Le réchauffement climatique mais aussi la déforestation ainsi que parfois le fait de ne pas assez debroussailler ont également un rôle majeur sur l'origine de ces incendies.

Les plus gros incendies en France, en Grèce ou au Portugal sont pour la plupart maîtrisés. 

Laissant place à des paysages désolés. 

Et aux interrogations sur la manière d’accompagner la régénération de la forêt.

Par exemple les collines de Bormes après l’incendie de juillet 2017

Les collines de Bormes-les-Mimosas ont brûlé dans leur presque totalité. 

Il y a un an 141 000 hectares au Portugal, 15000 hectares en Gréce , 12000 hectares en France, sans parler de la Californie …le bilan de l’année 2017 par exemple fut lourd. 

En France, une aide de l’Etat de 165 000 € avait été promise 10 août 2017 par l’ex  ministre Nicolas Hulot pour la reconstitution du milieu naturel et la restauration des sentiers.

DÉCRYPTAGE.

Bien que 90 % des feux de forêt soient d’origine humaine, le ravage des paysages méditerranéens par les flammes fait partie d’un cycle naturel.

« Il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui, l’homme fait partie de l’écosystème, explique Eric Rigolot, directeur l’Unité de recherche écologie des forêts méditerranéennes à l’Inra. 

Le parcours des troupeaux dans le milieu naturel a fortement contribué à son évolution et la végétation s’est adaptée. 

Le maquis et la garrigue sont très liés au pastoralisme. »

Aujourd’hui, avec le recul des activités agricoles, la forêt regagne du terrain d’environ 1 % par an, et ce, malgré les incendies.

Sur la plupart des feuillus et quelques résineux comme le genévrier, de nouvelles pousses apparaissent spontanément après un incendie, on parle de « rejet ». 

Par exemple depuis les branches pour le chêne-liège ou depuis le sol pour le chêne vert. 

Et la repousse profite d’un système racinaire déjà existant. 

Pour les résineux, la régénération se fait par les graines situées dans les cônes. 

Le mieux adapté est le pin d’Alep, qui brule facilement mais « dont les cônes sont fermés par une résine qui fond au contact du feu, libérant une pluie de graines au sol », raconte Marion Toutchkov, de l’Agence défense des forêts contre l’incendie à l’Office national des forêts (ONF). 

Quant au pin parasol, il supporte les feux de surface avec ses aiguilles très éloignées du sol.

Enfin, la terre est fertilisée par les cendres et, au début, les nouvelles pousses n’ont pas à faire face à beaucoup de concurrence pour se développer. 

Ainsi, « en quelques dizaines d’années, on observe l’apparition d’une garrigue basse, puis haute, des pins et enfin des feuillus », décrit Marion Toutchkov.

Un petit coup de pouce de l’homme

La nature a néanmoins parfois besoin d’un coup de pouce de l’homme pour se régénérer efficacement. 

La terre n’étant plus tenue par la végétation, elle peut être emportée par des coulées de boues lors des premières pluies suivant l’incendie.

« On peut la retenir en coupant les troncs à un mètre pour s’en servir de piquet bloquant les branchages en travers de la pente et obtenir ainsi un frein naturel avec ces fascines », détaille Eric Rigolot. 

Autre solution, « couvrir le sol de filets biodégradables qui vont retenir la terre et les graines pour créer des îlots de biodiversité », explique Marc Duncombe, directeur du Parc national de Port Cros, dont plus de 500 hectares sont partis en fumées sur les communes de La Croix-Valmer et de Ramatuelle (Var).

Mais ensuite, on laisse la nature faire. « L’idée de mener d’urgence des actions de réhabilitation relève d’une volonté politique mais n’est techniquement pas toujours une solution appropriée », avertit Marion Toutchkov. 

En d’autres termes : soutenir les  certes généreuses  actions visant à replanter au plus vite est en réalité contre-productif. 

Non seulement il s’agit d’initiatives coûteuses (il faut préparer le terrain, acheter le plant, l’acheminer, le mettre en terre, le protéger, etc.) mais surtout leur résultat est loin d’être assuré. 

« Les essences peuvent être mal adaptées, la terre pas assez riche, et surtout, le passage de la pépinière à la nature fatal à l’arbre », explique Marion Toutchkov. 

C’est pourquoi la première année, les forestiers observent comment les végétaux reprennent. 

Par la suite ils favorisent éventuellement le développement naturel de certains arbres voire de certaines espèces.

« On surveille aussi l’arrivée de plantes opportunistes comme le mimosa qui, par un développement excessif, peuvent finalement appauvrir la biodiversité », précise Marc Duncombe.

Ce n’est qu’après cet accompagnement de la revégétalisation naturelle que, dans de rares cas, les forestiers envisagent certaines plantations pour réintroduire une espèce absente.

Des dizaines d’années pour reconstituer la forêt

Quand le paysage ressemblera-t-il à celui qui existait avant les incendies ? « 

Il faut plusieurs dizaines d’années », avertit Marc Duncombe. 

Mais si la forêt dispose de ce temps sans brûler à nouveau, elle se régénérera entièrement. 

Le véritable danger pour l’écosystème vient de feux qui se répètent trop souvent. 

“Si la banque de graines et la structure du sol n’ont pas le temps de se reconstituer, la dégradation du milieu peut être dramatique, affirme Marion Toutchkov. 

La recherche a montré que le seuil critique entre deux incendies se situe à une vingtaine d’années ».

2017 : la pire année depuis 2003

Fin juillet, pour la seule zone méditerranéenne, on comptabilisait déjà environ 12 000 hectares brûlés.

« Alors que l’été est loin d’être fini, ce chiffre a été déjà supérieur au bilan annuel des dix dernières années. 

Ce sera sans doute la pire année depuis 2003 où l’on a déploré 60 000 hectares partis en fumée, témoigne Marion Toutchkov. 

Depuis, la situation s’était stabilisée à environ 6 000 hectares par an. »

« Mais avec le changement climatique, on change aussi de régime de feu, s’inquiète Eric Rigolot. 

On voit que la forêt augmente, la biomasse avec elle, et il y a de moins en moins de ruptures par des terrains agricoles. 

Avec une végétation plus sèche, les feux seront de plus en plus puissants et vont parcourir des distances de plus en plus grandes. 

Et l’augmentation du nombre d’habitations conduit d’une part à l’augmentation mécanique des départs de feu et d’autre part à un accaparement des pompiers pour la protection des maisons au détriment de la maîtrise de l’incendie.

D’où la nécessité de renforcer les mesures de préventives : débroussaillage des bords de route et des terrains autour des maisons, des bordures des forêts exposées au vent, définition de zones stratégiques largement débroussaillées ou plantées de vigne ou d’oliviers pour stopper la propagation du feu. 

On mobilise environ 500 millions d’euros pour les feux de forêts. 

Mais la prévention ne compte que pour un tiers. 

Or le meilleur moyen de lutter contre un feu, cela reste de l’empêcher de partir », conclut Eric Rigolot.

La tortue, trop lente pour se sauver

La plupart des animaux, notamment les grands ongulés et les sangliers, se tiennent à distance du feu ou parviennent à fuir. 

Exception notoire : la tortue d’Hermann, l’unique tortue terrestre de France métropolitaine, présente uniquement dans le Var et le massif de l’Estérel.

« Ces animaux ne se déplacent tout simplement pas assez vite pour échapper aux flammes », explique Bernard Devaux, directeur du Village des tortues à Carnoules (Var), seul lieu en France dédié à la conservation et la reproduction des tortues. 

Victimes des feux et de l’urbanisation, les tortues d’Hermann se sont faites rares : « Entre 2 à 10 à l’hectare dans les zones protégées », estime Bernard Devaux. 

Mais elles ne seront pas réintroduites pour autant dans les régions brûlées.

Il y a une trentaine d’années, on repeuplait beaucoup, mais aujourd’hui, la politique du ministère de l’Environnement consiste à ne réintroduire des animaux que dans 5300 hectares de réserve dans le massif des Maures.

Sur les communes de La Croix-Valmer et Ramatuelle, où l’on estime qu’environ 500 tortues ont dû périr, deux ont été retrouvées vivantes en périphérie de la zone sinistrée. 

Elles ont été équipées d’émetteurs pour observer leur comportement.

« Aucune population ne se réinstallera avant un ou deux ans, mais dès les prochaines pluies, certaines tortues iront manger les premières herbes qui repousseront », espère Bernard Devaux.

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