
À Mayotte, si la situation est désormais catastrophique pour les hommes, elle l’est aussi pour la faune.
Depuis le passage du cyclone Chido au sein de l’archipel en décembre, la riche biodiversité de l’île est en danger.
Se remettre de Chido est laborieux.
Le 14 décembre dernier, la dépression sévissait sur l’archipel de Mayotte avec des conséquences dévastatrices pour le territoire et la population.
Près de deux mois après le passage du cyclone, son impact est «considérable sur la faune et la flore», a alerté auprès de l’AFP Estelle Body, chargée de mission aménagement et diversité de l’Office national des forêts.
Comme les habitants de l’île, ravagée par le passage du cyclone Chido , les animaux ont tout perdu.
Eux qui vivaient dans les arbres et se nourrissaient de fruits et de feuilles se retrouvent aujourd’hui sans habitat et sans végétation, leur seule source de nourriture.
Emilien Dautrey, directeur de l’association de protection de la biodiversité Gepomay, a mis l’accent sur le fait que les lémuriens de l’archipel étaient «totalement désorientés».
«D’habitude ils viennent manger nos fruits, nous sommes obligés de les chasser, ils saccagent tout.
Mais là, ils nous font de la peine.
Et puis, ils ont un rôle important pour nous : ils peuvent aller manger un fruit à six kilomètres de notre exploitation et permettre aux graines de ce fruit de germer chez nous, grâce à leurs excréments», a expliqué à l’AFP Ali Ambody, éleveur à Ouangani, au centre de Grande-Terre, la plus grande des deux îles de l’archipel.
Mohamed Boinahery, qui élève des bovins à Combani, plus au nord, à l’habitude d’apercevoir les lémuriens «venir manger les feuilles d’ananas», à défaut d’autre chose.
A Chiconi, sur la côte ouest de Mayotte, Antoine Mohamadi, un autre agriculteur, leur a même cédé deux pieds de papaye, qui se sont effondrés pendant le cyclone.
«On en voit de moins en moins.
Quand ils ne meurent pas de faim, ils se font écraser par les voitures», a déploré l’agriculteur.
Car «des centaines d’animaux sont déjà morts sur les routes» confirme Emilien Dautrey.
COMPTER SUR LA NATURE SANS LEUR VENIR EN AIDE
Selon Estelle Body, chargée de mission aménagement et diversité de l’Office national des forêts, le cyclone a en effet eu «un impact considérable sur la faune et la flore».
«Il n’y a quasiment plus d’animaux dans les forêts, ils se cachent, on ne les voit quasiment pas».
Oiseaux, araignées et abeilles se font rares.
«Les nids ont disparu et les abeilles ne trouvent plus de sucre dans les fleurs», a regretté Estelle Body.
La nature est résiliente», a insisté Amélie Fauché, de la fédération Nature Mayotte Environnement.
«On voit déjà les arbres refaire des feuilles.
C’est touchant de voir à quel point la population s’inquiète.
Mais les makis peuvent aussi manger des feuilles, les associations préconisent d’ailleurs de ne pas trop leur venir en aide».
Car le risque est d’induire une dépendance vis-à-vis des humains chez des animaux sauvages qui peuvent, par ailleurs, transmettre des maladies.
L’enjeu est toutefois de rester attentif à la renaissance de leur habitat, encore un peu plus fragilisé ces derniers jours par des feux.