De nombreuses pistes étudiées.

Rituels sataniques, défis sur les réseaux sociaux, trafics internationaux…

De nombreuses explications pourraient faire le jour sur la série de mutilations.

Du Finistère au Jura en passant par la Loire et le Vaucluse.

Depuis le début de l’année, et surtout depuis le mois d’août, la France entière vit sous la menace de “mutilateurs” de chevaux qui semblent capables de frapper n’importe où sans jamais être repérés.

Oreilles coupées, parties génitales tranchées, yeux crevés…

Une vingtaine d’affaires de violences sur des animaux font actuellement l’objet d’enquêtes de la part de la gendarmerie nationale, et chaque nouveau cas fascine et intrigue un peu plus.

Au-delà de la pure haine des équidés, les enquêteurs tentent de trouver des points communs à ces différentes agressions, dont le ou les auteurs, s’ils étaient interpellés, encourraient un maximum de deux ans de prison et 30.000 euros ( pas suffisant, évidemment) d’amende pour “sévices graves ou actes de cruauté commis sur un animal”.

C’est l’office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) qui fait le lien entre les différentes enquêtes ouvertes localement dans les départements frappés.

Après plus d’un mois de recrudescence de ces mutilations, on fait le point sur les différentes pistes à l’étude.

Un défi morbide

C’est le premier élément qui saute aux yeux des enquêteurs mobilisés sur dossier des mutilations de chevaux (et de quelques autres animaux):

les agresseurs frappent en divers endroits du territoire et de manière différente en fonction des affaires.

Logiquement, la piste d’assaillants qui agiraient par mimétisme est donc à l’étude, comme l’a confirmé à l’Agence France presse le colonel Hubert Percie du Sert, coordinateur de la sous-direction de la police judiciaire de la gendarmerie, qui évoquait “la pluralité des auteurs et des modes opératoires”.

Il serait notamment possible que ces actes de cruauté soient le fruit de l’action d’un groupe disséminé en France et relié par exemple par une messagerie Whatsapp, Facebook ou Telegram.

L’idée d’un “gang” qui se lancerait le défi morbide de mutiler sans se faire attraper a ainsi fait son chemin.

Cette théorie expliquerait que des animaux comme des veaux ou un alpaga aient parfois été frappés, et que le modus operandi ne soit pas toujours le même, entre lacérations aux pattes, ablations d’un œil ou d’une oreille, et bêtes éventrées.

Cela expliquerait aussi la capacité à agir en plusieurs lieux très éloignés les uns des autres dans un temps restreint, l’apparente connaissance des lieux visés (puisqu’il s’agirait d’agresseurs résidant à proximité de leurs victimes) et la recrudescence des dernières semaines, motivée par l’engouement médiatique et populaire autour de l’affaire.

Parallèlement, la possibilité que les auteurs des mutilations agissent de manière à mobiliser les forces de l’ordre pour détourner leur attention a aussi été évoquée. Cela pourrait par exemple permettre à une organisation criminelle de mener des cambriolages pendant ce temps.

Une piste relativement proche a encore été suggérée au quotidien suisse Le Temps par un propriétaire de chevaux de course.

Selon lui, l’épidémie de coronavirus pourrait être responsable, indirectement.

En effet, au moment de l’annonce du confinement et des mesures sanitaires, les hippodromes et champs de course ont dû garder portes closes.

Dans un pays comme la France, où les paris hippiques sont si importants et où le milieu fait vivre des milliers d’éleveurs et de propriétaire, il se pourrait que l’interruption ait été mal vécue et qu’elle ait conduit certains à la ruine.

“Une perte d’emploi ou un différend sur fond de pandémie”, écrit le journal, pourrait ainsi avoir provoqué l’acte d’un déséquilibré.

Mais du fait des lieux visés (jamais des haras professionnels depuis le début de l’été), cette piste n’est pas prioritaire.

Un trafic international

C’est une piste qui est forcément suivie par les enquêteurs du fait de la précision chirurgicale de certaines attaques.

Si plusieurs d’entre elles ont semble-t-il été un échec, la plupart ont pu se dérouler sans que les éleveurs ne remarquent rien, ni que les chevaux ne s’alarment au point de se faire entendre des gens alentour.

Selon Équidia, des tord-nez, connus des professionnels pour immobiliser les chevaux, auraient même été utilisés dans plusieurs cas.

Résultat: l’enquête se penche sur la possibilité que les auteurs connaissent très bien les animaux, ce qui est accrédité par l’efficacité avec laquelle des organes ont pu être prélevés dans certaines affaires.

Du travail digne de chirurgiens et surtout de vétérinaires parfois.

Cela pourrait signifier qu’un groupe organisé agit derrière les nombreuses mutilations des dernières semaines.

Pour fournir des organes ou des tissus à un réseau mafieux?

Pour tenter de déceler des maladies au sein du cheptel français?

Pour produire du sérum anti-lymphocytaire, qui sert à éviter les rejets de greffe chez l’homme et qui est produit à partir de sang de cheval?

Derrière cette succession de faits divers en France, on pourrait en réalité retrouver des vétérinaires véreux au service d’un trafic international quel qu’il soit

Un rituel ésotérique

Ce n’était au départ qu’une rumeur, mais le 27 août dernier, auprès du Parisien, les autorités ont confirmé qu’elles suivaient cette piste: et si les mutilations étaient l’œuvre d’une secte?

Pour l’heure, les enquêteurs ne disposent pas d’élément tangible qui irait “formellement” dans cette direction, mais “certains faits rappellent des pratiques liées à des rituels sectaires et notamment dits sataniques”, précise le ministère de l’Intérieur au quotidien francilien.

C’est la raison pour laquelle la Mivilud, l’agence gouvernementale de lutte contre les dérives sectaires, va apporter son concours à l’enquête.

“Les groupuscules satanistes en France n’ont pas fait parler d’eux depuis plusieurs années et semblent attirer moins de jeunes recrues”, nuance toutefois la place Beauvau.

Mais la piste demeure à l’étude.

Des journalistes de Libération,a tenté de recenser tous les cas avérés de mutilations, retrouvent ainsi la trace d’une première attaque dès 2014, dans laquelle les enquêteurs évoquent d’emblée la piste d’un rituel du genre.

La concordance du calendrier avec une fête, la Saint Winebald, lors de laquelle certains passionnés de l’occulte peuvent sacrifier des animaux, ainsi que les sévices subis par un poney dans le Forez interpellaient effectivement.

Toujours chez Libé, une autre éleveuse, dans l’Aisne cette fois, confirme avoir reçu, après qu’une de ses pouliches a été éventrée, des courriers évoquant “la fin du monde et des sacrifices nécessaires”.

Dans les colonnes du quotidien, un dernier éleveur parvenu à mettre en fuite deux assaillants, est lui convaincu du caractère ésotérique des agressions.

”À chaque fois, ils repartent avec des trophées”, affirme-t-il à nos confrères.

Peut-être au final que la solution se trouve quelque part au milieu de toutes ces pistes, et que l’ampleur prise par l’affaire fasse qu’on y confonde désormais des faits aux causes variées.

Les enquêteurs sont en tout cas plus que jamais mobilisés sur cette affaire et le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a promis que la lumière serait faite.

D’ici là, les pistes de recherche pourraient continuer de se multiplier pour les forces de l’ordre.

Espérons que dans un peu de temps que les auteurs de ces crimes ignobles soient confondus et arrêtés .

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