Il existe plusieurs espèces de Lynx.

Les lynx sont des félins de la sous-famille des félinés.

Parmi les félins, les lynx sont aisément reconnaissables à leur face ornée de favoris, à leurs oreilles triangulaires surmontées d’une touffe de poils noirs, et à leur corps doté d’une courte queue et de longues pattes.

Parmi les caractéristiques moins visibles, les lynx ne possèdent que 28 dents, au lieu des 30 dents habituelles chez les félins.

Descendants du Lynx d’Issoire, les lynx ont connu de nombreuses classifications taxinomiques différentes et les diverses espèces ont tour à tour été sous-espèces puis espèces à part entière.

Depuis la fin du xxe siècle, seules quatre espèces sont reconnues : le Lynx du Canada (Lynx canadensis), le Lynx boréal (Lynx lynx), le Lynx pardelle (Lynx pardinus) et le Lynx roux (Lynx rufus).

Le Caracal, qui morphologiquement ressemble aux lynx, a longtemps fait partie du genre Lynx et est encore appelé « Lynx du désert ».

Prédateurs de l’hémisphère nord, les lynx ont pour habitat préféré la forêt boréale.

Considérés comme très largement répandus, exception faite du Lynx pardelle gravement menacé, ils font partie des rares félins dont on estime les populations stables.

Alors qu’ils tenaient une place importante dans la mythologie amérindienne, les lynx étaient fort méconnus en Europe et y ont souffert d’une réputation de bête féroce.

Les lynx ont une silhouette caractéristique avec leur courte queue et leurs longues pattes.

Les lynx ont un physique très reconnaissable, et peuvent difficilement être confondus avec les membres d’un autre genre de félins, hormis peut-être le Caracal.

Le corps est caractérisé par une démarche chaloupée du fait de leurs membres postérieurs très développés, ce qui est une particularité du genre, les félins ayant généralement la partie antérieure du corps plus puissante

Les jambes sont longues et les pattes volumineuses comparées au reste du corps ; il s’agit d’une adaptation au déplacement dans la neige :

les longues pattes permettent de se dégager plus facilement d’un épais manteau neigeux et les pieds très larges agissent comme des raquettes afin de ne pas s’enfoncer dans la neige.

De plus, la largeur des coussinets étouffe le bruit des pas et assure une démarche totalement silencieuse.

Les lynx exercent une pression très faible sur le sol, même en comparaison avec d’autres carnivores :

Ainsi le Lynx boréal exerce une pression sur le sol trois fois plus faible que celle du Chat sauvage (Felis silvestris)[et on estime ce ratio entre 4,1 et 8,8 pour le Lynx du Canada et le Coyote (Canis latrans).

L’empreinte des lynx, aussi longue que large, ressemble à celle du chat domestique.

La piste est quasiment rectiligne, surtout lorsqu’ils avancent au pas

La queue est courte, comme tronquée et se termine en manchon ; elle mesure à peine 20 à 25 cm de long .

La taille totale varie selon les espèces, mais reste dans les mêmes proportions : seul le Lynx boréal se différencie par son gabarit pouvant être deux fois plus élevé que celui des autres espèces.

Le dimorphisme sexuel est important : les mâles sont en moyenne un quart plus gros que les femelles.

La quantité de tâches et la couleur de la robe des lynx varient selon les espèces et la latitude.

Quatre types de robes sont reconnus : tacheté, rayé, uni et à rosettes.
Chaque individu a une disposition particulière des marques.

Parmi les quatre espèces de lynx, le Lynx pardelle a une fourrure très tachetée, tandis que le Lynx du Canada a peu ou pas de taches, notamment parce que sa longue fourrure a tendance à atténuer les marques.

Au nord, les robes des lynx sont plutôt de couleur grise tandis qu’au sud elles tendent vers le roux.

En règle générale, les joues, le ventre, l’intérieur des pattes, le menton et le tour des yeux sont de couleur crème.

Le Lynx du Canada et le Lynx boréal ont une fourrure particulièrement dense, notamment sur le dos où la concentration de poils atteint 9 000 poils/cm2 contre 4 600 sur le ventre ; on compte également de douze à treize poils de bourre pour un poil de jarre.

Taille et poids des différentes espèces du genre Lynx

  • Lynx boréal Lynx du Canada Lynx pardelle Lynx roux
    Longueur 77 à 135 cm 85 à 114 cm 85 à 110 cm 76 à 124 cm
    Hauteur au garrot 65 à 75 cm 60 à 65 cm 42 à 47 cm 45 à 68 cm
    Poids 9 à 35 kg 8 à 14 kg 9 à 13 k 6 à 13 kg

La tête d’un lynx est munie d’oreilles triangulaires surmontées de pinceaux noirs et de favoris autour des joues.

La tête des lynx, de forme arrondie et portée par un cou court, est également assez caractéristique.

Les oreilles sont triangulaires, longues et ornées d’une touffe de poils noirs appelée « pinceau ».

Ces pinceaux auriculaires ne se trouvent que chez les espèces du genre Lynx et également chez le Caracal, le Chat des marais et certaines races de chat domestiques.

Il se pourrait que cela permette de capter la direction du vent[.

De longs poils le long des joues, appelés « favoris », forment une collerette qui leur donne un air un peu joufflu

L’utilité de la forme du visage des lynx, notamment des pinceaux auriculaires, a été discutée. Matjuschkin a proposé une analogie avec la face du hibou, très ronde, avec des petites plumes dressées sur la tête

Les favoris autour des joues du lynx formeraient un miroir parabolique permettant de mieux capter les sons, tandis que les pinceaux amélioreraient la localisation sonore

Les lynx ont pour caractéristique de n’avoir que 28 dents au lieu des 30 habituelles chez les félins

ils ne possèdent que deux prémolaires sur la mâchoire supérieure, ce qui est une caractéristique du genre Lynx

Le raccourcissement des mâchoires conduit à l’augmentation de la puissance de la morsure.

Au sein du genre Lynx, seul le Lynx boréal a la possibilité d’avoir une dent surnuméraire.

La dentition lactéale des lynx ne comprend pas de molaires, l’ordre d’apparition des dents est canine – incisive – prémolaire, puis, pour la dentition finale incisive – canine – prémolaire – molaire.

Comme tous les félins, les lynx ont une vision très sensible en faible luminosité et très précise pour détecter le mouvement.

L’odorat est puissant, mais il ne sert qu’à la communication intraspécifique (marquage du territoire par exemple), et jamais pour la chasse comme pour les canidés.

Les vibrisses, souvent appelées « moustaches », se trouvent sur le museau, au-dessus des yeux, sur les joues et au niveau des pattes : comme pour tous les félins, elles sont un organe du toucher très sensible.

Les lynx ne réagissent pas à la cataire (herbe à chat) en captivité, mais seraient attirés par son odeur en liberté.

Ils sont capables de nager quand il le faut, et d’excellents sauteurs et grimpeurs, grâce à leurs membres postérieurs particulièrement adaptés au bond

Des lynx captifs se sont par exemple évadés en sautant par-dessus leur clôture de trois à quatre mètres.

Comme tous les félins, les lynx sont de très mauvais coureurs de fond.

Cette faible endurance peut être corrélée à la petite taille du cœur : le poids du cœur d’un lynx ne représente que 3,4 à 6,4 ‰ de sa masse totale

Les lynx connaissent trois allures : le pas, qui est l’allure la plus utilisée, le trot et le bond.

Les lynx parcourent leur territoire à la recherche de proies.

Comme tous les félins, les lynx sont territoriaux. Le territoire du mâle recouvre celui d’une ou plusieurs femelles.

Les territoires, tous sexes confondus, comportent cependant des « zones neutres » où il est possible de circuler sans qu’il y ait affrontement : les limites du territoire sont fréquemment des zones neutres chez les lynx.

La taille du territoire dépend de la densité en proies et de l’espèce de Lynx considérée.

Le territoire du mâle peut atteindre 300 km2 en Amérique du Nord.

Le lynx mâle est intolérant envers les autres mâles traversant son territoire, même si ce sont les femelles qui restent les plus vindicatives entre elles.

Les marquages olfactifs, qui permettent de signaler sa présence sur le territoire, sont le plus souvent effectués sur un support facilement repérable.

Il s’agit le plus souvent de jets d’urine et de marques de griffures.

Les marquages sont plus fréquents au centre du territoire que sur sa périphérie.

Les lynx sont généralement solitaires, excepté les femelles avec leurs petits.

Les seules rencontres entre mâle et femelle se déroulent durant la période de reproduction, pendant laquelle le mâle suit la femelle dans tous ses déplacements.

Extrêmement discrets, les lynx sont rarement visibles.

Dans le parc national de Bavière, où le Lynx boréal a été réintroduit, 10 000 promeneurs annuels empruntent un sentier à 300 mètres du lieu de reproduction du lynx ; l’ensemble du parc de 13 000 hectares, contenant six lynx résidents, était visité par 1,3 million de personnes en 1976.

Pourtant, seules six à huit observations annuelles ont été rapportées.

Les lynx sont surtout actifs au crépuscule et au lever du soleil.

Ils chassent principalement à l’affût.

Comme la plupart des félins, les lynx asphyxient généralement leurs proies par une morsure à la gorge, sans utiliser leurs pattes pour les assommer

Ils peuvent parcourir leur territoire à la recherche de proies sur plusieurs kilomètres.

La fréquence de chasse est d’une proie tous les deux à trois jours.

Le taux de réussite de la chasse varie énormément selon les individus.

Pour le Lynx boréal, on estime que les femelles accompagnées de leurs petits réussissent leur chasse dans 60 à 70 % des cas, les mâles dans 40 à 60 % des cas et les subadultes dans 10 à 20 % des cas.

La distance entre l’attaque et la mise à mort est généralement de moins de vingt mètres.

Les lynx ne poursuivent leur proie sur plus de deux cents mètres que dans 1 à 5 % des attaques.

Les proies capturées sont différentes selon les espèces.

La plupart du temps, les lynx se nourrissent de petites proies comme les lagomorphes ou les oiseaux.

Le Lynx boréal est le seul à s’attaquer de préférence aux petits ongulés comme le chevreuil ou le chamois, bien qu’il arrive que le Lynx roux s’attaque aux Cerfs de Virginie et que le Lynx du Canada chasse le Caribou.

Le lynx n’est pas un charognard et refuse toute nourriture en état de décomposition trop avancé.

Les lynx peuvent s’attaquer au bétail : la pression de prédation sur les animaux domestiques est très variable selon les régions.

Des cas de lynx spécialisés dans la chasse au mouton ont été rapportés.

Lors de réintroductions de lynx, on constate une augmentation brusque des attaques sur le bétail suivie d’une période de stabilisation.

En Europe, l’action des lynx sur le bétail est considérée comme mineure comparée à celles du loup et de l’ours.

Les lynx n’attaquent pas l’être humain, pas même lorsque celui-ci s’approche de leur progéniture.

Les lynx mangent en position accroupie en commençant par les parties charnues de leur proie, comme les cuisses ou les épaules et n’attaquent jamais l’estomac ni les intestins.

La peau et les poils sont repoussés peu à peu durant le repas et la peau retroussée finit souvent par « empaqueter » les parties du corps non mangées.

Les oiseaux sont plumés

Les lynx peuvent également tirer leur proie sous le couvert des arbres afin de manger au calme.

Les attaques du lynx sur les troupeaux de cervidés favoriseraient la dispersion des hardes, permettant ainsi une meilleure répartition de l’espèce sur l’ensemble du territoire

Cela pourrait avoir un impact sur les jeunes pousses mangées par les chevreuils et garantir un meilleur équilibre des écosystèmes.

Cycle de vie

Malgré la protection apportée par la mère, la mortalité des jeunes est importante.

Le cycle de reproduction des lynx est soumis à de grandes variations.

Ainsi, le cycle du Lynx du Canada est en étroite connexion avec celui du Lièvre à raquettes (Lepus americanus) et sa population fluctue environ tous les dix ans.

De même, les observations menées sur le Lynx boréal montrent que selon les années, seuls 43 à 64 % des femelles donnent naissance à des jeunes.

La saison des amours se situe majoritairement à la fin de l’hiver.

Après une parade amoureuse de plusieurs jours, le mâle retourne à ses occupations tandis que la femelle part en quête d’un gîte pour mettre bas après une gestation d’environ deux mois.

Elle élève seule ses petits et leur apprend à chasser.

Ils quitteront leur mère quelques semaines avant la naissance de la génération future.

Ces subadultes chercheront un nouveau territoire : la dispersion est assez faible puisque les jeunes s’installent sur des territoires proches de ceux déjà occupés.

Statistique de la reproduction des différentes espèces du genre Lynx

Lynx boréal[29] Lynx du Canada[30] Lynx pardelle[31] lynx roux

Gestation 63 à 68 jours 63 à 70 jours 63 à 68 jours 50 à 70 jours

Taille de la portée :1 à 4 jeunes 1 à 8 jeunes 1 à 5 jeunes 1 à 8 jeunes

Âge d’émancipation 10 mois 10 mois 7 à 10 mois 12 mois

Les lynx sont très peu vecteurs de la rage.

Sur mille lynx de Slovaquie capturés ou tués sur dix ans, seuls 0,6 % étaient infectés par le virus rabique.

De plus, les lynx ne développent pas la forme agressive de la maladie et ont tendance à faire diminuer les populations de renards (très sensibles à la rage) par pression de prédation.

Les décès par maladie ne représentent qu’un quart des décès totaux.

Les trois-quarts des décès des adultes sont dus à l’activité humaine, soit par une pression de chasse et/ou de braconnage, soit par le trafic routier].

Pour les jeunes, c’est avant tout la famine et les maladies parasitaires qui déciment les populations (80 % des jeunes n’atteignent pas l’âge de procréer chez le Lynx boréal.

Les lynx ont assez peu de prédateurs naturels en dehors de l’Homme.

Selon les espèces, ours, loups, pumas et gloutons peuvent attaquer et tuer un lynx.

La longévité est d’une quinzaine d’années dans la nature et d’environ trente ans en captivité

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