Et il faut aussi protéger les espèces animales.

 Risque imminent de pertes soudaines et graves de biodiversité

Sous l’effet du changement climatique, la biodiversité ne décline pas progressivement, mais par vagues de manière brutale

Seul le maintien du réchauffement climatique sous la barre de 2 degrés permettrait de préserver les écosystèmes et éviter les pandémies.

Pour y parvenir, la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité (FRB) recommande quelques pistes pour (re)dessiner les contours « d’une nouvelle forme de cohabitation entre les humains et l’ensemble des vivants non-humains ».

1. Protéger les habitats naturels

« La fragmentation et la réduction rapide des habitats naturels qui génèrent un effondrement de populations animales et végétales sont vraisemblablement à l’origine de la multiplication des zoonoses », rappelle la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité.

D’un côté, parce que les animaux sauvages abritent plusieurs milliers de virus, la destruction de leurs habitats et la chute corrélative de leurs effectifs incitent ces virus à trouver un nouvel hôte à infecter : l’humain.

De l’autre, les espèces animales, privées de leurs habitats naturels, tendent à se rapprocher des Hommes ; or, la promiscuité facilite la transmission de pathogènes.

Une forme de cohabitation plus respectueuse des vivants non-humains devra être mise en place.

Dès lors, la protection efficace de la biodiversité et de l’Humanité implique d’accroître la surface d’espaces protégés, à travers la mise en œuvre de politiques ambitieuses de création et de renforcement des « aires protégées », terrestres et marines, où les activités humaines y sont restreintes, voire interdites.

Celles-ci, qui protègent actuellement 15% de la planète, devraient, selon les scientifiques, couvrir au moins 30% de sa surface d’ici 2030.

En dehors de ces espaces, il est tout autant indispensable de réduire rapidement et sensiblement les pressions sur la biodiversité, y compris dans les milieux agricoles et urbains.

« Plus spécifiquement, la destruction des écosystèmes et donc des habitats de la vie sauvage résiduelle doit être impérativement stoppée », recommande la Directrice de la FRB.

2. Préserver les espèces animales

« Les humains exploitent de manière très significative la faune sauvage pour leur alimentation ou les pharmacopées traditionnelles au prix, cette fois encore, de contacts multiples avec celle-ci et d’une augmentation des risques d’émergence de zoonoses, rappelle la Fondation.

Interdire définitivement tout commerce d’espèces sauvages s’avère donc indispensable.

A cet égard, il importe « d’aider les pays les plus concernés à prendre la mesure de ces risques et à mettre en place d’une part, les moyens nécessaires au contrôle des réglementations et d’autre part, des modes de consommation et des filières de production alternatifs à ces pratiques », recommandent les scientifiques.

Cette protection doit s’étendre aux animaux jugés « nuisibles » qui participent au bon fonctionnement des processus de régulation naturelle.

En effet, les prédateurs contribuent à réguler les populations de rongeurs qui constituent souvent des hôtes de virus, tandis que les oiseaux charognards assurent l’élimination des carcasses d’animaux morts qui favorisent l’émergence de maladies.

En France, la révision du statut « d’animaux susceptibles d’occasionner des dégâts » apparaît, à ce titre, essentielle.

Dans les océans, « il faudrait que les processus de gestion durable de la ressource marine soient appliqués par les pays du monde entier, complète Hélène Soubelet.

Les quotas de pêche eux-mêmes devraient être basés sur les meilleures connaissances disponibles et revus en tant que besoin ».

La destruction des écosystèmes doit être impérativement stoppée.

Par ailleurs, la domestication animale a joué un rôle majeur dans l’émergence des pandémies.

« La diversité génétique des animaux d’élevage a été fortement réduite au cours des dernières décennies, au travers d’un processus de standardisation de productions agroalimentaires et d’uniformisation des espèces : cela facilite aussi la diffusion de la maladie, ajoute Hélène Soubelet.

Il existe des pratiques agricoles tout à fait compatibles avec la biodiversité, comme l’agroécologie, l’agroforesterie, la polyculture élevage.

Il faut les encourager et supprimer les aides à toute autre forme d’agriculture ».

En septembre 2019, la Fondation 30 Millions d’Amis avait co-signé – avec près de 200 personnalités et organisations  l’appel de l’association L214 pour engager une transition agricole et alimentaire « vers une consommation essentiellement végétale, durable, saine, respectueuse de l’environnement, des animaux et des humains ».

3. Intégrer la biodiversité dans les politiques publiques

Les prochains grands rendez-vous mondiaux devraient être l’occasion pour les Etats de s’engager pour la biodiversité.

L’efficacité et la pérennité du traitement des urgences sanitaires et sociales supposent alors d’intégrer la préservation de la biodiversité, non pas seulement à la stratégie post-crise, mais aussi, plus généralement, aux diverses stratégies de développement (sanitaire, économique, urbanistique,…).

« Cela implique qu’une aide financière internationale puisse être mobilisée pour permettre aux pays les moins développés d’assurer ce type de service, préconisent les chercheurs.

Les prochains grands rendez-vous internationaux – que ce soit le congrès mondial de l’UICN ou encore la COP15 de la Convention sur la diversité biologique – devraient être l’occasion pour les gouvernements de s’engager fortement et effectivement en faveur de la biodiversité ».

Seules une concertation multidisciplinaire et une harmonisation des réglementations, à l’échelle planétaire, permettront aux Etats d’ériger une stratégie efficace pour limiter le risque de crise sanitaire et environnementale d’une ampleur telle que celle que nous vivons actuellement.

 

 

 

Source :30 millions d’amis

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