Selon une étude de l’Université de Californie, le coronavirus SARS-CoV-2 pourrait, en plus de son impact sur l’Homme, également être une menace pour certaines espèces animales.
La variation de la protéine ACE2, le récepteur principal du virus chez l’être humain, pourrait expliquer cette différence entre les espèces.
L’Homme n’est pas la seule espèce confrontée à la menace du SARS-CoV-2, le coronavirus à l’origine de la maladie Covid-19.
C’est en tout cas ce que suggère une étude de l’Université de Californie (UC, Davis) publiée ce 21 août 2020 dans la revue PNAS.
Pour arriver à une telle conclusion, une équipe internationale de scientifiques a utilisé l’analyse génomique pour comparer le principal récepteur cellulaire du virus chez l’être humain l’enzyme de conversion de l’angiotensine 2, ou ACE2 avec ceux de 410 espèces de vertébrés, incluant des oiseaux, des amphibiens, des reptiles ou encore des mammifères
25 séquences d’acides aminés nécessaires à l’entrée du virus
Généralement, l’ACE2 se retrouve sur de nombreux types de cellules et de tissus, tel que les cellules épithéliales du nez, de la bouche et des poumons.
Chez l’Homme, 25 acides aminés de la protéine ACE2 sont nécessaires pour que le virus se lie et pénètre dans ces cellules.
C’est donc sur ces 25 séquences d’acides aminés, ainsi que sur une modélisation 3D de la structure protéique, que toute l’étude américaine est basée :
« Les animaux dont les 25 résidus d’acides aminés correspondent à la protéine humaine sont ceux qui risquent le plus de contracter le SARS-CoV-2 via l’ACE2 », explique dans un communiqué Joana Damas, première auteure de l’étude et associée de recherche postdoctorale à l’UC.
« Le risque devrait diminuer au fur et à mesure que les résidus de l’espèce qui se lient à l’ACE2 diffèrent de ceux des humains ».
Risque modéré pour les chats, faible pour les chiens
Les résultats, consignés dans les premières figures de l’étude, classent les espèces étudiées dans différentes catégories selon la ressemblance de leur protéine ACE2 avec la version humaine.
Sans surprise, les primates, animaux les plus proches génétiquement de l’Homme, sont les plus vulnérables.
Viennent ensuite les animaux signalés « à haut risque », tel que les hamsters chinois, les cerfs et de nombreux mammifères marins incluant les baleines grises et les grands dauphins.
Les animaux domestiques, quant à eux, sont davantage épargnés : les chats ne présentent qu’un risque modéré d’être infectés par le virus, tandis que les chiens sont classés « à faible risque ».
Les bovins, moutons et porcs présentent également un risque faible à modéré.
Des espèces vulnérables au coronavirus et menacées d’extinction
Mais le SARS-CoV-2 qui a fait des centaines de milliers de morts dans le monde, ne représente qu’une menace supplémentaire pour certaines espèces.
Plusieurs d’entre elles sont en effet gravement menacées d’extinction, dont de nombreux primates : le gorille des plaines de l’Ouest, l’orang-outan de Sumatra et le gibbon à joues blanches du Nord seraient ainsi autant menacés d’extinction qu’exposés à un risque très élevé d’infection par le CoV-2 du SARS via leur récepteur ACE2.
Au total, environ 40 % des espèces potentiellement sensibles au SARS-CoV-2 sont classées comme « menacées » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et pourraient être particulièrement vulnérables à la transmission de l’Homme à l’animal.
« Ces données constituent un point de départ important pour identifier les populations animales vulnérables et menacées qui risquent d’être infectées par le SARS-CoV-2 », a déclaré Harris Lewin, auteur principal de l’étude et professeur d’évolution et d’écologie à l’UC.
« Nous espérons qu’elles inspireront des pratiques qui protégeront à la fois la santé animale et la santé humaine pendant la pandémie ».
ACE2 n’est peut-être pas le seul responsable
Malgré leurs résultats expérimentaux, les auteurs de l’étude invitent à la prudence concernant leurs résultats. I
ls expliquent notamment que les risques réels sur les différentes espèces ne seront confirmés qu’avec des données expérimentales supplémentaires.
De plus, des cas documentés d’infection par le SARS-CoV-2, comme par exemple chez le vison, le chat, le chien, le hamster, le lion ou encore le tigre ont pu montrer que le virus pouvait utiliser d’autres récepteurs que l’ACE2 pour accéder aux cellules-hôtes.
Des études plus poussées sont en cours pour prédire les risques réels sur les différentes espèces