Auparavant très répandu en Europe occidentale, le hérisson commun (dit aussi « hérisson d’Europe ») subit un déclin important dans son aire de répartition.
À tel point que la liste rouge de l’UICN a réévalué son statut de conservation.
L’espèce, jusqu’alors classée « en préoccupation mineure », est désormais « quasi menacée »
Le hérisson d’Europe s’éloigne petit à petit de nos jardins.
Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), des déclins importants « ont été observés dans plus de la moitié des pays où cette espèce est présente ».
Ces constats inquiétants ont conduit à une réévaluation de son statut de conservation à l’échelle mondiale.
Jusqu’à présent classé en « préoccupation mineure », l’Erinaceus europaeus est désormais « quasi menacé » sur la liste rouge actualisée de l’UICN, publiée lundi 28 octobre 2024 à Cali (Colombie) lors de la COP16 biodiversité.
Un déclin dans de nombreuses régions
En Europe de l’Ouest, les données recueillies par les programmes scientifiques au cours des dix dernières années mettent en évidence « un déclin dans de nombreuses régions, en particulier dans les environnements ruraux ».
Cette diminution s’avère par ailleurs plus ou moins importante selon les différents territoires étudiés.
Une baisse de 16 % s’observe par exemple aux Pays-Bas, tandis que la Suède aurait perdu 33 % de ses effectifs.
Très répandu dans les paysages boisés et agricoles, ainsi que dans nos jardins, le hérisson d’Europe s’observe de plus en plus fréquemment en milieu urbain, faute à une dégradation du milieu rural, alerte l’UICN.
Outils de jardinage, pesticides, mauvais usage des tondeuses à gazon, mais aussi développement d’infrastructures et disparition des haies…«
Une cynergie de menaces pèse sur le hérisson, en particulier la destruction et la fragmentation de son habitat », souligne Victoire Kühn, chargée de mission « Opération hérisson » pour France Nature Environnement (FNE Doubs) à 30millionsdamis.fr.
Cette liste de perturbations contraint les hérissons à délocaliser leurs propres nids pour trouver refuge ailleurs.
« Les haies sont essentielles pour le hérisson, comme pour de nombreuses espèces », ajoute l’experte.
Les activités humaines néfastes à la survie de l’espèce
« L’intensification de l’agriculture et la croissance urbaine ont probablement conduit à la perte et à la dégradation des habitats de nidification et de recherche de nourriture pour cette espèce », complète l’UICN.
S’ajoute à cela les effets du changement climatique, réduisant la disponibilité des proies du hérisson, qui se nourrit principalement d’invertébrés et de charognes.
Toutefois, « c’est un animal opportuniste qui peut se tourner vers des sources d’alimentation en ville, commedes fruits mûrs au sol, faciles d’accès, précise V. Kühn à 30millionsdamis.fr.
En parallèle,beaucoup de passants sont tentés de les nourrir à l’aide de croquettes qui ne sont pas adaptées à son alimentation ».
Enfin, le hérisson reste une grande victime des collisions routières qui, selon le bilan 2023 de l’« Opération Hérisson » publié par la FNE, représentent 83 % des signalements en France.
Pour faciliter leur circulation, de plus en plus de passages pour la faune permettent aux petits mammifères de traverser les voies en toute sécurité.
Un avenir qui s’assombrit
Inscrit à l’annexe III de la Convention de Berne, le hérisson d’Europe figure parmi les mammifères intégralement protégés en France au titre de l’article L 412-1 du code de l’environnement.
Par conséquent, « il est donc interdit de détruire, capturer, mutiler, enlever des hérissons et les perturber dans leur milieu naturel », rappelle la LPO.
Malgré cette réglementation, l’avenir du hérisson commun se dégrade et les experts expriment d’ores et déjà leurs inquiétudes quant à la prochaine évaluation de l’UICN.
« Le hérisson] est très proche d’être “vulnérable” et il est probable qu’il entrera dans cette catégorie la prochaine fois que nous l’évaluerons », alerte Sophie Rasmussen, chercheuse à l’unité sur la conservation de la faune sauvage de l’université d’Oxford, à l’AFP.
« On ne le souhaite pas, réagit Victoire Kühn.
Cependant, s’il n’y a pas de prise de conscience de la part de l’ensemble des acteurs de la société, les populations de hérissons, comme de nombreuses espèces, vont décliner davantage ».
Il y a urgence à protéger ces petites boules piquantes !
Source : 30 Millions d’Amis