La déforestation rapide de l’Amazonie brésilienne pourrait entraîner la prochaine pandémie
Les scientifiques avertissent que la prochaine pandémie émergente pourrait provenir de l’Amazonie brésilienne si les politiques du président Jair Bolsonaro continuaient de faire grimper les taux de déforestation en Amazonie.
L’association Canopée s’est faite l’écho, le 18 avril dernier, d’un article initialement publié sur le site d’information Mongabay.
En 2019, la déforestation en Amazonie brésilienne a atteint son plus haut niveau en dix ans.
Les taux de déforestation en Amazonie continuent d’augmenter en 2020, doublant d’août 2019 à mars 2020, par rapport à la même période en 2018-19.
Or, comme le racontait Reporterre, de nouvelles maladies surviennent généralement à la jonction entre la forêt et l’agro industrie, l’exploitation minière et d’autres développements humains.
Plusieurs travaux de recherche corroborent cette hypothèse.
Les feux de forêt peuvent favoriser le déclenchement de maladies
À la mi-août 2019, un groupe d’experts internationaux sur les zoonoses (c’est-à-dire les maladies transmises des animaux aux humains), s’est réuni en Colombie pour analyser l’impact des incendies de forêt alors en cours en Amazonie.
Dans leur communiqué, ils ont mis en garde :
« La région amazonienne du Brésil, endémique à de nombreuses maladies transmissibles ou zoonotiques, peut, après un incendie de forêt, déclencher une sélection pour la survie et, avec elle, changer l’habitat et les comportements de certaines espèces animales ».
Il peut s’agir de réservoirs de bactéries zoonotiques, de virus et de parasites. »
En 1988, d’énormes incendies en Indonésie ont créé des conditions permettant l’émergence du virus Nipah, qui a un taux de morbidité compris entre 40 % et 70 %.
Les chercheurs pensent que le déclenchement des incendies a poussé les chauves-souris frugivores à fuir leurs maisons forestières, à la recherche de nourriture dans les vergers.
Ensuite, les porcs ont mangé le fruit que les chauves-souris avaient grignoté, s’infectant avec le virus, infectant finalement les populations locales, qui ont commencé à mourir d’hémorragies cérébrales.
Des liens entre maladie et catastrophe environnementale déjà établis au Brésil
Selon le biologiste Márcia Chame, l’éclatement du barrage de résidus des mines de fer de Mariana dans l’État du Minas Gerais en 2015 aurait participé à une forte augmentation des cas de fièvre jaune au Minas Gerais en 2016-2017.
Il fait valoir que l’éclatement du barrage et la coulée de boues toxiques ont gravement affecté les animaux dans le bassin versant environnant, les rendant moins résistants aux maladies.
M. Chame dit que de nombreux singes du bassin versant de Doce sont tombés malades de la fièvre jaune.
Ces singes ont ensuite été piqués par des moustiques, qui à leur tour ont piqué les humains, entraînant la maladie dans les villes de la région.
Le paludisme favorisé par la déforestation
La perturbation intense des forêts est déjà connue pour contribuer à l’expansion de maladies connues comme le paludisme : le moustique se porte très bien dans les parcelles de forêt récemment défrichées, en bordure de la forêt restante (où il y a plus d’eau stagnante pour la reproduction, des températures plus élevées…)
Deux chercheurs ont ainsi déterminé que la déforestation dans l’ensemble du bassin amazonien avait contribué à une augmentation significative du paludisme.
Malgré tout, au milieu de la crise du Covid-19, le Congrès brésilien est prêt à voter une mesure facilitant la déforestation.