Pour les abeilles de villes c'est également valable.

02.12.21

Pour lutter contre le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles, certaines entreprises, collectivités publiques, et certains particuliers, n’hésitent pas à revêtir la combinaison d’apiculteur.

Quelles sont leurs motivations ? 

Comment devient-on apiculteur du dimanche ? 

Petite enquête sur cette tendance écolo-urbaine.

On le sait, les abeilles mellifères connaissent depuis quelques années un fort déclin, avec des risques d’extinction avérés dans certaines régions du monde. 

Or, en butinant l’abeille participe à la pollinisation de plus de 80% des plantes à fleurs. 

Sans elles, les scientifiques prédisent sans détour une catastrophe mondiale, à la fois en raison des impacts de leur disparition sur l’agriculture et sur la biodiversité, dans son ensemble.

Mais depuis une dizaine d’année, un curieux phénomène révèle une prise de conscience : les ruches s’invitent en milieu urbain, sur les toits de bâtiments publics ou privés, mais aussi, dans les jardins de particuliers qui n’y connaissent pourtant pas grand-chose en apiculture.

La semaine dernière, les attentifs de l’actu ont certainement entendu la décision prise par Claude Bartolone d’installer à l’Assemblée Nationale, des ruches provenant du Pas-de-Calais.  . 

Les abeilles du « Palais Bourdon » devraient ainsi rejoindre celles de la gare Montparnasse, des toits de l’Opéra Garnier, ou encore celles du jardin du Luxembourg. 

Ce ne sont pas moins de 400 ruches en production qui sont ainsi disséminées dans Paris…

Simple greenwashing, destiné à se racheter une bonne conscience, ou véritable solution au phénomène d’extinction des colonies d’abeilles ? 

Pourquoi tant d’engouement à offrir une terre d’asile à ces butineuses ?

Des solutions « clés en main »

Pour la société Un Toit pour les Abeille, qui propose le parrainage de ruche, faire un tel geste permet de « donner naissance à une nouvelle colonie d’abeilles (ndlr : les ruches à parrainer comptent entre 4000 et 40.000 abeilles) donc permettre non seulement leur préservation, mais leur accroissement.

» Et d’ajouter que « c’est aussi s’afficher comme protecteur des abeilles et donner de la visibilité à ce phénomène de disparition ».

Des arguments qui convainquent sans aucun doute puisque la société a déjà recueilli les parrainages  de quelque 3.000 particuliers et 300 entreprises, qui payent pour voir leur(s) ruche(s) prospérer à la campagne. 

En échange, la société envoie aux fiers parrains les pots de miel, bio ou pas, selon les cultures environnantes de la ruche. 

Quant à l’apiculteur qui choie les butineuses, il informe les parrains sur l’état de la colonie en téléchargeant des photos sur le site.

En ville, ceux qui souhaitent installer une ruche urbaine, trouvent facilement des aides et des renseignements sur Internet et dans les librairies. 

Des associations et sociétés prennent en charge l’installation (« clés en main ») ou prodiguent des informations aux futurs apiculteurs, voire même des formations. 

Tout commence alors par une étude de faisabilité, la déclaration de la ruche à la Direction départementale des services vétérinaires, puis l’installation et l’entretien de la ruche. 

La société Nicomiel, basée à Paris propose ainsi de gérer vos pensionnaires mais aussi toute la partie administrative (déclaration aux organismes, assurance des ruches, etc). 

Enfin, Nicomiel s’occupe de récolter le miel et de le mettre en pots.

Et que ceux qui craignent que le miel urbain soit de piètre qualité renoncent à cette idée reçue ! 

Il se trouve que des études du laboratoire de la préfecture de Paris ont montré une moindre concentration de plomb dans le miel de ville que celui de la campagne (présent sous forme de traces). 

De plus, nos citadines seraient plus productives que les provinciales. 

Les scientifiques expliquent une telle différence par des températures plus clémentes, la diversité des plantations urbaines, ajouté à la moindre d’utilisation de pesticides ou d’insecticides dans les jardins privés et publics. 

La ville, malgré son atmosphère polluée, serait donc une terre d’asile pour ces dames ailées, en bien meilleure santé en ville qu’à la campagne. 

Un paradoxe, qui en réalité, ne fait que qu’appuyer le lien de cause à effet entre l’utilisation de pesticides dans l’agriculture et l’effrayante hécatombe qui frappe ces insectes.

Mais pour ceux qui n’auraient pas la place ou l’audace d’accueillir un essaim au jardin, sachez que des gestes simples permettent d’aider nos butineuses.

5 éco gestes pour les abeilles

1) Renoncer aux engrais et herbicides

Dans votre jardin, faites place à la vie ! 

Les études montrent que les intrants chimiques sont une des causes les plus probables de la disparition des abeilles. 

En effet, soumises en laboratoire à des doses connues de certains pesticides, les apidés développent des modifications au niveau des enzymes de leur cerveau, entraînant une difficulté à voler, à s’orienter et à communiquer avec les membres de sa colonie.

2) Semer des fleurs

Dans vos cours, balcons, terrasses, bords de fenêtres, toitures, privilégiez les plantes à fleurs mellifères (les plus fréquentées par les abeilles). 

Si vous êtes l’heureux détenteur d’un carré de terre, prévoyez une jachère de fleurs sauvages pour permettre à la biodiversité de se renouveler, ce qui sera à la fois bénéfique pour les abeilles et tous les autres insectes.

Les espèces à privilégier (liste non exhaustive) :  thym, bourrache, lavande, mélisse, menthe, origan, sauge, verveine, aster, gaillarde, hellébore, jacinthe, muscari, rose trémière, bruyère, cotonéaster, mélilot blanc, pyracantha, aubépine, berbéris, cognassier du Japon, groseillier sanguin, troène, lilas, seringat, mahonia, symphorine, houx, lierre (surtout en fin de saison), ronces, clématites, glycine, chèvrefeuille, vigne vierge.

3) Construire des gîtes à insectes

Certaines espèces d’abeilles solitaires sont également menacées, ne sachant plus où faire leur nid.

Pour les aider, un jeu d’enfant : construire un gîte à insecte, avec une bûche de bois ou des tiges de plantes creuses, et l’installer au jardin. 

Certains « hôtels à insectes » sont même vendus dans les jardineries.

4) Acheter le miel de sa région

Ca a l’air bête comme chou, mais c’est un geste des plus impactant. 

Si la consommation locale de miel diminue, le nombre d’apiculteurs et donc le nombre d’essaims aussi. 

Privilégier du miel français c’est privilégier du miel a priori sans OGM et avec un bilan carbone moindre.

5) Parrainer une ruche

Ça ne demande aucun effort, sinon financier. 

Pour 76 euros par an, les particuliers peuvent financer l’installation d’une ruche de 4000 spécimens.

En prime, vous avez la satisfaction de déguster votre propre production de miel.

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