Ces mesures devraient êtres effectives en 2022.

Un exemple à suivre !

La Grande-Bretagne se prépare dans le cadre du Brexit à interdire l’exportation d’animaux vivants (à l’exclusion des volailles) vers des pays tiers, selon une information révélée par le Guardian(3/12/2020)

« Les animaux doivent généralement supporter des trajets excessivement longs pendant les exportations, ce qui est source de détresse et de blessures », a déclaré le ministère britannique de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales (Defra), cité par le quotidien national.

En 2018, pas moins de 6400 ovins, bovins et caprins ont été exportés par la Grande-Bretagne vers l’Europe continentale pour y être abattus.

Cette décision ne concernerait pas en revanche l’Irlande du nord, dont la réglementation resterait calquée sur celle de l’Union européenne.

Le fruit d’un demi-siècle de mobilisation par les ONG britanniques

Ce projet doit encore faire l’objet d’une consultation de 8 semaines entre l’Angleterre et le Pays-de-Galles, puis de discussions avec l’Ecosse, avant d’aboutir à des mesures concrètes prévues d’ici 2022.

De nombreux organismes de protection animale ont déjà fait part de leur satisfaction, à l’instar de la Société royale contre la cruauté animale (RSPCA) et de l’ONG de protection des animaux de ferme Compassion in World Farming (CIWF).

« Nous menons campagne depuis plus de 50 ans contre les souffrances massives causées par ce commerce inhumain et archaïque, c’est pourquoi cette proposition sans ambiguïté est la bienvenue », s’est réjoui Peter Stevenson, conseiller politique en chef de CIWF-UK.

Si une interdiction stricte de l’exportation d’animaux vivants était prononcée, la Grande-Bretagne deviendrait le premier pays en Europe à adopter cette mesure.
D’autres pays européens ont également pris position ces dernières semaines.

C’est notamment le cas de l’Allemagne, où les autorités de l’une des plus grandes régions exportatrices de bétail a récemment refusé d’approuver le départ de 132 génisses reproductrices à destination du Maroc, au motif que le transport prévu risquait de nuire au bien-être des animaux, et que l’abattage dans le pays d’arrivée n’était pas effectué dans des conditions satisfaisantes ; une décision confirmée en appel devant les tribunaux (General Anzeiger, 18/11/2020).

Aux Pays-Bas, la ministre de l’Agriculture, de la Nature et de la Qualité des aliments a quant à elle manifesté son opposition à l’importation de veaux depuis l’Irlande, le Danemark, la République Tchèque et les pays baltes (Agriland, 29/10/2020).

La France à la traîne, encore et toujours ?

La présence d’un vétérinaire n’est même pas obligatoire à bord des bateaux qui quittent l’UE. selon Maria Boada, Animal Welfare Foundation

A l’échelle de l’Union européenne, une commission d’enquête sur le transport d’animaux d’élevage avait été lancée dès juin 2020, dans l’objectif de renforcer la réglementation pour améliorer la protection des animaux de ferme.

« C’est un premier pas important qui va nous donner les moyens de nous pencher sur les raisons de ces souffrances endurées par les animaux », s’était félicitée l’eurodéputée (Verts/ALE) Caroline Roose.

La France, en revanche, semble rester encore une fois à la traîne…

« La Fondation 30 Millions d’Amis a multiplié ses demandes au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation pour réclamer l’arrêt des longs transports d’animaux vivants de boucherie, notamment, en cas de fortes chaleurs, rappelle Reha Hutin, Présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis.

Pourtant, chaque année, le même drame se répète !

Ce gouvernement ne cesse d’ignorer la demande d’une majorité de citoyens, soucieuse du sort réservé à ces êtres sensibles.

Des ports européens aux abattoirs libanais et marocains, le supplice des bovins nés en France puis exportés vers les pays du sud de la Méditerranée a récemment fait l’objet d’une triple enquête, menée par Welfarm partenaire de la Fondation 30 Millions d’Amis avec les ONG internationales Animal Welfare Foundation, Animals International et Animals’ Angels.

A chaque étape du trajet infernal, la violence est insoutenable.

Au port de Carthagène (Espagne), les ONG ont pu filmer des bovins nés en France et censés embarquer à destination de l’Afrique du nord.

Blessé aux pattes, un bovin s’est immobilisé sur le quai.

Roué de coups de pieds et de chocs électriques, l’animal a fini par être traîné dans un camion à destination de l’abattoir local, faute d’avoir pu être chargé sur le navire.

« Dans les ports européens comme dans les pays tiers, l’absence de contrôles, d’infrastructures et de sanctions est désastreuse pour les animaux, précise Maria Boada, chef de projet chez Animal Welfare Foundation, dans un communiqué.

La présence d’un vétérinaire n’est même pas obligatoire à bord des bateaux qui quittent l’UE.

Des milliers d’animaux sont ainsi privés de soins durant des jours, voire des semaines. »

La France occupe pourtant le 1errang des fournisseurs de bovins pour l’Espagne, qui est elle-même le premier exportateur d’Europe.

Pire, le calvaire des animaux est loin d’être terminé lorsqu’ils arrivent, épuisés, à destination.

Les ONG ont filmé le sort infligé aux animaux dans un marché aux bestiaux près de Rabat (Maroc).

On y aperçoit des bovins ficelés par les pattes… la tête recouverte d’une bâche en plastique !

Au Moyen-Orient comme en Afrique du Nord, j’ai vu ces animaux français endurer une mort lente et douloureuse.
Gabriel Paun, Animals International

« Aucune loi ne protège les animaux au Maroc, la situation sur les marchés et les abattoirs y est catastrophique », explique Héléna Bauer, chef de projet chez Animals’ Angels.

Or, en 2018, la France a exporté pas moins de 12 000 bovins vers ce pays. Les ONG se sont également infiltrées dans des abattoirs situés au Liban et au Maroc.

« Au Moyen-Orient comme en Afrique du Nord, j’ai vu ces animaux français endurer une mort lente et douloureuse à cause de travailleurs qui ne sont ni équipés, ni formés, constate Gabriel Paun, directeur Europe d’Animals International.

Ils utilisent des cordes pour les maintenir, ils les poignardent et leur cisaillent la gorge.

Les animaux sont terrifiés, ils souffrent et sont conscients jusqu’au bout. »

« Exporter oui, mais de la viande »

Par ailleurs, selon une enquête du Guardian(28/10/2020), les navires transportant du bétail sont deux fois plus susceptibles d’être « perdus » que ceux acheminant des marchandises.

En cause, l’utilisation de navires conçus pour d’autres fins que celle du transport d’animaux, mais aussi l’ancienneté de la flotte.

Parmi les pires catastrophes recensées dont celle du « Queen Hind », dont le chavirage avait causé en novembre 2019 la mort de plus de 14.000 moutons transportés de Roumanie vers l’Arabie saoudite, suivi par le naufrage du « Gulf Livestock 1 » en route depuis la Nouvelle-Zélande vers la Chine, et dans lequel avaient péri quelque 6000 bovins ainsi que 40 membres d’équipage en septembre 2020.

Alors pourquoi infliger aux animaux de tels supplices ?

La réponse pourrait se trouver dans l’aspect lucratif de ce commerce : l’exportation de bovins vers les pays hors UE a généré 118 millions d’euros en 2018, selon Welfarm.

« La France n’arrive même pas à détecter et résoudre les problèmes au sein de ses propres abattoirs, comment imaginer que nous puissions avoir la moindre influence sur ce qui se passe de l’autre côté de la méditerranée ?

La vérité est que la France n’a plus aucun contrôle dès que les animaux quittent son sol, fustige l’association.

Le seul moyen de leur éviter ces souffrances est de ne pas les envoyer là-bas vivants.

Autrement dit, exporter oui, mais de la viande. »

La Fondation 30 Millions d’Amis  qui a maintes fois interpellé le ministre de l’Agriculture pour suspendre le transport des animaux vivants, notamment en période de canicule milite pour une limitation des transports d’animaux vivants à 8 heures par jour et pour l’arrêt des exportations hors Union européenne.

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