Plus essentiel que certains commerces ? Bienvenue dans l’absurdité

Alors que les petits commerçants s’efforcent vainement d’obtenir des dérogations pour pouvoir continuer à exercer leur métier les chasseurs ont obtenus gain de cause sans difficulté.

Un comble !

Alors qu’une majorité de Français est à nouveau confinée et privée d’activité professionnelle ou de loisir…

les chasseurs, eux, pourront bénéficier de dérogations, sous le contrôle des préfets de département, pour organiser « des actions de régulation de la faune sauvage susceptible d’occasionner des dégâts aux cultures et aux forêts, et dont la population doit être régulée.

C’est notamment le cas des populations de sangliers et de chevreuil » a annoncé Bérangère Abba, secrétaire d’Etat en charge de la biodiversité, dans un communiqué (01/11/2020).

De la « détente cynégétique » à « l’intérêt général » : un changement de vocabulaire pour justifier… l’injustifiable

Après avoir rappelé que les déplacements et activités non essentiels pouvaient être admis sur demande de l’autorité administrative « pour des raisons d’intérêt général », la secrétaire d’Etat précise que « c’est dans ce cadre » que des actions de chasse pourront être autorisées.

Autrement dit, selon le gouvernement, les chasseurs poursuivent une mission d’intérêt public !

Plus précisément, les actions de chasse ainsi autorisées répondent au besoin « d’éviter un accroissement des dégâts faits aux cultures, aux forêts et aux biens par une prolifération des populations de grand gibier comme les sangliers ou les chevreuils ».

Un raisonnement soutenu par le Président de la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC), Willy Schraen :

« Normalement, rien que pour les sangliers, on doit en tuer 500 000 avant la fin de l’année.

Vous imaginez si on ne va pas à la chasse !

Ca fait 500 000 sangliers en plus sur le territoire ».

Un revirement dans l’argumentaire du président des chasseurs qui plus tôt – et à propos d’une possible dérogation dans la limite de l’heure et du kilomètre réglementaires – revendiquait « la possibilité de prendre cette heure de détente cynégétique, dans le cadre légal de la chasse en vigueur ».

Mais l’excuse maintes fois resservie de la « régulation » pour éviter de potentiels « dégâts » devient de plus en plus difficilement tenable alors que des dizaines de milliers de sangliers sont élevés et relâchés pour être tirés.

Au total, « sur 45 millions d’animaux sauvages tués par les chasseurs, 21 millions sont élevés et relâchés pour la chasse, soit une proportion de plus de 46%, déplorait sur 30millionsdamis.fr Benoît Thomé, Président de l’association Animal Cross, à l’occasion de la sortie d’un rapport dénonçant les exactions de la chasse.

Ne sachant ni trouver à manger, ni se protéger seuls dans la nature, ces animaux inadaptés à la vie sauvage sont tués ou meurent dans les quelques jours qui suivent leur relâcher ».

A ces élevages, s’ajoute l’agrainage, cette technique utilisée par les chasseurs pour nourrir les sangliers et en multiplier les effectifs, de façon à entretenir un stock d’animaux à tuer !

D’ailleurs, lors de l’instauration du couvre-feu le 17 octobre 2020, le ministère de l’Intérieur, contacté par 30millionsdamis.fr, confirmait que « la chasse (n’était) pas une mission d’intérêt général dérogatoire au couvre-feu ».

Une fois de plus, ce gouvernement cèderait-il face au puissant lobby de la chasse ?

Des dérogations susceptibles de concerner de nombreuses autres espèces ?

En pratique, les Commissions départementales de la chasse et de la faune sauvage seront convoquées par les préfets pour échanger « sur les enjeux de régulation du gibier chassable et des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts ou présentant des risques sanitaires pendant la période de confinement .

Une fois ces consultations réalisées, les préfets saisiront les présidents des Fédérations Départementales de Chasse pour fixer, dans chaque département, les objectifs de prélèvements devant être réalisés.

« Des autorisations de destruction d’espèces susceptibles de causer des dégâts pourront être délivrées », ajoute la secrétaire d’Etat.

De sorte que selon Willy Schraen, les dérogations pourraient concerner jusqu’à « six ou sept espèces susceptibles de poser des problèmes ».

Les concertations locales pourraient aboutir, selon lui, à autoriser, dans certains départements, non pas seulement les tirs de sangliers et chevreuils, mais également la chasse d’autres cervidés, de lapins, lièvres, faisans et pigeons.

La Fondation 30 Millions d’Amis demande – sans grande illusion aux préfets de département de ne pas délivrer les autorisations sollicitées

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