Certains étaient mieux traités que d’autres.

On connaît la vie des monarques et celle des courtisans.

Une exposition fait revivre l’incroyable faune qui animait couloirs, antichambres et jardins du palais.

Singes, éléphants, tigres, casoars, gazelles, perroquets, mais aussi chiens, chats, chevaux… 

La liste est longue des animaux qui côtoyaient les souverains et leur cour dans l’enceinte du somptueux château de Versailles. 

De tout temps, les monarques se sont entourés d’une ménagerie prestigieuse et d’animaux de compagnie. 

Mais avec l’ampleur que prennent Versailles et la cour française au XVIIe siècle, cette habitude revêt une dimension toute particulière. 

C’est un véritable zoo vivant qui s’installe au cœur du palais, mais aussi une formidable source d’inspiration pour les artistes et savants de l’époque, comme le décrit une nouvelle exposition présentée au château de Versailles.

On y apprend ainsi que chaque souverain avait ses préférences… 

Si Louis XIV n’aimait ni les chats ni les petits chiens, il possédait des braques qu’il nourrissait de sa main avec des gâteaux secs parfumés à la fleur d’oranger. 

Quant à Mme de Montespan, toujours originale et créative, elle élevait six souris qu’elle attelait à un petit carrosse miniature… 

Sous Louis XV, les chats régnaient en maîtres, à tel point que le souverain installa spécialement un coussin de velours dans son cabinet du Conseil pour son angora nommé Brillant. 

Un animal « d’une grosseur prodigieuse, très doux et très familier », nous rapporte la chronique, qui ronronnait en écoutant les ministres débattre des questions politiques…

Louis XV, qui possédait également un persan noir baptisé Le Général, immortalisé par le peintre Oudry, contribua largement à populariser l’adoption des félins dans Versailles. 

Sa maîtresse Mme de Pompadour suit la mode, mais soigne également ses pigeons et ses deux épagneuls nains Inès et Mimi… 

Cet engouement pour les chats prend fin avec le règne de Louis XVI, qui les déteste depuis que l’un d’entre eux, couché malencontreusement dans la chaise percée princière, lui a griffé un jour le postérieur… 

Le roi prend même un pervers plaisir à les chasser sur les toits du château.

Des singes jouets

Les courtisans et les princes raffolent également des volières, que l’on installe dans les antichambres pour amuser la galerie. 

On y admire des perruches, on s’entiche des perroquets du Gabon, pour leur apprendre quelques mots, ou ceux d’Amazonie, appréciés pour leurs couleurs chatoyantes… 

On offre également des singes aux dames et aux enfants, comme des petits jouets  l’une des filles de Louis XV possédera un petit sapajou. 

Le plus souvent enchaînés, ils deviennent agressifs et ne vivent guère longtemps, notamment en raison des hivers trop rigoureux. 

Le tableau ne serait pas complet sans la petite ferme personnelle que se fait bâtir Marie-Antoinette à Trianon, où elle prend plaisir à s’isoler au milieu d’un décor artificiel qui s’inscrit dans le mouvement de la pastorale, très en vogue à la fin du XVIIIe siècle, parmi ses chèvres, moutons, poules, vaches venues de Suisse et plus de 2 000 carpes dans l’étang. 

Loin du protocole, bobo avant l’heure, Marie-Antoinette n’aime rien tant que venir déguster le beurre, la crème ou le fromage sur place, dans sa laiterie flambant neuve

Mais les deux animaux les plus appréciés du palais restent sans conteste le cheval et le chien, tous deux symboles de la puissance royale, notamment à travers la chasse, la grande affaire de Versailles. 

Le roi dispose personnellement d’une vingtaine de montures, sur les 2 000 chevaux que comptent les écuries royales sous le règne de Louis XVI, dédiés à tous les usages, militaires ou civils. 

Quant aux chiens, plus de trois cents sont utilisés pour la chasse dans les chenils, placés sous l’autorité du Grand Veneur. 

Les animaux sont logés dans des bâtiments équipés de cheminées, d’abreuvoirs et de banquettes, avec un passage pour leur faire prendre l’air et se dégourdir les pattes… 

Plus chanceux sont les chiens de compagnie, choyés et gâtés par les princes, qui leur font construire des niches d’un luxe inouï avec marqueterie, placage d’ébène, ornements en bronze doré et garniture d’argent ou de damas cramoisi.

Bestiaire à ciel ouvert

Pour l’exotisme et les sensations fortes, direction la ménagerie, aujourd’hui disparue, qui était située au sud du Grand Canal, avec un dôme offrant une vue plongeante sur les enclos. 

Construite par Louis XIV, elle ne fait que perdurer une tradition qui exige que les princes s’entourent d’animaux rares qui concourent à leur gloire, ramenés d’expéditions ou offerts par des ambassades. 

Elle accueille des dizaines d’oiseaux précieux, casoars, flamants roses, autruches, des poules sultanes, une grue couronnée  la fierté du roi  ainsi que des mammifères singuliers, fauves, gazelles, antilopes, chèvres de Perse, chameaux, éléphants ( voir photo), ces derniers engloutissant chaque jour 80 livres de pain et 12 litres de vin…

Au-delà de l’anecdote, l’exposition de Versailles raconte comment ce bestiaire à ciel ouvert fut une formidable source d’inspiration pour les artistes. 

Le thème animalier s’empare plus que jamais de la décoration du palais, on le retrouve dans les peintures, sur les tentures, les sculptures, les pendules, les candélabres, les baromètres, jusqu’aux traîneaux d’hiver de la cour, dont un fameux en forme de léopard… 

Les savants ne sont pas en reste puisqu’ils vont dessiner, étudier et disséquer certains spécimens de cette ménagerie royale. 

Laquelle finit par rejoindre celle du Muséum d’histoire naturelle à la Révolution, sous la pression de Jussieu et de Bernardin de Saint-Pierre. 

La ménagerie républicaine deviendra ainsi le premier grand zoo de France, ouvert aux Parisiens…

 

 

 

 

 

à découvrir dans Les animaux du roi, en collaboration avec le musée du Louvre, exposition au château de Versailles jusqu’au 13 février 2022.

 

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