Sachant que dans le pire des scénarios, qu’une insuffisance rénale est irréversible, mieux vaut prévenir que guérir.

Nos animaux de compagnie vivent de plus en plus longtemps, grâce notamment à une médicalisation accrue, et c’est tant mieux.

Le corollaire de cette longévité augmentée est malheureusement le développement d’affections chroniques, liées à l’âge.

Parmi elles, les maladies rénales et notamment l’insuffisance rénale chronique sont particulièrement fréquentes, surtout chez le chat.

Des traitements efficaces permettent de les gérer.

Ces dernières décennies, l’espérance de vie des chiens et des chats s’est accrue, en lien avec une meilleure médicalisation et une proximité renforcée entre l’Homme et l’animal qui concourt à une surveillance et à des soins renforcés.

On considère aujourd’hui que plus de 30 % de la population canine et féline française est âgée, même si cette notion d’âge est très variable chez l’animal et en particulier chez le chien, espèce dans laquelle elle est corrélée au gabarit.

Un grand chien sera ainsi vieux plus tôt qu’un petit (7/8 ans versus 10/12 ans).

Cette longévité accrue va malheureusement de pair avec le développement de maladies chroniques, liées à l’âge.

Parmi elles, la maladie rénale chronique fait figure de dominante pathologique, surtout chez le chat, une espèce particulièrement fragile des reins et sujettes aux maladies du bas appareil urinaire.

Un organisme qui vieillit perd en effet progressivement une partie de ses fonctionnalités et la fonction rénale n’échappe pas à la règle.

Avec l’âge, les reins du chien et du chat développent progressivement une fibrose.

Il semble qu’une cytokine particulière, la TGF B-1 (Transforming Growth Factor B-1), dont la production augmente à mesure que l’animal vieillit, en soit responsable.

Les fonctions de filtration et de réabsorption du rein en sont modifiées.

Des molécules toxiques comme l’urée ou la créatinine ne sont plus aussi bien éliminées alors que d’autres molécules qui normalement sont réabsorbées par le rein après filtration ne le sont plus.

Une insuffisance rénale peut progressivement s’installer.

Le rein ne fonctionne alors plus normalement et ne réalise plus ou pas efficacement la filtration du sang.

Plus de 30 % des chats âgés

2 à 20 % de la population féline serait concernée et plus de 30 % chez les chats âgés (plus de 12 ans).

Plus d’un chien sur dix serait également concerné.

La maladie évolue graduellement en fonction de la destruction progressive du rein.

Il est important de surveiller l’apparition des premiers signes d’une modification possible du fonctionnement du rein, d’autant plus qu’ils apparaissent alors que la fibrose a déjà commencé à s’installer depuis un certain temps.

Cliniquement, la maladie se traduit par différents symptômes plus ou moins pathognomoniques.

La polyuro-polydipsie (chat qui boit plus et urine plus) en est souvent le premier signe.

Surviennent ensuite des troubles digestifs (baisse de l’appétit, vomissement, constipation, diarrhée, ulcération des muqueuses, perte de poids), de la fatigue, un manque d’entrain, un pelage terne et sec, des troubles nerveux…

Si les symptômes cliniques sont évocateurs (PUPD surtout), la maladie se confirme par un dosage sanguin des paramètres rénaux (urée, créatinine et SDMA, un marqueur de la fonction rénale qui permet un diagnostic plus précoce de la maladie) dont les taux augmentent lors de l’affection.

Mesures de la densité urinaire, examens ECBU et RPCU sont également fondamentaux pour le diagnostic et le monitoring de l’évolution de l’affection rénale et tellement faciles à réaliser sur les chats par leurs propriétaires, en les dispensant du stress de la visite en clinique

Echographie rénale, voire mesure de la pression artérielle, peuvent être proposées par le vétérinaire en complément pour un diagnostic de certitude.

Un système de classification (IRIS) de ces paramètres diagnostiques permet d’évaluer le degré de sévérité de l’atteinte rénale.

Ralentir l’évolution de la maladie

La maladie rénale ne se guérit pas (les cellules rénales détruites le sont de manière irréversible), il est possible de contrôler son évolution et d’augmenter l’espérance et la qualité de vie de l’animal atteint par une gestion médicale et hygiénique adaptée.

Ce traitement doit être instauré à vie et nécessite donc une adhésion totale et une motivation du propriétaire.

Si une cause spécifique de la maladie rénale peut être identifiée ,elle doit bien sûr être traitée en priorité.

Mais dans la plupart des cas, l’objectif vise à traiter les complications et les affections intercurrentes et à ralentir la progression du dysfonctionnement rénal.

La gestion nutritionnelle est un axe majeur du traitement de la maladie rénale chronique.

La quantité de protéines doit être limitée mais ces protéines doivent être de bonne qualité.

L’alimentation doit être restreinte en phosphore et sodium mais supplémenté en potassium.

La maladie provoquant souvent une anorexie et un amaigrissement, il faut s’assurer de l’appétence optimale de la ration et traiter éventuellement les vomissements s’ils sont présents.

Pour un meilleur fonctionnement rénal, l’hydratation de l’animal est primordiale et il faut veiller à une consommation d’eau suffisante et l’encourager en utilisant, par exemple, des fontaines à eau si elles ont sa préférence.

Une supplémentation nutritionnelle en certaines vitamines, acides gras insaturés oméga 3 et antioxydants (vitamine E, SAMe) doit aussi faire partie du traitement.

Les concentrations en acides aminés comme la L-arginine, la glycine et le glutamate dans le sang sont anormales chez les animaux souffrant de maladies rénales chroniques en comparaison avec ceux ayant une filtration rénale normale.

Par exemple, la réduction en concentration en arginine correspond à une augmentation dans le sang de créatinine, un marqueur biologique de l’insuffisance rénale.

De nombreuses études chez l’homme et l’animal ont souligné les effets protecteurs sur la fonction rénale de certains acides aminés spécifiques : L-arginine, L-acide aspartique, L-acide glutamique, glycine, l-histidine.

En effet au niveau cellulaire, ces acides aminés bloquent les effets néfastes de la TGF B-1.

Une étude* a ainsi montré que 67 chats atteints de maladie rénale chronique, traités pendant 104 jours avec un mélange d’acides aminés (L-arginine, L-acide aspartique, L-acide glutamique, glycine, l-histidine) et de dipeptide L carnosine AB070597, manifestaient une diminution significative de la créatinine sérique ainsi qu’une réduction significative du stade de la maladie rénale mesuré par la classification internationale IRIS.

De plus la concentration en phosphore a baissé chez les chats traités alors qu’elle a augmenté chez les animaux témoins.

Ces mélanges d’acides aminés peuvent se trouver sous forme de compléments alimentaires.

Outre ce volet nutritionnel, primordial, le traitement de l’insuffisance rénale chronique est aussi médical.

Il dépend du stade IRIS, des signes cliniques et du bilan sanguin et doit donc être adapté individuellement à chaque malade : traitement de la protéinurie, de l’hypertension, de l’anémie, des troubles digestifs, de l’hypokaliémie, etc. en fonction du tableau clinique de l’animal.

Avec cette prise en charge médicale et nutritionnelle adaptée, un animal insuffisant rénal peut vivre sa fin de vie quasiment normalement.

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