les chats ?

Dès 1968, les chercheurs se sont interrogés sur la capacité du chat à apprendre par imitation.

Le 29 mars de cette même année, une étude était publiée dans la revue Science, menée par E. Roy John, Phyllis Chesler.

Elle était intitulée « Observation learning in cats » (l’apprentissage par observation chez les chats).

Au travers de 2 expériences, les scientifiques ont stimulé deux groupes de chats : les premiers étaient entraînés par observation et les seconds, de manière conventionnelle. 

Les chats observateurs ont alors développé une réponse d’évitement, un saut d’obstacle à la suite d’un stimulus sonore, beaucoup plus rapidement que ceux du second groupe et ont commis moins d’erreurs.

Dans la seconde expérience, ils devaient, en réponse à un stimulus lumineux, appuyer sur un levier qui libérait de la nourriture.

Les chats observateurs ont commis, là encore, moins d’erreurs que les autres chats.

Cette étude démontrait donc que l’observation était plus efficace que l’apprentissage traditionnel.

Plus récemment, une étude est parue dans la revue Animal Cognition, le 18 septembre 2020.

Intitulée « Did we find a copycat ? Do as I Do in a domestic cat »

(Avons-nous trouvé un copieur ?

Fais comme je fais chez les chats domestiques), les recherches ont été menées par Claudia Fugazza, Andrea Sommese, Ákos Pogány & Ádám Miklósi.

Les scientifiques sont parvenus à démontrer qu’un chat domestique était capable d’apprendre à reproduire des actions qu’un humain lui avait montrées, sur la base du « Do as I Do » (fais comme je fais).

L’animal a d’abord été entraîné à reproduire des petites actions faciles sur la base de la commande « fais-le ! ».

Ensuite, deux actions différentes sur un objet étaient montrées à un même sujet dans des essais séparés.

Il s’est avéré qu’un chat de compagnie, lorsqu’il est bien socialisé, pouvait reproduire des actions montrées par un humain en recopiant deux actions différentes sur un même objet.

Contrairement à ce que l’on semblait croire jusque-là, les chats seraient donc bien dotés de capacités d’imitation, et non uniquement de capacités de facilitation ou accentuation (que l’on retrouve dans leurs réponses au renforcement positif, à l’expérience ou même lorsqu’ils reproduisent un geste, mais sans objectif précis).

Cela doit être confirmé et complété par des études ultérieures.

Quelles sont les limites à un tel apprentissage chez nos petits félins ?

La capacité d’apprentissage par imitation des chats est très dépendante de la capacité individuelle de chacun.

Certains sont beaucoup plus enclins que d’autres à y recourir.

Cela dépend de leur personnalité, de leur histoire, de leur intelligence et de leur niveau de curiosité.

On a remarqué, par exemple, que les mâles étaient plus aventureux et donc plus enclins à imiter que les femelles.

De même, les chats timides sont moins motivés que les sujets confiants et sociables.

En outre, la qualité de la relation entre le chat et le modèle observé, qu’il soit un humain ou un congénère, exerce une influence considérable sur les capacités d’apprentissage.

Un chat aura toujours plus de facilité à imiter un congénère du même sexe, dont il est naturellement plus proche, qu’un animal d’une autre espèce et d’un autre sexe.

Le chat est plus disposé à imiter un sujet avec lequel il a un lien fort, notamment s’il est proche ou familier.

En outre, dans un environnement auquel il est habitué plutôt que dans un contexte nouveau est plus favorable à ce type d’apprentissage.

Enfin, les capacités cognitives du chat peuvent se trouver confrontées à la complexité des tâches à reproduire ou au niveau d’éloignement du comportement observé par rapport à son répertoire de gestes.

Dans ce cas, il peinera à reproduire le mouvement.

En effet, comme on vient de le voir, la capacité d’apprentissage par imitation n’est pas seulement une question cognitive ou physique, mais aussi de motivation et de contexte social.

Un environnement favorable, une bonne relation avec le modèle, des tâches adaptées à ses compétences et à sa curiosité sont des facteurs de réussite de l’apprentissage par imitation chez les chats.

Les propriétaires doivent donc comprendre ces variations et encourager leur chat à explorer et imiter.

Dans ce cas, le chat est bel et bien capable d’apprendre par imitation.

Nous devons donc offrir à nos matous un cadre stimulant, motivant et bienveillant pour encourager cet apprentissage.

Ainsi, nous les aiderons à développer leurs compétences

 

Poster un commentaire