ENQUÊTE
L’origine de l’apparition du nouveau coronavirus n’est toujours pas connue avec certitudes.
Outre les hypothèses d’un passage par le pangolin et la création du virus en laboratoire, celle de la contamination par des visons est envisagée.
Le 9 janvier 2020, un homme de 61 ans faisant régulièrement ses courses dans un marché de Wuhan, métropole de 11 millions d’habitants au centre de la Chine, succomba au coronavirus.
Depuis, plus d’1,9 million d’humains sont décédés du fait de ce virus à la surface du globe.
Pour autant, les interrogations autour de cette nouvelle maladie restent toujours aussi nombreuses,
Pékin entretenant le flou sur les échantillons prélevés à Wuhan.
L’origine et la provenance réelle du Covid-19 n’ont toujours pas été élucidées.
Il est clair que l’épidémie s’est manifestée pour la première fois fin 2019 sur le vaste marché Huanan de Wuhan, où étaient vendus des animaux sauvages vivants.
Pour autant, son berceau ne s’y situe pas forcément, un long délai étant nécessaire avant qu’un virus puisse muter au point de devenir hautement contagieux.
« Il n’est absolument pas plausible » que le virus ait pris naissance au marché de Wuhan, martèle l’épidémiologiste Daniel Lucey, de l’Université Georgetown à Washington.
« Il est apparu naturellement plusieurs mois auparavant, peut-être un an avant peut-être même encore plus tôt ».
Le vison, le chaînon manquant ?
Dernièrement, la communauté scientifique se penche sur une nouvelle hypothèse : le rôle des visons.
Le point de départ de ce raisonnement se situe dans le fait que ce virus, qui infecte des animaux nocturnes, ne peut pas être attrapé directement par l’homme.
Il est donc nécessaire d’avoir un ou plusieurs « hôtes » intermédiaires.
Il s’agirait d’un animal dans l’organisme duquel la maladie aurait suffisamment muté pour devenir transmissible à l’homme.
Si rien ne prouve qu’il s’agit du pangolin, largement pointé du doigt, plusieurs éléments conduisent à incriminer les visons d’Amérique.
Ces petits mustélidés élevés pour leur fourrure attrapent et transmettent le coronavirus aux humains.
Ce constat a déjà été vérifié à plusieurs reprises et notamment au Danemark.
« Ce qui est intrigant c’est à quel point la maladie semble passer de l’homme au vison et réciproquement, comme si le chemin était déjà tracé », souligne au Parisien Alexandre Hassanin, zoologue au Muséum national d’histoire naturelle.
La Chine et l’Italie, gros producteurs de fourrure…
Par ailleurs, la Chine est le premier producteur de fourrure au monde.
La province de Shandong abriterait à elle seule 15 millions de têtes dans des élevages intensifs.
Dans le pays, ces petits carnivores vivent dans des cages minuscules entassées dans de minuscules espaces.
Ces regroupements constituent « un bouillon de culture permanent » selon Jean-Luc Angot, président de l’Académie vétérinaire de France, favorisant ainsi une mutation de »manière à franchir la barrière des espèces ».
D’autre part, la Lombardie où a émergé la maladie en Europe abrite la moitié des élevages de visons du pays.
Tout début 2020, l’Italie a d’ailleurs recensé ses premiers morts à proximité de deux d’entre eux, celui de Crema et celui de Capralba.
Pour autant, en attente de données plus complètes, l’implication des visons ne demeure qu’une hypothèse parmi d’autres.
Malgré le manque de clarté et de certitudes, la découverte de l’origine du virus semble cruciale pour prévenir la réapparition d’une épidémie dans le futur.
Cela aurait pour avantage de permettre d’orienter les mesures de prévention vers certaines espèces animales précises.
« Si nous parvenons à comprendre pourquoi (les épidémies) apparaissent, nous pourrions combattre leurs vecteurs », avance ainsi au Parisien Peter Daszak, président d’EcoHealth Alliance, une association spécialisée dans la prévention des maladies.
En la matière, la Chine ne se montre pour l’instant pas très coopérative…