La technique est française… et pionnière !
Une vingtaine de chiens, déjà spécialisés dans la recherche de stupéfiants, d’explosifs et de personnes disparues, sont désormais confrontés à un exercice inédit : repérer, parmi une série d’échantillons de sueur provenant de différents patients, l’odeur de la maladie Covid-19 en marquant l’arrêt se figer ou s’asseoir, .
Si d’autres expériences analogues sur la détection du Covid-19 par des chiens sont menées en Angleterre, en Belgique ou encore sur le continent américain, l’étude nationale initiée le 4 mai 2020, s’en distingue à plusieurs titres.
« Notre projet de détection olfactive du Covid-19 par des chiens est le 1er à avoir été lancé dans le monde, affirme Dominique Grandjean, Professeur à l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA) et Colonel à la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris.
Notre réflexion s’est tout de suite orientée vers la sueur provenant des aisselles des patients.
» A la différence des expériences étrangères, qui s’appliquent quant à elles à la salive, ou encore à l’urine.
Une substance facile à recueillir… et sans danger pour les chiens
Le choix de la sueur comme élément de détection du Covid-19 par les chiens constitue en effet le point le plus déterminant du projet Nosaïs, tant pour l’aspect opérationnel que pour la protection des personnes… et des canidés.
« On s’est tout de suite posé la question de savoir vers quoi on s’orientait en termes d’application, explique le Pr Grandjean.
Pour que notre protocole puisse s’appliquer dans la « détection de masse », par exemple dans les aéroports, il aurait été aberrant d’utiliser l’urine !
» Beaucoup plus facile à recueillir, la sueur possède en outre l’avantage de contenir une charge virale nulle.
Un élément essentiel en termes de sécurité et une garantie pour la protection des canidés, dont l’espèce n’est par ailleurs pas considérée comme sensible à la maladie.
« L’ENVA procède régulièrement à des prélèvements sur des chiens dont les maîtres sont malades du Covid, et aucun, jusqu’à présent, n’a été testé positif », rassure le professeur.
Dans le monde, les très rares cas de transmission de l’homme à l’animal ont concerné des félins.
Les patients Covid-positifs ont bien une odeur différente des individus Covid-négatifs.
Pr Dominique Grandjean, ENVA
Confrontés à plusieurs prélèvements disposés en ligne droite et séparés chacun d’un mètre et demi de distance, les chiens du projet Nosaïs se sont montrés capables d’identifier parmi des échantillons issus d’individus indemnes et des placébos,
le seul extrait provenant d’un patient testé positif au Covid-19. Bilan : un taux de réussite de presque 100 % !
« Nous avons ainsi pu élucider notre interrogation initiale :
« Les patients Covid-positifs ont-ils une odeur différente des individus Covid-négatifs ? »
La réponse est oui ! », se réjouit le Pr Grandjean.
Forte de cette certitude, l’équipe lancera dès le 25 mai 2020 la 2nde (et ultime) phase de l’étude.
Les chiens seront alors confrontés à un seul échantillon à la fois, afin de valider ou non leur capacité à identifier l’odeur du Covid-19 sans se tromper.
Parmi les 20 chiens ayant participé à la 1ère phase, 8 ont été formés à l’ENVA (94) notamment les canidés issus de la Brigade canine des Sapeurs-pompiers de Seine-et-Marne (SDIS 77) tandis que 8 autres ont été formés à Ajaccio (Corse) et 4 à l’Université franco-libanaise de Beyrouth.
La détection canine plus souple que le test virologique par PCR, duquel elle serait complémentaire
Si ces résultats très prometteurs venaient à se confirmer dans les prochaines semaines, le protocole du Pr Grandjean et de son équipe pourrait fournir une méthode de détection du Covid-19 à la fois peu coûteuse, fiable, et surtout aisée à mettre en œuvre à grande échelle, par exemple dans les aéroports à l’arrivée des passagers.
Un gain de temps précieux par rapport au test virologique par PCR, qui pourrait toutefois être réalisé à titre complémentaire, notamment pour décider de placer un voyageur en quatorzaine le cas échéant.
« Ce sont les autorités qui décideront de la mise en application, précise le colonel des sapeurs-pompiers.
Notre rôle se limitera à donner un mode d’emploi.