
En juin 2025, la Méditerranée a battu un nouveau record : 26,38 °C en moyenne.
Dans certains secteurs, l’eau a frôlé les 30 °C.
Des vagues de chaleur marine de plus en plus intenses et fréquentes, dont les conséquences se font déjà sentir, de la disparition d’espèces marines aux tempêtes…
Une mer tropicale en plein bassin méditerranéen
Fin juin 2025, la mer Méditerranée connaissait une vague de chaleur marine d’une intensité exceptionnelle.
Le 27 juin 2025, les capteurs d’ICATMAR se sont emballés : 26,38 °C de moyenne, un record absolu pour un mois de juin, c’est environ +5 °C au-dessus de la normale en juin 2025 dans certaines zones.
Autour des îles Kerkennah, en Tunisie, l’eau a même atteint 29,95 °C !
Ces températures n’étaient pas des anomalies isolées : depuis plusieurs semaines, de larges portions de mer au large de l’Espagne et du Maroc étaient classées en conditions sévères voire extrêmes.
Cette canicule marine n’est plus une exception puisque la mer Méditerranée enregistre en moyenne 4 vagues de chaleur marines par an en moyenne aujourd’hui, contre une seule dans les années 1980.
Le record absolu de température moyenne de surface de la mer Méditerranée (toutes zones confondues) date du 24 juillet 2023, avec une valeur médiane d’environ 28,71 °C.
Quand trop de chaleur devient un piège pour les espèces marines
Les canicules marines ne sont pas seulement des records abstraits.
Elles affectent considérablement la vie sous-marine :
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De nombreux invertébrés marins, qui sont incapables de s’échapper vers des eaux plus profondes et donc plus froides,
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herbiers de posidonie détruits,
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maladies dans les fermes de moules,
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coraux en chute libre 90 % de coraux méditerranéens disparus ces dernières années.,
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et la grande nacre (voir photo ) au bord de l’extinction.
· Dans le passé, nous avons vu des champs de posidonie brunis et des élevages ruinés.
Il est probable que nous assistions de nouveau à ce type de catastrophes »,
avertit la biologiste Kathryn Smith.Certains organismes calcificateurs (moules, coquillages et coraux) protègent leur coquille ou leur squelette de l’action corrosive de l’eau de mer.
Cela leur confère une extraordinaire capacité à résister à l’acidification croissante de l’eau de mer, liée aux rejets de gaz carbonique (CO2) dans l’atmosphère qui sont en partie absorbés par les mers et océans.
Malgré tout, celle-ci est amoindrie quand ces organismes sont exposés à une température élevée (supérieure à 28,5°C) durant une longue période, comme le montrait une étude dirigée par R. Rodolfo-Metalpa et publiée dans la revue Nature Climate Change en 2011.
Ces résultats laissent déjà à penser que le réchauffement prévu de la mer Méditerranée, couplé à l’acidification de ses eaux, va accroître la fréquence des épisodes de mortalité de ces organismes
Enfin, quand l’eau est trop chaude, les poissons plongent en profondeur à la recherche de fraîcheur, mais les oiseaux marins alors privés de leurs proies, meurent de faim par milliers.
En outre, cela affecte les pêcheries.
L’eau chaude contient aussi moins d’oxygène : en Toscane, en 2024, cela a provoqué une hécatombe de poissons.
· Des tempêtes plus violentes et meurtrières
· Les conséquences ne se limitent pas à la vie marine.
En effet, la Méditerranée agit comme un carburant pour les tempêtes.
Par exemple, la tempête Daniel (2023, Libye) a tué près de 6 000 personnes !
Or ce type d’évènement est 50 % plus intense et 50 fois plus probable avec le réchauffement climatique en cours.
Autre exemple : en 2024, les inondations à Valence ont fait plus de 200 victimes, en partie à cause des anomalies thermiques en Méditerranée et dans l’Atlantique Nord.
Le réchauffement climatique en cause
·Les chercheurs sont unanimes : le changement climatique induit par les activités humaines est la cause principale du réchauffement de la la mer Méditerranée.
« Les canicules marines sont aujourd’hui dix fois plus intenses et trois fois plus longues qu’avant l’ère industrielle », souligne le Dr Alistair Hobday, du CSIRO.
C’est pourquoi, la communauté scientifique ne laisse aucune ambiguïté : pour freiner ces canicules, il faudrait atteindre la neutralité carbone.
« Seule l’atteinte du zéro carbone peut stopper cette tendance », insiste Alex Sen Gupta, de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud.
« Mais nous en sommes encore très loin. »
· Les projections sont claires : si les émissions continuent, certaines zones de la Méditerranée pourraient connaître des canicules marines quasi permanentes d’ici 2100.
·La mer qui a façonné tant de civilisations est en train de basculer dans une nouvelle ère thermique.
Une alerte, mais aussi un rappel : la crise climatique n’est pas un scénario futur, elle est déjà là dans nos mers, nos rivages et nos vies.