Si la grande mer d’Aral côté Ouzbek et côté Tadjik semble condamnée . La petite Aral côté Kazakh connaît une renaissance et certains poissons et certaines espèces réapparaissent. Nous espérons que ce retour à la vie continue de plus belle.

La mer d’Aral que l’on croyait morte est revenue à la vie

Grâce aux importants efforts de restauration de l’écosystème, les poissons sont de retour dans la partie nord de la mer d’Aral.

Un soulagement pour les populations qui en dépendent.

Alors qu’elle était l’un des lacs d’eau douce les plus grands au monde avec une superficie de plus de 67 000 km², la mer d’Aral a été victime des politiques agricoles de l’Union soviétique dans les années 1950.

Afin d’irriguer les cultures de coton, le gouvernement a pris la décision de détourner l’eau de l’Ama Darya et du Syr Darya, les deux fleuves qui se jetaient dans la mer.

La baisse du débit d’eau dans la mer d’Aral a provoqué une hausse de la salinité et les espèces de poisson d’eau douce ont commencé à périr.

Dans les années 1980, la pêche dans la région d’Aralsk n’était plus qu’un lointain souvenir.

Avec la disparition de cette industrie, qui constituait l’un des plus importants employeurs de la région, la population est partie en masse.

Ceux qui sont restés ont alors dû affronter des conditions météorologiques extrêmes, conséquences de l’assèchement de la mer, et ont vu leur état de santé se détériorer.

« Nous avons détruit l’Aral et la Nature s’est vengé sur nous », a déclaré Madi Zhasekenov, directeur du musée de la région d’Aralsk et du musée des pêcheurs.

Située dans un climat aride et froid l’hiver, elle accueille une végétation de steppe sèche à graminée, parsemée d’artemisia (arbuste adepte des terrains calcaires), de saxaoul (arbuste aux rameaux verts sans feuilles) et d’«herbe à chameau» appréciée des nomades.

Mais les rives de l’est et du sud, en contraste avec les autres, abritaient aussi le tougaï, véritable petite forêt vierge alimentée par les nappes phréatiques, et regorgeant de faune et de flore, dont le tigre de Sibérie.

De ces paysages variés, du temps où l’Amou Darya et le Syr Darya, alimentaient généreusement la mer, il ne reste que quelques lambeaux, quelques «réserves naturelles» fragiles.

La mer, partagée entre trois Etats : Kazakhstan, Ouzbékistan et un peu Turkménistan, et les quelques villes qui survivent sur ses rivages, ou plutôt sur ce qui était autrefois ses rivages : Noukous, Aralsk ou Mouinak, bien loin des foules.

La salinité y fut multipliée par trois, la pêche qui servait à alimenter Moscou disparut (seule la limande réussit à s’accommoder d’un tel niveau de salinité), et la mer se sépara en deux morceaux, la petite mer d’Aral au nord et la grande mer au sud et à l’ouest.

Le port de pêche d’Aralsk, tout au nord autrefois très actif se retrouva à des dizaines de kilomètres du bord de l’eau.

Coté culture du coton par contre, ça à très bien marché et l’Ouzbekistan, avec 7.5 millions d’hectares irrigués, en est devenu le quatrième producteur mondial.

Ses exportations représentent 25 % de la totalité des exportations du pays.

C’est dire qu il sera difficile de pouvoir rétablir la situation ante d’approvisionnement en eau douce de la mer d’Aral.

Ce qui restait donc de la mer d’Aral elle même se scinda en deux,la petite mer au nord et la grande mer au sud.

Un port de pèche important comme celui d’Aralsk tout au nord se trouva relègué à plus de 100km des eaux libres.

Vous avez sans doute vu des photos de ce qui était autrefois une mer devenu une steppe aride, sablonneuse, parsemée de carcasses rouillées de bateaux de pêche où paissent des chameaux.

L’ouest a heureusement fait preuve de solidarité et la Banque Mondiale a ainsi financé avec le gouvernement Kazakh un barrage de 13 kilometres, celui de Kokaral, à 250 km au sud d’Aralsk pour bloquer les eaux et tenter de recréer un petite mer d’Aral.

C’est ce qui s’est produit grace aussi, coté kazakh,à une diminution des prélèvements d’eau pour l’irrigation.

Car du coté de l’Ouzbekistan infiniment moins riche de pétrole que son voisin Kazakh, il n’est pas question de se passer du coton qui compte pour 25 % de ses exportations.

Un espoir était apparu néanmoins avec l’intérêt porté à un projet de reconquête des rives de la la mer d’Aral par….la Banque Mondiale qui avait financé dans un premier temps pour 2.5 millions de dollars la construction d’une digue de sable(!) qui malheureusement, ne résista par longtemps aux tempêtes.

Elle avait eu l’utilité néanmoins, de démontrer que grâce à elle, le niveau d’eau avait pu remonter de manière inattendue, ce qui donna des arguments aux promoteurs du projet pour convaincre la Banque Mondiale d’aller plus loin.

C’est ainsi que fut finalement construit la digue de Kokaral, un ouvrage de 14 km à l’embouchure du Syr-Daria, en dur cette fois.

Le résultat en est que le niveau d’eau dans la petite mer d’Aral a commencé à remonter pour atteindre, au dernier pointage, une profondeur maximale de 38 mêtres d’eau.

Or les experts hydrogéologues estiment que le niveau à partir duquel la mer d’Aral est encore « sauvable » est de 42 mètres d’eau.

Un bémol cependant, « sauver la mer d’Aral » s’applique à la petite mer d’Aral seulement, pour la grande, il faudrait au moins réduire de 50 % les surfaces irriguées pour produire du coton…

Prochaine étape, la construction sur le Syr Daria d’un second barrage pour en réguler le débit qui devrait permettre à la Petite Mer d’accéder à nouveau au port d’Aralsk et de retrouver une profondeur d’eau de l’ordre de 50 mètres.

Par contre la Grande Mer reste condamnée tant que l’irrigation cotonnière à partir de l’Amour Daria se poursuivra.

D’autant que plus en amont le Kirghistan souhaite développer ses capacités hydroélectriques…

La réapparition de le petite mer a modifié le climat( -45°C en hiver/+50°c en été) pour le rendre un peu plus doux et la pluviométrie a augmenté.

Le poisson a réapparu et de nouvelles espèces vont y être introduit.

La Corée du Sud a même construit une conserverie de poisson flambante neuve qui commencera ses activités à base de poisson importé de  Mourmansk.

C’est néanmoins la preuve que ses promoteurs croient à la réapparition de la pêche dans la  petite Mer d’Aral.

A chaque jour suffit sa peine néanmoins.

Pour l’instant le niveau continue de monter peu à peu et on a vu réapparaitre timidement sur ses berges des canards, des oies sauvages, des hérons et d’autres oiseaux migrateurs en escale.

Bravo en tous cas à tous ceux qui ont porté un tel projet et à la Banque Mondiale que l’on n’attendait pas nécessairement dans une telle aventure.

Un retour à la vie pour cette mer intérieure dont on souhaite qu’elle puisse se poursuive…

 

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