Le changement climatique est encore bien plus visible vers les pôles .

Il y a plusieurs dizaines de milliers d’années, l’inlandsis antarctique occidental semble s’être effondré, provoquant une importante hausse du niveau de la mer. 

Avec le réchauffement climatique en cours, les chercheurs craignent que le phénomène se répète aujourd’hui.

Il y a 125.000 ans, durant l’avant-dernière période interglaciaire du Quaternaire, le niveau de la mer était de six à neuf mètres plus élevé que le niveau actuel. 

Inondant de nombreuses terres aujourd’hui hors d’eau. 

Un phénomène résultant, selon des scientifiques, de l’effondrement de la calotte polaire Ouest-Antarctique.

De quoi soulever des inquiétudes, les températures de l’époque étant à peine plus élevées que celles de nos jours. 

« La forte augmentation de la fonte des glaces observée dans la région au cours de ces deux à trois dernières décennies marque peut-être le début du processus », remarque Jeremy Shakun, paléoclimatologue au Boston College (États-Unis).

À l’époque de l’Eémien, la Terre a connu un réchauffement, +2 °C au-dessus du niveau préindustriel, contre +1 °C aujourd’hui, résultant de légers changements dans son orbite et son axe de rotation. 

Un résultat à confirmer

Pour en arriver à ces conclusions, les chercheurs ont étudié des carottes de sédiments marins et identifié les signatures géochimiques du substrat rocheux de trois régions différentes. 

Dans des sédiments marins d’une zone plus au large, mais suivant le courant, à l’ouest de la péninsule Antarctique, ils s’attendaient à retrouver du limon érodé par la glace. Mais rien. 

De cette absence de sédiment, ils ont conclu que l’inlandsis antarctique occidental avait, à cette époque, disparu.

Pour confirmer cette découverte, un navire de recherche entamera bientôt un voyage de trois mois visant à forer de nouvelles carottes. 

Car pour l’heure, la datation de l’évènement reste imprécise. 

Et il n’est pas impossible que le phénomène ne soit qu’illusion. 

Une modification temporaire des courants océaniques a en effet pu entraîner un transfert du limon vers un autre site.

Le déclin inexorable des glaces de l’ouest de l’Antarctique

Les glaces situées sur la façade ouest de l’Antarctique sont condamnées à se liquéfier, d’après les conclusions de deux études indépendantes et publiées simultanément. 

D’ici quelques siècles, elles pourraient avoir complètement disparu et faire monter le niveau des mers de plus de quatre mètres.

Le climat change, et le monde avec. 

Surtout les pôles. 

Dans les régions les plus septentrionales ou les plus australes, le décor évolue un peu chaque année : des icebergs se détachent, faisant reculer progressivement les glaciers, tandis que les calottes en certains points s’amincissent. 

La glace des terres finit par se liquéfier et rejoindre l’océan, faisant ainsi monter le niveau des mers à la surface du globe. 

Chaque année, il faut rajouter trois millimètres à la toise.

L’Antarctique est le plus grand des contributeurs. 

Ce continent de glace abrite des étendues gelées immenses, qui souffrent sous le coup du réchauffement, même si celui-ci est moins intense dans cette région du monde qu’ailleurs.

Néanmoins, le déclin du glacier de l’île du Pin, l’un des plus importants de la calotte polaire australe, semble inexorable. 

Pourtant, il pourrait y avoir pire encore. 

Ses voisins aussi auraient décidé de se jeter à l’eau.

En effet, deux études menées séparément et de manière indépendante se sont focalisées sur les autres glaciers de la région, notamment sur le glacier Thwaites, baignant lui aussi dans la mer d’Amundsen, sur la face nord de la péninsule Antarctique. 

D’après les observations satellitaires et les estimations informatiques, ces glaces risquent de reculer de façon irréversible, à tel point que dans quelques siècles, il n’en restera plus rien… mises à part les photos prises avant pour attester de leur réalité.

Les glaces terrestres vont progressivement glisser vers la mer au fur et à mesure que la partie immergée va continuer à fondre sous l’action du réchauffement climatique.

Les glaciers de l’Antarctique vont reculer de plus en plus vite

Dans les Geophysical Research Letters, l’équipe d’Éric Rignot, de l’université de Californie à Irvine (États-Unis), a recouru aux données satellitaires ramenées par la mission European Remote Sensing Satellite entre 1992 et 2011 pour cette région de l’Antarctique. 

Le glacier Thwaites a reculé de 14 km en 20 ans. 

Pour les voisins, le déclin est parfois encore plus important. 

Nulle part ailleurs en Antarctique, la glace ne fond aussi vite. 

Or, ces glaces, qui contribuent à elles seules autant que tout le Groenland à la montée des eaux, contiennent suffisamment de ressources pour rehausser le niveau des mers de 1,2 m. 

Avec l’aide d’autres bassins, on pourrait voir les océans s’élever de plus de 4 m.

De leur côté, les chercheurs de l’université de Washington (Seattle, États-Unis), sous l’égide de Ian Joughin, se sont servis des cartes topographiques détaillées et de simulations informatiques pour évaluer la vitesse de recul dans les prochaines années. 

En intégrant les données des mesures les plus récentes, même le modèle le plus optimiste (ou le moins pessimiste) montre que la glace commence à s’effondrer, et que la partie du glacier qui repose sur le sol marin ne cesse de reculer. 

Or, les processus devraient accélérer, et les glaces fondre de plus en plus vite. 

Il pourrait ne plus rien rester des 182.000 km2 du glacier Thwaites d’ici quelques siècles : au pire dans 200 ans, au mieux dans 1.000 ans, d’après ce qu’on peut lire dans Science.

Il est encore temps d’anticiper, mais…

Les différents glaciers du bassin étant connectés, le premier qui disparaît entraînera les autres dans sa chute. 

Les scientifiques ne se font pas d’illusions : ce recul semble irréversible. 

Si les conséquences se mesurent à l’échelle de plusieurs générations d’Hommes, le laps de temps que les scientifiques avancent est extrêmement court à l’échelle d’un géant de glace. 

Comme un battement de cils pour nous.

D’autre part, ces deux études semblent indiquer qu’il faut porter davantage d’intérêt à ces ensembles gelés qu’au glacier de l’île du Pin, qui représenterait une menace moins grande, bien qu’il ne soit pas non plus inoffensif et innocent.

C’est désormais une certitude, le réchauffement climatique va bouleverser notre petit monde.

Heureusement, dans ce contexte, il est encore possible d’anticiper et de prendre les mesures qui s’imposent. 

Mais les pouvoirs publics sont-ils prêts à payer aujourd’hui pour des résultats qui ne seront visibles que dans des décennies, voire des siècles ?

 

 

 

 

 

Source : Futura sciences

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