Refuge Erminea à Chavornay
L’hôpital romand des animaux sauvages est au bord de la faillite
À cause du Covid, Erminea manque d’argent.
Le refuge basé à Chavornay peut tout juste tenir encore un mois, ce qui menace la vie de centaines d’animaux sauvages.
La fondatrice des lieux se confie à Blick.
La situation est intenable. À Chavornay (VD), dans les murs du refuge Erminea, la fondatrice des lieux Laélia Maumary ( voir photo) se ronge les sangs.
Son hôpital de la faune, une structure unique en Suisse romande, est menacé de faillite.
Comment est-ce possible, alors que le centre cartonne et accueille chaque année des centaines d’animaux blessés de plus que l’année précédente?
«Plus nous avons de pensionnaires, plus cela nous coûte, explique la jeune femme à Blick.
Et comme nous œuvrons gratuitement, nous dépendons essentiellement des dons privés qui nous sont adressés.»
C’est là que le bât blesse.
«Il y a clairement un effet Covid sur nos finances, assure Laélia Maumary.
En temps normal, nous recevions 100’000 francs de dons par an.
Cette année, nous devrions tout juste atteindre les 50’000 francs.»
Et ce n’est pas tout.
Le centre grille actuellement ses dernières cartouches à cause d’un pic monstrueux d’animaux blessés.
«Nous en avons près de 200 chez nous, dont une grande majorité de jeunes hérissons bourrés de parasites.
Au rythme actuel, nous dépensons 30’000 francs par mois alors que nous disposons d’un budget annuel de fonctionnement de 200’000 francs.
Nous avons épuisé toutes nos réserves, ce n’est pas viable.»
Continuer ou… sacrifier
Hérissons, renards, passereaux, chouettes, chauves-souris, mouettes, loirs, corneilles et même lynx. Erminea soigne de tout, tous les jours.
Et ses interventions sont variées.
Elles vont de la simple observation à la complexe amputation. Ici, l’argent n’est pas un facteur décisionnel quand la vie d’un animal est en jeu.
«L’équipe fait son maximum et on essaie de refuser le plus rarement possible une prise en charge, même quand nous sommes archi-complets, insiste la patronne.
Parce qu’on sait que ces bêtes ne seront pas recueillies ailleurs, c’est la réalité.
Mais aujourd’hui, on ne peut plus continuer ainsi.
On a besoin d’aide et de dons.»
La fondatrice a fait ses comptes: il lui reste 35’000 francs.
Très concrètement, si de l’argent n’est pas rapidement débloqué, le petit hôpital du Nord vaudois mettra la clé sous la porte début novembre.
«Je ne peux pas m’y résoudre, soupire Laélia Maumary.
Nous allons très probablement passer la barre des 3000 animaux recueillis fin 2021 contre 600 en 2018, l’année de notre ouverture.
Environ 50% sont sauvés par nos soins. Je ne peux pas imaginer arrêter ou être forcée de réduire la voilure, cela reviendrait à condamner des animaux.»
Dans un premier temps, le centre de soins de la faune qui fonctionne sous la forme d’une association va proposer à ses 1300 membres de payer un peu plus que les 50 francs de cotisation annuelle.
«Si vraiment on ne s’en sort pas, je vais voir pour emprunter, murmure Laélia Maumary.
Je vais aussi discuter avec les fondations qui nous ont soutenus pour des projets ponctuels.
On ne désespère pas.
Et qui sait? Un mécène va peut-être se manifester.»
Laélia Maumary va aussi s’adresser aux autorités.
«Aujourd’hui, on touche très peu d’argent public, regrette-t-elle.
La Direction générale de l’environnement nous a donné 5000 francs et la commune de Chavornay 500 francs.
Pourtant, nous menons une mission d’utilité publique.»
Ailleurs dans le canton, les associations de protection des animaux contactées par Blick assurent ne pas avoir vécu la même problématique qu’Erminea ces derniers mois.
«Les gens sont restés très généreux malgré le Covid et nous n’avons pas ressenti une énorme diminution des dons, se réjouit Stéphane Crausaz, responsable de la communication de la Société vaudoise pour la protection des animaux.
Mais, contrairement à Erminea, qui est relativement jeune et en pleine croissance, nous existons depuis longtemps et nous avons des réserves.»