Ils n’ont pas de cerveau, ni de système nerveux et pourtant les arbres communiquent.
Comment expliquer cette intelligence du monde végétal ?
La question était au coeur de la séquence « Les Curieux du matin » de Sophie Brems sur La Première.
Les arbres et les plantes sont capables de percevoir le niveau des signaux de leur environnement.
Ils perçoivent d’où vient la lumière, où se trouve l’eau et les ressources que les entourent.
Ils répondent à ces signaux et adaptent leur comportement.
« Cette réponse est une preuve d’intelligence, sur la base d’un signal que l’arbre perçoit, il va changer sa croissance, explique Pierre Meerts, professeur de botanique à l’ULB.
L’arbre va diriger ses feuilles vers la lumière et éviter l’ombre, conduire ses racines vers l’eau et les nutriments…
Il possède une capacité de se réorganiser en fonction d’un signal extérieur. »
Les arbres murmurent
Les plantes et les arbres émettent aussi des signaux chimiques.
Grâce à des molécules, ils peuvent communiquer entre eux.
C’est une sorte de langage chimique élaboré et intelligent.
Les végétaux échangent une foule d’informations à longueur de journée.
Cette communication se fait par le canal des airs via les feuilles, soit par le canal du sol via les racines.
Pierre Meerts poursuit : « On sait depuis longtemps que les racines sont associées à des champignons qui favorisent leur croissance.
Mais ce que l’on sait depuis peu de temps, c’est que les racines établissent entre elles une sorte de dialogue par l’intermédiaire de ces champignons.
Les racines émettent des signaux chimiques qui vont être diffusés via ces champignons et parvenir à un autre arbre.
Les études récentes démontrent que les communications entre arbres empruntent le réseau du mycélium des champignons. »
Les arbres peuvent ainsi prévenir de l’existence de pathogène de l’environnement ou de prédateur.
Un arbre attaqué par une chenille va changer sa composition chimique et ce signal va se diffuser au travers le réseau des champignons et des racines.
De quoi permettre à ses voisins de se prémunir contre ces herbivores.
Des découvertes majeures et étonnantes dans les années qui viennent
Les recherches se sont essentiellement concentrées sur la biologie animale et la biologie humaine, le monde végétal est resté le parent pauvre des sciences.
Il y a un retard de connaissances qu’il faut combler.
« Un travail récent estime que les plantes pourraient être sensibles aux ondes sonores.
Cette étude montre que le bruit que fait l’eau en s’écoulant dans le sol pourrait être perçu par les racines de certaines plantes qui peuvent alors diriger la croissance de leurs racines en direction de ce signal sonore et leur permettre de rejoindre l’eau plus rapidement. »
« Nous avons pris l’habitude de croire que, pour être intelligent, il faut un cerveau, sourit Pierre Meerts.
C’est faux les plantes peuvent transmettre des signaux par d’autres moyens qu’un système nerveux.
Elles sont tout à fait capables d’avoir un comportement adapté aux circonstances.
Je pense que l’on doit s’attendre à des découvertes majeures et étonnantes dans les années qui viennent. »