Alors que la COP15 Désertification se tient jusqu’au vendredi 20 mai à Abidjan, en Côte d’Ivoire, plusieurs rapports ont été publiés sur l’état très inquiétant de la planète.
Le plus récent, publié par Oxfam ce mercredi 18 mai, estime que la faim fait une victime toutes les 48 secondes en Afrique de l’Est.
Si le continent est le plus touché par les épisodes de sécheresse, l’Europe n’est pas épargnée non plus avec une vague qui frappe actuellement la France.
Quand vous aurez fini de lire cet article, trois personnes seront mortes de faim en Afrique de l’Est en raison de la grave sécheresse qui sévit actuellement dans la région.
Une victime toutes les 48 secondes.
Cette estimation choc a été publiée ce mercredi 18 mai par les ONG Oxfam et Save the Children pour alerter la communauté internationale sur les impacts concrets et mortifères du changement climatique.
Le nombre de personnes en situation de faim extrême en Éthiopie, au Kenya et en Somalie a plus que doublé depuis l’année dernière, passant de 10 millions à plus de 23 millions aujourd’hui.
En particulier, la malnutrition sévère risque de tuer 350 000 enfants si rien n’est fait, alerte également l’ONU.
« Les changements climatiques ont aggravé et prolongé la sécheresse provoquée par La Niña dans la Corne de l’Afrique, qui a abouti à la pire situation enregistrée depuis les années 1980.
Pourtant, cette région fait partie de celles qui contribuent le moins à la crise climatique » détaille Oxfam.
« La sécheresse, conjuguée aux conflits et aux problèmes économiques causés par la pandémie de Covid-19, a poussé la population dans ses derniers retranchements : elle n’est désormais plus capable de s’en sortir seule.
La guerre en Ukraine a par ailleurs provoqué une flambée des prix des denrées alimentaires, déjà très élevés, jusqu’à un niveau jamais vu » alerte Guillaume Compain, chargé de campagne agriculture et sécurité alimentaire chez Oxfam France.
Des sécheresses en hausse de 29 %
Un autre rapport, publié par la Convention des Nations-Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) à l’occasion de la COP15 Désertification d’Abidjan, relève que depuis 2000, le nombre et la durée des sécheresses ont augmenté de 29% dans le monde.
Plus de 2,3 milliards de personnes sont aujourd’hui confrontées au stress hydrique et près de 160 millions d’enfants sont exposés à des sécheresses graves et prolongées, indique le rapport.
Si rien n’est fait, d’ici 2050, les sécheresses pourraient toucher plus des trois quarts de la population mondiale.
« Nous sommes à la croisée des chemins », affirme Ibrahim Thiaw, le secrétaire exécutif de la CNULCD, notant l’impérieuse nécessité de s’orienter vers les solutions plutôt que de poursuivre les actions destructrices, en croyant que des changements marginaux peuvent guérir l’échec systémique.
Il met en avant « une des solutions les meilleures et les plus complètes, la restauration des terres, qui s’attaque à de nombreux facteurs sous-jacents des cycles de l’eau dégradés et à la perte de fertilité des sols. »
Neutralité en matière de dégradation des terres
Selon la CNULCD, 40 % des terres sont déjà dégradées au niveau mondial, et un scénario business as usual pourrait encore affecter 16 millions de kilomètres carrés, soit la surface de l’Amérique du Sud.
Mais d’autres voies sont possibles.
Ainsi un scénario ambitieux de restauration de la moitié de la surface terrestre permettrait de préserver 4 millions de kilomètres carrés supplémentaires de zones naturelles (la taille de l’Inde et du Pakistan).
Le sujet est au cœur de la COP15 Désertification qui se tient depuis le 9 mai à Abidjan en Côte d’Ivoire.
Si la conférence rassemble moins que ses grandes sœurs sur le climat et la biodiversité, elle devrait trouver un écho de plus en plus important au fil des années en raison de la détérioration rapide de la planète.
Parmi les projets mis en avant, il y a notamment celui de la Grande muraille verte, qui vise à restaurer 100 millions d’hectares dans les onze pays de cette ceinture soudano-sahélienne.
La CNULCD note également que 128 pays ont désormais exprimé leur volonté d’atteindre ou de dépasser la neutralité en matière de dégradation des terres d’ici 2030.
« À aucun autre moment de l’histoire moderne, l’humanité n’a été confrontée à un tel éventail de risques et de dangers, familiers ou non », affirme la CNULCD.