Sommeil et rêve chez les animaux
Tous les animaux dorment et beaucoup, comme l’homme, rêvent.
Certains oiseaux sommeillent en volant tandis que les poissons rouges se reposent sans se noyer.
Le sommeil représente un moment précieux durant lequel l’animal refait le plein d’énergie.
Mais, au-delà d’une simple nécessité physiologique, dormir et se reposer constituent aussi des stratégies de survie.
Le réflexe qui pousse un nourrisson à serrer le poing dès qu’il sent quelque chose lui caresser la paume de la main n’est qu’un souvenir de l’époque où notre espèce, luttait elle aussi, pour sa survie.
Quand les animaux rêvent
Pour être sûr d’avoir à faire à un véritable dormeur, il faut que l’absence de mouvements s’accompagne au moins de la posture de sommeil inhérente à l’espèce.
En effet, chaque espèce possède une position spécifique :
Le chien se met en boule
La guêpe garde la tête baissée, antennes enserrées entre les pattes antérieures
La chauve-souris se pend à l’envers
L’Ara se tait quand il dort et adopte une position typique des oiseaux, tête et bec enfouis sous une aile
Les chevaux sauvages dorment généralement debout, les uns serrés contre les autres
Le flamant rose replie l’une de ses pattes pour dormir
La seule preuve que l’animal dort vraiment est en fait invisible.
Il s’agit d’une onde électrique.
Lorsqu’un animal s’endort, les ondes électriques émises par son cerveau se ralentissent et prennent de l’amplitude.
De plus, les mammifères et plus faiblement les oiseaux, présentent durant leur sommeil une phase appelée « sommeil paradoxal ».
Cette phase est liée aux rêves.
Chez l’homme, ce sommeil paradoxal est également associé, dans 90% des cas, aux rêves.
Bien sûr, aucun animal ne peut raconter ses rêves.
Il a donc fallu inventer un protocole expérimental.
Dans les années 1950, Michel Jouvet imagina une procédure originale.
Il localisa chez le chat les neurones qui font que, pendant ce sommeil paradoxal, les muscles restent immobiles.
Ces neurones neutralisés, le chat pouvait donc manifester ses éventuels rêves.
Le chat, comme d’autres mammifères, connaît durant son sommeil une phase appelée « sommeil paradoxal ».
De fait, les yeux fermés, le chat en sommeil paradoxal, se met à courir comme s’il poursuivait une souris et à hérisser son poil comme si un danger approchait.
Tout porte à penser que les rêves animaliers reflètent les préoccupations de chaque espèce.
A quoi peut bien rêver un tigre ?
A des proies succulentes sans doute.
Ce sont les primates qui bénéficient d’un sommeil identique à celui de l’homme avec un sommeil paradoxal qui intervient toutes les 90 minutes.
Ni les insectes, ni les animaux à sang froid ne présentent de sommeil paradoxal.
En revanche, le sommeil des oiseaux abrite des périodes de sommeil paradoxal embryonnaire.
Le sommeil des oiseaux se rapproche de celui des mammifères.
Une stratégie de vie et de survie
Le sommeil constitue d’abord un moyen de s’économiser et de conserver les calories indispensables.
On connaît bien le crocodile qui se repose, gueule ouverte, pour emmagasiner de la chaleur.
Le crocodile emmagasine de la chaleur en ouvrant sa gueule.
Mais, le sommeil est également une stratégie pour éviter les prédateurs.
Les proies s’activent quand leurs prédateurs dorment et lorsque les ennemis s’agitent, elles se dissimulent dans un abri.
Dans la nature, la trêve du sommeil est fragile.
Il faut toujours faire face à la dure loi de la jungle.
Deux stratégies s’imposent et s’opposent :
Soit s’économiser en dormant beaucoup
Soit s’activer, manger et donc chasser ce qui revient à dormir peu
Carnassiers et herbivores ne sont pas égaux face à ce choix.
Les herbivores doivent ingurgiter une très grande quantité de végétaux car leur alimentation est peu énergétique.
Aussi, de manière générale, les herbivores dorment-ils moins que les carnassiers qui, eux, s’octroient de longues siestes digestives.
Les herbivores, proies par excellence, dorment d’un sommeil inquiet, léger et par courtes périodes.
Le paresseux est le champion du sommeil puisqu’il dort une vingtaine d’heures par jour.
Pendu à sa branche, tête en bas, son plus grand effort consiste à descendre de son arbre une fois par semaine pour déféquer au sol.
Le koala dont la nourriture est peu énergétique passe également une grande partie de son temps à dormir ou somnoler dans les arbres.
A l’inverse le manchot royal et le manchot empereur sont de petits dormeurs.
Droits comme des « i », ils ne sommeillent que quelques minutes par jour.
Le sommeil constitue un danger
Le sommeil constitue un danger pour l’animal et surtout sa progéniture.
De ce fait, chaque espèce, en fonction des dangers qui la menacent, a développé une position idéale pour se reposer.
Le babouin dort assis sur une branche en position instable.
Le moindre balancement de la branche le réveille.
La girafe dort peu et surtout debout.
La position couchée pourrait lui être fatale étant donné sa taille.
Les rares fois où l’on voit des girafes couchées, elles se mettent dos à dos pour s’avertir mutuellement du danger mais alors elles ne dorment pas.
Les bébés girafes peuvent dormir couchés mais cette position est très dangereuse.
Par contre, le lion ne craint personne.
Il dort, étalé au sol de tout son long.
Il ne s’éveille que pour bâiller, s’étirer et reprendre sa sieste.
Le bâillement n’est pas le propre de l’homme.
Dans un troupeau d’éléphants, si un individu se met à bâiller, les autres l’imitent par contagion et le groupe se dirige vers une clairière qui servira de dortoir.
Certains éléphants se couchent, la tête sur un oreiller de feuilles, confectionné du bout de la trompe.
A l’abri entre les pattes de sa mère, l’éléphanteau suce sa trompe, comme un bébé son pouce.
Le poisson-perroquet secrète chaque nuit un sac de couchage avec une étrange substance qui se solidifie au contact de l’eau.
C’est un système automatique de la vessie natatoire qui permet aux poissons d’arrêter de nager pour dormir.
Cette vessie de stabilisation communique avec l’intestin.
Pour la gonfler, le poisson avale de l’air à la surface, juste assez pour atteindre la profondeur qui lui convient.
Pour modifier sa position, il dégaze en faisant des bulles.
Un sommeil qui suit l’évolution du cerveau
Il est certain que le repos s’est complexifié au fur et à mesure que s’élaborait un cerveau de plus en plus sophistiqué.
Seuls les oiseaux et les mammifères connaissent un sommeil véritable présentant deux phases principales :
Le sommeil lent
Le sommeil paradoxal
Le sommeil lent est vital pour la régénération de l’organisme.
Le sommeil paradoxal aurait plutôt des prérogatives cérébrales.
Les nouveau-nés, de même que les prématurés humains, connaissent un taux de sommeil paradoxal deux fois supérieur à celui des adultes.
Bébés
Le taux de sommeil paradoxal est deux fois supérieur chez le bébé par rapport à l’adulte
On suppose donc que la maturation cérébrale, non achevée à la naissance, se poursuit durant le sommeil paradoxal.
De même, l’hormone de croissance est sécrétée, chez les juvéniles, durant le sommeil.
En dormant bien, en rêvant, animaux et hommes deviennent grands.
Source : dinosoria