Résumé
Une dizaine de réacteurs nucléaires sont à l’arrêt, dont cinq en raison d’une anomalie technique dans la tuyauterie.
La capacité de production d’électricité nucléaire est ainsi réduite de 20%.
Pour compenser, les fossiles tournent à fond, augmentant les émissions de gaz à effet de serre en France.
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On ne se pose pas forcément la question, bien au chaud, lumières allumées à la maison ou au travail mais, pour que l’on ait tous de l’électricité en ce moment et que tout fonctionne normalement, ça rame sévère derrière…
Saviez-vous que 18 de réacteurs nucléaires, sur les 56 que l’on compte en France, sont actuellement à l’arrêt ?
Cela correspond à 30% de capacité énergétique en moins sur l’ensemble du pays.
Ce qui oblige la France à compenser par d’autres moyens. François-Marie Bréon, climatologue et physicien :
« On est en situation d’importateur, on a besoin de l’électricité de nos voisins et on fait tourner à fond nos centrales au gaz et au charbon, ce qui est un problème pour le climat puisque l’on émet beaucoup plus de gaz à effet de serre en ce moment. »
Anomalies
Si certains sont en maintenance, cinq réacteurs nucléaires en particulier sont touchés par une anomalie dans les tuyauteries du système d’injection de sécurité, c’est-à-dire celui qui injecte de l’eau dans le cœur du réacteur en cas de brèche du circuit de refroidissement.
Karine Herviou, directrice adjointe de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire :
« C’est un phénomène de corrosion à proximité des soudures qui va créer de petites fissures dans le matériau (…) si jamais ces fissures progressent et bien on peut avoir une fuite au niveau du circuit affecté, des fuites faiblement radioactives. »
Pas de danger imminent mais un arrêt immédiat pour procéder à plusieurs mois de vérifications par les services d’EDF.
L’anomalie peut affecter soit tous les réacteurs d’un même type soit tous les réacteurs du parc français. – Karine Herviou
Au regard de la place du nucléaire dans le pays, l’enjeu est de taille. L’ONG Greenpeace dénonce cette dépendance :
« La France se retrouve dans une situation quasi inextricable, (…) il suffit d’un coup de froid pour qu’il y ait un réel danger pour la sécurité d’approvisionnement.
Les gouvernements n’ont jamais anticipé cette situation ni jamais anticipé une véritable transition énergétique (…) c’est un vrai problème. » – Jean-François Julliard, Directeur général Greenpeace France
En ce qui concerne le vieillisement des parcs nucléaires, le retour d’expérience internationale montre que les anomalies sont assez indépendantes de l’âge du réacteur, assure Karine Herviou.
Un phénomène, deux réactions
On pourrait imaginer que cette situation aiderait à valider les arguments des anti-nucléaires, comme Greenpeace France qui souhaite 100% d’énergies renouvelables en 2050 mais c’est plutôt l’effet inverse qui se produit.
Au nom de la sûreté et de la sécurité d’approvisionnement, ce phénomène souligne le besoin d’avoir plus de réacteurs pour éviter d’avoir recours aux importations carbonées, aux énergies fossiles voire pour se prémunir d’éventuelles coupures d’électricité.
C’est ce que défend le chercheur François-Marie Bréon :
« Il faut prendre des marges c’est à dire avoir plutôt plus de réacteurs que ce dont on a besoin en permanence pour pouvoir justement se permettre d’arrêter des réacteurs pour contrôle sans que ça mette le réseau par terre.
Ceux qui s’imaginent que les énergies renouvelables intermittentes nous donneraient une plus grande sécurité d’approvisionnement se trompent lourdement parce qu’actuellement elles produisent très peu : on est en hiver donc le solaire produit très peu, au milieu d’un anticyclone donc l’éolien produit très peu. »
Si on avait remplacé des réacteurs nucléaires par des énergies renouvelables en éolien et solaire on serait aujourd’hui dans une situation beaucoup plus difficile que ce que l’on vit actuellement – François-Marie Bréon
Le sujet est électrique et les accusations sur les limites actuelles des énergies renouvelables font débat.
La seule chose que l’on peut affirmer aujourd’hui c’est que la production nucléaire d’EDF pour 2022 a été revue à la baisse : 300 à 330 Térawatt/h contre 330 à 360 à l’origine.
