Chats, chiens, vaches, chevaux… La musique qu’ils aiment
La musique est un précieux calmant naturel pour nos animaux.
Elle peut même les mettre en joie.
Seulement, ils n’apprécient pas forcément nos airs préférés, qui peuvent même les rendre fous.
Des pistes pour trouver ceux qui les apaisent.
Les animaux écoutent avec le cœur, comme nous
« Quand j’étais petite nous avions des tortues dans le jardin, se souvient Laurence.
Dès que je me mettais au piano, elles commençaient à se dandiner ».
Audrey laisse toujours la radio allumée branchée sur FIP quand elle s’absente toute une journée.
« J’imagine que la musique aide Olympio et Hercule, mes deux chats, à se sentir moins seuls.
Et puis avec ce mélange de genres – jazz, variété, classique – ils trouvent forcément leur compte. »
En fait, il n’est pas sûr du tout que les deux félins soient ravis de cette ambiance musicale.
Non seulement les animaux n’apprécient pas forcément notre musique, mais ils peuvent se sentir en danger si nous tentons de leur faire partager notre amour du punk ou tout autre genre musical violent.
Chaque espèce a ses goûts propres, en fonction de son acuité sensorielle, des fréquences qu’elle capte et de son rythme cardiaque le cœur se cale immédiatement sur le tempo des airs entendus.
Les animaux, comme les humains, entendent avec les oreilles (et pour les reptiles, avec le corps tout entier) et avec le cœur.
D’ailleurs, c’est la capacité d’une œuvre musicale de se caler sur les battements du cœur qui la rend attirante, ou pas, indépendamment de ses qualités artistiques.
De plus, pour qu’un être, humain ou non humain, apprécie un morceau, celui-ci doit lui rappeler les tonalités de ses propres vocalises.
Ainsi, les singes, pourtant si proches de nous génétiquement, ne comprennent rien à nos choix musicaux.
Il leur faut des airs comportant des sons aussi stridents que leurs propres cris.
Et ils se relaxent en écoutant des morceaux de hard rock qui auraient sur nous un effet excitant.
C’est ce qu’ont pu observer Charles Snowdon, professeur émérite de psychologie à l’Université du Wisconsin, à Madison (USA) et le compositeur Richard Teie, professeur à l’école de musique du Maryland.
En 2009, les deux hommes ont entrepris d’élaborer une musique destinée aux singes tamarins.
Tout laisse à penser qu’elles sont éprouvantes pour nos nerfs d’humains.
Les chats sont indifférents au classique
Après avoir tenté de combler les attentes musicales des singes, les deux chercheurs ont décidé de se consacrer aux préférences des chats.
Rappelons qu’entre eux et la musique, c’est une vieille histoire.
Chopin a écrit « La Valse du chat » et Stravinsky, des « Berceuses pour chats ».
Le célèbre musicien baroque Scarlettia composé « La Fugue du chat », inspiré par sa chatte Pulcinella.
Le pianiste Henri Sauguet assurait que son félin préféré accourait dès qu’il interprétait du Debussy.
Pour évaluer les goûts félins, Snowdon et Teie se sont rendus au domicile de 47 chats, à qui ils ont fait écouter quatre morceaux :
L’un de Bach, l’autre de Fauré et deux « chansons pour chats ».
« La Ballade de Rusty », pièce musicale évoquant le suçotement du chaton têtant sa mère sur fond de musique relaxante et « L’Air de Cozmo », basé sur les fréquences du ronronnement – et absolument insupportable pour l’oreille humaine.
A partir des miaulements, frottements, grognements, poils hérissés, gros dos etc… qu’ils ont observés, les chercheurs ont conclu que les chats sont plutôt indifférents au classique et se calment en présence de la musique spéciale chats, les plus jeunes et les plus âgés étant plus réactifs que les sujets d’âge moyen.
Pour corroborer ces résultats, nous avons demandé à quelques propriétaires de tester les vertus apaisantes de ces musiques sur leurs chats.
« Aucun des miens n’a réagi », assure Colette. « Hermès aime bien ‘La Ballade de Rusty’ mais ‘L’Air de Cozmo’ le laisse de marbre, affirme Juliette.
« ‘La Ballade de Rusty’ calme mon chaton de 4 mois et sa mère qui a 8 ans, confirme Sandy.
En revanche, avec ‘L’Air de Cozmo’, le petit ne manifeste pas de réaction, tandis que la chatte se demande d’où viennent ces sons .
Pour Anne-Marie, écouter ces deux airs est une torture, aussi ses deux chats en sont privés.
« De toute façon, la minette est indifférente à la musique et Milou le mâle se met à miauler atrocement quand j’en mets».
Les chiens aiment le piano
Différents dans leurs comportements sociaux, chiens et chats s’opposent également sur leurs goûts musicaux.
Le rythme cardiaque des petits félins étant plus rapide, ils apprécient les cadences enlevées, les notes aigues.
S’il doit absolument choisir, le chat préfère un rock endiablé à un slow langoureux.
A condition que la musique ne soit pas trop forte…
En revanche, les chiens prisent la musique classique que dédaignent leurs cousins moustachus (soyons honnêtes : certains y sont, eux aussi, indifférents).
« Quand je commence à jouer, mon labrador, Dante, arrive aussitôt », rapporte Jean.
« Snoopy se met à mes pieds, quand je joue et gémit quand j’arrête, confie Sabrina.
En revanche, il hurle comme un loup s’il entend de la flûte ».
« Mavrick est mon premier fan », assure Anne, guitariste professionnelle.
En fait, les goûts des chiens dépendent de leur taille.
Les gros chiens, qui ont une gamme de fréquences proche de celle d’un homme adulte, apprécient plus les musiques humaines que les chihuahuas et les teckels, aux aboiements plus aigus et dont le cœur bat plus rapidement.
Un groupe de musiciens, « Canine Lullabies », s’est mis en tête de composer des airs destinés à apaiser les chiens.
Comment savoir quelle musique les détend ?
Les études ne manquent pas.
En 2010, Deborah Wells, chercheuse en psychologie à la Queen’s university de Belfast (Irlande) a voulu connaître les préférences musicales des 50 chiens d’un refuge.
Ils ont eu droit à du Britney Spears, du Robbie Williams, du Bob Marley, du Vivaldi, du Beethoven et du Metallica un groupe de heavy metal.
Les chiens ont considéré que Britney Spears n’était qu’un bruit de fond sans importance. Metallica les a fait aboyer et s’agiter frénétiquement.
L’hypothèse de la psychologue est qu’ils se sont sentis agressés.
Heureusement, la musique classique les a calmés.
Mozart, musique vache
Pour les bovins allemands, la star c’est Mozart !
Plusieurs études ont prouvé que les vaches laitières produisent plus de lait quand sa célèbre « Petite Musique de Nuit »s’élève dans l’étable.
Et le laboratoire d’essais agricoles Huelsenberg de la ville de Segeberg a montré récemment que les rendements sont encore meilleurs quand la musique s’accompagne de massages.
Les vaches péruviennes, elles, plébiscitent Vivaldi.
De son côté, le Music Research Group de l’Université de Leicester (Angleterre) a établi qu’une vache écoutant la « Symphonie Pastorale » de Beethoven produisait 0,73 litre de lait de plus qu’une de ses sœurs branchée sur les Beatles.
En revanche, les vaches rejettent massivement le punk et le hard rock.
Pourquoi les vaches allemandes préfèrent-elles Mozart à Vivaldi et à Beethoven ?
Nous ne disposons d’aucune étude sur le sujet !
La musique pour chevaux reste à inventer
Chez les chevaux également, aucun consensus ne semble possible sur les questions musicales.
Les pur-sang arabes dansent en rythme au son des tambours.
Les chevaux ibériques semblent apprécier le Flamenco.
Les fiers lippizans de l’École Espagnole de Vienne piaffent en écoutant des valses de Strauss.
La chanteuse et cavalière américaine Jeane Manson qui présente des spectacles équestres musicaux assure que la musique aide les chevaux à s’entraîner.
Ce n’est pas du tout l’avis d’Orion, cheval vivant au Centre de tourisme équestre Horse Dreams, en Forêt de Fontainebleau.
« Il déteste toutes les musiques, assure Marie-Aude qui s’occupe de cette structure.
Il refuse de s’en approcher.
Ce cheval, habituellement d’un calme olympien, se transforme en furie. »
De la musique pour améliorer notre relation aux chevaux ?
Les études scientifiques le prouvent : apaisante pour les humains, la musique peut aussi aider les chevaux à se relaxer, se concentrer, et pour les plus sportifs, à travailler en meilleure cadence.
Notre journaliste a testé un casque audio… pour cheval et cavalier.
Claire Carter et Linda Greening, chercheuses en éthologie équine de l’Université d’Hartpury (Angleterre), ne s’en étonneraient pas.
En 2013, elles ont fait écouter du classique, de la musique country, du jazz et du rock, à des chevaux de l’immense structure équestre (l’une des plus vastes du monde) qu’abrite la fac et observé leurs réactions excitation ou détente.
Conclusion de ce travail : le classique apaise les équidés, tandis que le jazz et le rock les agacent, ou les inquiètent.
Mais bien plus que la musique classique, c’est le retour au silence qui a permis à la plupart d’entre eux de se détendre totalement.
La musique spéciale chevaux reste à inventer.
La musique, antidépresseur naturel ?
Pourquoi ces recherches sur les musiques favorites des animaux?
En premier lieu, parce que nous cherchons à accroître leur bien-être, à les distraire en notre absence, comme s’il s’agissait d’enfants.
Ensuite, nos animaux (chiens, chats, chevaux, vaches…) sont trop souvent coupés des besoins naturels de leur espèce et développent des états anxieux et dépressifs pour lesquels les vétérinaires cherchent des solutions non médicamenteuses.
Or, grâce à ces études qui peuvent sembler incongrues, c’est prouvé : la musique, quand elle tient compte des spécificités de l’animal, agit réellement comme un antidépresseur et un calmant naturels.
D’ailleurs des centaines d’œuvres relaxantes pour chats et chiens sont déjà disponibles sur You Tube.