
LA FLORE
La Diversité Florale des Plaines du Mont Kenya
Enveloppant le mont Kenya, les plaines, ou « lowlands », constituent une part importante du plateau Est-africain et se trouvent généralement à une altitude avoisinant les 1 000 mètres.
La chaleur et la sécheresse qui caractérisent le climat de ces régions ont favorisé le développement d’une végétation essentiellement savanique, marquée par la présence d’épineux.
Un éventail d’espèces d’herbes y prospère, apportant des nuances de vert à ce paysage aride.
Les arbres et les arbustes, dispersés çà et là, servent les besoins divers des populations locales.
On trouve fréquemment dans ces zones le lantanier et différentes espèces d’euphorbes, des buissons robustes utilisés dans la construction de haies et de palissades.
Si les savanes abritent des foyers d’espèces originelles, dominés par les genres Acacia et Combretum, elles ont également accueilli de nouvelles espèces, introduites pour des besoins alimentaires et économiques.
Les eucalyptus et les arbres fruitiers figurent parmi ces nouvelles venues qui ont su s’adapter à ce climat difficile, témoignant de la capacité de la nature à se réinventer face aux défis et aux besoins humains.
Les Terres Cultivées du Mont Kenya : Un Paysage Agraire en Évolution
Sur les pentes basses du mont Kenya, à une altitude inférieure à 1 800 mètres, s’étend un paysage agraire intensif.
Ces régions tirent parti d’un sol riche en humidité et d’une grande fertilité due à une activité volcanique passée. Autrefois enveloppées de forêts luxuriantes, ces terres sont désormais laborieusement cultivées, les arbres résiduels évoquant un écho des espèces autrefois présentes.
Certains de ces arbres ont été préservés pour des raisons spécifiques, qu’il s’agisse de leur caractère sacré, comme c’est le cas du ficus, ou de leur utilité pratique.
Il n’est pas rare de voir des cultures vivrières pousser à l’ombre de ces géants silencieux, beaucoup d’entre eux ayant été épargnés lors de la déforestation pour fournir de l’ombre au bétail.
Dans le même temps, de nouvelles espèces exotiques telles que le pin, l’eucalyptus et le cyprès ont été introduites.
L’empreinte des Européens est indéniable dans le paysage agraire du mont Kenya.
Les cultures traditionnelles de millet, de sorgho ou d’igname qui étaient cultivées pour la subsistance au XIXe siècle ont été supplantées par des cultures plus lucratives telles que le blé et l’orge, favorisées par l’implantation de grandes fermes.
Les précipitations variables selon les versants ont entraîné une diversité de cultures. Sur les pentes méridionales plus humides, le thé, le café et le riz prospèrent.
Les pentes septentrionales, plus sèches, sont préférées pour les pommes de terre, le maïs, les agrumes et les mangues.
Pour augmenter la productivité, un système d’irrigation a été mis en place.
Cependant, malgré l’importance du mont Kenya comme source d’eau, une diminution de la quantité d’eau a été observée dans les régions en aval, entraînant des périodes de sécheresse.
LA FAUNE
Les plaines du mont Kenya étaient autrefois le terrain de jeu de nombreux animaux sauvages.
Les buffles, les rhinocéros, les lions et une variété d’antilopes étaient couramment observés, tout comme les hippopotames et les crocodiles peuplant les rivières.
Après 1900, la plupart de ces animaux ont été éliminés ou ont migré ailleurs, bien que certains, comme les hyènes et les porcs-épics, subsistent encore.
Au nord-est du mont Kenya, la forêt sur les hauteurs de Meru se distingue par des espèces légèrement différentes, dont certaines sont désormais confinées à cette région à cause de la déforestation.
Les mammifères, tels que les singes, les antilopes, les damans du Cap, les porcs-épics, les éléphants et les buffles d’Afrique, cohabitent dans ces forêts, bien que le rhinocéros ait été chassé jusqu’à l’extinction.
Les forêts du mont Kenya constituent un écosystème riche et diversifié, bien que fragile.
Malgré les défis posés par l’exploitation humaine et la déforestation, elles demeurent un havre de vie et de biodiversité, jouant un rôle crucial dans l’équilibre écologique de la région.
La Zone des Bambous du Mont Kenya : Un Écosystème Enchanté de Verdure et de Vie
La zone des bambous du Mont Kenya est une bande altitudinale distincte, s’étendant entre 2 200 et 3 200 mètres.
Comme une couronne naturelle, elle entoure la montagne, un spectacle remarquable et unique à l’Afrique de l’Est.
Cette caractéristique est authentiquement naturelle, non attribuable aux activités de déforestation.
Le bambou, spécifiquement Yushania alpina, est l’espèce dominante de cette zone.
Sa croissance est intimement liée aux conditions environnementales, nécessitant des précipitations suffisantes, un relief doux et un sol fertile.
Par conséquent, la densité de ces bambous varie selon les régions : clairsemée au nord où les conditions sont moins favorables et absente à certains endroits, tandis qu’à l’ouest et sur les pentes humides du sud-est, ces bambous peuvent atteindre des hauteurs vertigineuses, respectivement supérieures à neuf et quinze mètres.
Le caractère envahissant de Yushania alpina a un impact significatif sur la diversité végétale de cette zone.
Le bambou supprime toute autre forme de végétation, empêchant les jeunes arbres de pousser.
Néanmoins, quelques grands arbres survivent éparpillés, des vestiges d’un passé où la végétation était moins dense.
En ce qui concerne la faune, la zone des bambous ne fournit pas un habitat riche.
Les tiges ligneuses du bambou ne sont guère attrayantes pour la plupart des animaux, entraînant une faune peu variée.
Toutefois, des traces d’activité animale sont visibles à travers les nombreuses pistes qui sillonnent la zone.
Ces voies sont utilisées par de grands mammifères, tels que les buffles et les éléphants, dans leur migration entre la forêt et les landes.
Occasionnellement, ces géants de la faune africaine s’adonnent à un festin rare de jeunes pousses de bambou.
L’Étage Subalpin du Mont Kenya : Un Éden Floral entre Cimes et Vallées
Perchée entre 3 000 et 3 500 mètres d’altitude, l’étage subalpin du Mont Kenya se dévoile. Cette étendue, qui descend à des altitudes plus basses sur les pentes arides, est fréquemment baptisée zone Hagenia-Hypericum, du nom des arbres modestes qui y prédominent.
Un vent de diversité souffle dans ce royaume des cimes où cohabitent de manière harmonieuse des espèces telles que les Kniphofia, les imposants Lobelia et les délicates violettes africaines. Ces dernières, en particulier, ajoutent une touche de couleur et de douceur à l’ambiance brute et sauvage de cette altitude.
Ce tableau idyllique dépeint un écosystème qui ne cesse de fasciner les amoureux de la montagne et de la nature sauvage.
La Zone des Landes et des Maquis du Mont Kenya : Un Écosystème de Contrastes et de Diversité
Entre 3 200 et 3 800 mètres d’altitude, la zone des landes et des maquis du Mont Kenya dévoile une biodiversité insoupçonnée, bien qu’elle soit moins distincte que ses équivalents sur le Kilimandjaro et la chaîne du Rwenzori.
Cette zone s’étend plus largement sur le versant oriental du mont Kenya, bénéficiant d’une pluviométrie plus importante.
Dans les vallées où elle s’impose, le sol se révèle souvent gorgé d’eau, un fait attribuable à la planéité relative et au drainage médiocre de ces milieux.
C’est dans ce contexte que s’étend la fameuse « tourbière verticale » ou « Vertical Bog », une portion de l’itinéraire Naro Moru qui s’élève depuis la bordure supérieure de la forêt jusqu’à environ 3 600 mètres d’altitude.
Sur ce terrain humide, les landes se déploient majestueusement, peuplées principalement d’arbustes et de bruyères arborescentes (Erica arborea) pouvant atteindre dix mètres de hauteur.
Le sol, quant à lui, se pare de mousses, notamment de sphaignes, de carex et de joncs (Juncus sp.) près des cours d’eau.
Des herbes de toute sorte foisonnent sur ce sol marécageux, entrecoupées de fleurs colorées telles que Geranium vagans, Kniphofia thomsonii, Disa stairsii, Gladiolus watsonioides ou encore Dichrocephala chrysanthemifolia var. alpina.
Parmi elles, se découvre également la Lobelia deckenii subsp. keniensis dans les zones humides, ainsi que des gentianes et d’autres espèces alpines aux altitudes les plus élevées.
Dans les milieux plus secs, le maquis, ou chaparral, s’impose, abritant une flore plus aromatique dominée par Artemisia afra ou Protea caffra subsp. kilimandscharica.
Ces espaces plus drainés, comme les moraines et les crêtes, sont plus propices à ce type de végétation.
Quant à la faune, elle est représentée par le Mabuya varia, un reptile fréquent qui se dissimule sous les touffes de fétuques et les roches.
De manière générale, les animaux qui évoluent dans ce milieu sont un mélange d’espèces forestières et alpines, incluant des rats, des souris, des campagnols terrestres, ainsi que leurs prédateurs naturels, les aigles, buses et milans.
Des troupeaux d’élands sont parfois repérés, et même des lions, bien que très occasionnellement.
L’Étage Afro-Alpin du Mont Kenya : Un Monde de Beauté Sauvage et d’Adaptation Exceptionnelle
L’étage afro-alpin du Mont Kenya, un monde isolé et magnifiquement brut, s’étend entre 3 800 et 4 500 mètres d’altitude.
Ses particularités géographiques ont favorisé l’évolution de nombreuses espèces endémiques, peuplant un paysage modelé par des écarts de températures marqués et une atmosphère sèche et ténue.
Ce terrain diversifié sert de toile de fond à un kaléidoscope de plantes résistantes, toutes adaptées à l’environnement rude.
Les fétuques dominent ce tableau, mais une grande variété de fleurs sauvages, avec plus de cent espèces, éclatent en beauté tout au long de l’année.
Parmi elles se trouvent des immortelles, des renoncules, des Asteraceae et Gladiolus crassifolius, un glaïeul africain.
Les immortelles préfèrent les zones sèches et produisent des fleurs blanches ou roses, tandis que les renoncules jaunes poussent dans les zones humides.
Toutefois, les véritables vedettes de l’étage afro-alpin sont les séneçons géants, uniques aux montagnes d’Afrique de l’Est.
Les espèces Dendrosenecio keniodendron et Dendrosenecio keniensis s’élèvent fièrement à plus de dix mètres de hauteur.
Ces plantes, tout comme Lobelia deckenii subsp. keniensis, ont adapté leurs tissus pour permettre le gel de l’eau à l’intérieur de leurs cellules sans les endommager.
Des prédateurs comme le léopard, le lycaon, le lion et la mangouste rouge ont été observés, mais ils ne font généralement que des incursions occasionnelles dans l’étage afro-alpin, préférant les régions plus basses pour leurs périodes de repos.
L’altitude n’empêche pas une population diversifiée d’oiseaux de faire de l’étage afro-alpin leur domicile, avec des espèces de souimangas, de traquets afroalpins, de sturnidés, de bergeronnettes et de rapaces.
La buse rounoir, le gypaète barbu ou l’aigle de Verreaux ( voir photo) sont quelques-uns des habitants emplumés de ces hauts plateaux.
En dépit des rigueurs du climat, des papillons sont présents pendant la saison sèche. En revanche, l’altitude élevée est inhospitalière pour les abeilles, les guêpes, les puces et les moustiques.
La faune aquatique est aussi représentée par la truite, introduite dans les cours d’eau et les petits lacs.
De plus, la grenouille subalpine, le lézard alpin, la vipère de Hind et l’Algyroides alleni sont quelques-uns des reptiles et amphibiens qui vivent à cette altitude élevée.
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