L’histoire des races de chien, d’hier à aujourd’hui…
Toy ou géant, poil ras ou long, robe unie ou tachetée, d’une race de chien à l’autre, les différences paraissent très marquées.
Pourtant, tous nos chiens auraient les mêmes ancêtres !
Du loup au chien, l’évolution s’est d’abord faite lentement sur des dizaines de milliers d’années, pour s’accélérer au cours des dernières décennies.
Que reste-t-il du loup sauvage ancestral chez nos compagnons actuels ?
Comment se sont-ils adaptés à nos modes de vie, à nos demandes ou simplement à l’envie de nous plaire ?
Force est de constater que la sélection de nombreuses races s’est faite sur des critères esthétiques et au détriment de leur santé.
Un effort de transparence sur les risques de la sélection excessive semble cependant amorcé… Il était temps !!
À l’origine était le loup…
Comment le chien est-il devenu cet ami si proche de l’homme ?
Régulièrement, les archéologues apportent de nouvelles “briques” à cette énigme.
On a longtemps pensé que les chiens venaient de deux populations distinctes de loups éloignées de milliers de kilomètres.
Mais une étude récente* établit une origine commune à partir d’une seule et même population européenne de loups.
Comment s’est fait la domestication ?
Les débuts de la domestication du loup remonteraient à une période évaluée entre 36 000 et 20 000 ans.
Elle aurait été bien plus lente et difficile que pour les animaux de rente comme la vache ou le mouton.
La répartition géographique des loups, comme des premiers chiens, suit ensuite les migrations humaines.
On trouve ainsi des restes de chiens primitifs datant de 6 à 10 000 ans sur tous les continents.
Les loups ont opéré un rapprochement progressif avec les humains, sans doute accéléré par des adoptions de louveteaux, qui séparés de leur mère dès leur plus jeune âge, ont été élevés par les hommes, ou sans doute par les femmes.
C’est ce que le spécialiste du comportement Konrad Lorenz, appelle l’imprégnation.
On sait aujourd’hui que la socialisation du loup n’est possible qu’à un stade très précoce, avant 4 semaines, alors qu’il est encore sourd et aveugle.
Pourquoi avoir domestiqué le loup ?
L’une des premières raisons du rapprochement entre les hommes et les canidés a sans doute été de les chasser en tant que proie, puis de les élever en tant que nourriture.
Les chiens sont encore consommés dans certains pays.
Une autre raison du rapprochement est d’avoir pris le loup comme modèle pour la chasse.
La multiplicité des proies du loup est similaire aux humains.
De plus, ses techniques de chasse, sophistiquées et en groupe, ont dû être observées, analysées puis copiées par les hommes.
Le « loup domestique » se révèle aussi un très bon auxiliaire de chasse.
Avec son appui, le butin de chasse augmente ainsi considérablement.
Le chien aide à traquer, encercler, puis à pister les proies blessées.
Enfin, les humains et les loups ont pu établir des relations de coopération, l’humain n’hésitant pas à se servir sur les proies des loups et à partager en retour ses restes de nourriture.
Les loups auraient ainsi d’abord vécu en périphérie des camps de chasseurs-cueilleurs, se nourrissant de leurs déchets.
À quoi ressemblaient les premiers chiens domestiqués au néolithique ?
Ils devaient être beaucoup plus proches des populations de « chiens de village » ou de « chiens des rues telles qu’on les trouve aujourd’hui en Inde, aux Antilles, en Amérique du Sud ou dans les Îles du Pacifique, explique la spécialiste américaine Krishna Veeramah*, ces chiens qui se multiplient librement entre eux, sont tous assez homogènes et un peu semblables ».
La sélection des races modernes
Les chiens ont progressivement été sélectionnés pour leurs aptitudes utilitaires comme chien de chasse, de garde, de trait, de troupeau, mais aussi comme animal de compagnie.
Certaines races de chiens sont très anciennes.
Il y a deux mille ans, le Husky existait déjà, même si selon la légende, il serait né des amours entre un loup et la lune.
Bien d’autres races sont aussi anciennes, comme le Lévrier afghan, le Lévrier persan ou Saluki, originaire d’Égypte, le Shar pei, originaire de Chine,mais aussi le Pékinois originaire lui aussi de Chine, ou encore le Samoyède utilisé en Sibérie et le Malamute.
On trouve des mentions, il y a 300 ans, de l’Akita inu, venu d’Alaska et encore du Terrier tibétain.
À partir du Moyen âge, on constate une diversité des races de chiens, avec de grands chiens de chasse, comme ceux peints dans le Grand Livre de la Chasse de Gaston Phébus qui date du 14ème siècle, mais aussi des Carlins ou des Dalmatiens au 18ème siècle.
Lente au départ, la sélection s’est ensuite accélérée à partir du XXème siècle,
Pour faire évoluer les races, il a suffi aux éleveurs de cibler les individus avec un paramètre particulier (taille, pelage, comportement…) et de les fixer en les croisant entre eux.
Pour accentuer rapidement le caractère recherché les sélectionneurs ont eu recours à des croisements entre parents proches, avec parfois un très faible nombre de reproducteurs.
Que reste-t-il à nos chiens de leurs ancêtres ?
Du point de vue génétique, la différence entre le chien et le loup reste très faible (0,2% de distance génétique).
À titre de comparaison, ce chiffre est de 4% entre le chien et le coyote et de 2% entre un homme et un chimpanzé.
Les biologistes considèrent d’ailleurs que le chien (Canis domesticus) est une sous-espèce du loup (Canis lupus).
Ils sont tellement proches que des croisements sont possibles.
Le croisement du loup avec le berger allemand a donné naissance à des races très à la mode, comme le chien de Sarloos, le Loup tchécoslovaque ou les Wolfdogs aux États-Unis.
Il est étonnant de constater que l’aspect extérieur des races de chien est sans rapport avec la proximité génétique.
Du point de vue génétique, les races les plus proches du loup sont les pékinois et les races européennes toy et les plus éloignées, les bergers allemands et les border collies.
Du point de vue physique, la domestication du chien a entraîné des modifications.
Comme chez tous les animaux domestiqués, le cerveau a diminué de volume par rapport à l’ancêtre sauvage.
Ainsi le cerveau du chien est plus petit d’un tiers par rapport à celui du loup, ce qui va dans le sens d’une plus grande intelligence du loup qui a dû survivre dans des conditions toujours plus difficiles.
Les loups sont aussi en moyenne plus hauts sur patte, avec un corps plus étroit.
Du point de vue du comportement, les loups, vivant en meute, développent des relations hiérarchiques et sociales complexes qui s’expliquent par l’organisation très précise nécessaire par exemple au moment des phases de chasse.
Au sein d’une meute de loups, un couple dit “alpha” domine et prend toutes les décisions importantes liées à la chasse et aux déplacements.
Seul le couple alpha se reproduit, une seule fois par an, alors que chez les chiens, les couples se forment au gré des cycles des chiennes qui ont lieu deux fois par an.
De même chez le loup, seul les individus de haut rang pratiquent le marquage territorial alors que chez le chien, ce sont tous les mâles qui lèvent la patte pour marquer leur territoire.
On observe par contre le même comportement de recouvrement du marquage urinaire.
Chez le chien comme chez le loup, le mâle urine toujours là où un autre individu a déjà uriné.
Du côté de la communication, il faut souligner la diversité et la richesse des signaux de communication chez le loup.
On a pu identifier 75 expressions différentes, alors que ce nombre n’est que de 14 pour le caniche, 16 pour le berger allemand, et 43 pour le malamute.
Un chien à oreilles tombantes ou à queue atrophiée, est forcément moins expressif !
Les chiens domestiques auraient ainsi perdu beaucoup des codes utiles pour vivre en meute et auraient été sélectionnés surtout pour vivre avec les humains.
On dit enfin que les loups hurlent et que les chiens aboient.
En réalité, il s’agit d’une tendance car le loup est capable d’émettre divers types de vocalisations en plus du hurlement : gémissement, aboiement, grognement.
Cependant certains chiens comme le husky, hurlent aussi !