Elles peuvent êtres dangereuses parfois en se décomposants mais également très bonnes au niveau culinaire, les algues sont très prisées en Asie notamment au Japon.

Des écologies du CNRS , de l’INRA , de l’Ifremer et de l’Irstea viennent de rendre une expertise sur l’état de santé de nos eaux douces et de nos mers

En Août 2017, près d’Angers en France, des amas noirâtres, flottant sur la Loire, s’amoncellent sur les berges , puis sont avalés par des chiens , qui hélas meurent peu de temps après.  

Un mois plus tôt, en Juillet 2017, nouvelles marées vertes a Morlaix , Saint brieuc ou Douarnerez .  

L’eutrophisation, menace sur les plages .  

« Une fois de plus, en rapport avec une température élevée de l’eau, des eaux calmes et des taux de nitrate en excès , on assiste à une indigestion de nos écosystèmes aquatiques, que ce soit en bord de fleuve ou le long des côtes » observe Gilles Pinay , bio géochimiste à Rennes ( CNRS-université) et coordinateur d’une expertise collective qui vient d’être remise aux ministères de l’écologie et de l’agriculture. 

Ce phénomène s’appelle l’eutrophisation. 

Il s’agit d’une prolifération d’algues due à un excès d’azote et de phosphore issus des activités agricoles et industrielles.  

Cette pullulation entraîne un appauvrissement du milieu en oxygène ( on parle d’hypoxie voire d’anoxie) et une décomposition aboutissant à l’émission de toxines pour les algues bleues et de gaz toxique ( hydrogène sulfuré) pour les algues vertes , une fois amassées sur la grève et exposées au soleil.  

A terme , le manque d’oxygène entraîne la mort de tous les êtres vivants aquatiques.   245 000 km2 de zones marines pauvres en oxygène.   

“  Aujourd’hui, on assiste à une recrudescence des épisodes d’eutrophisation , à une crise majeure, car les causes sont interconnectés et complexes, insiste Gilles Pinay . 

Au niveau mondial, le nombre et l’emprise des zones marines pauvres en oxygène ont triplé depuis 1960 et culminent aujourd’hui à 245 000k2 , soit presque la moitié de la surface de la France métropolitaine «  poursuit le chercheur.  

Ces phénomènes concernent les États-Unis ( lac Erié , golfe du Mexique…) , la Chine , la mer Baltique, le lac Victoria en Afrique, les côtes bretonnes et les lagunes méditerranéennes…. 

Ce type de pollution a déjà existé en France dans les années 1970-1980, au niveau des grands lacs alpins , à cause des égouts qui s’y jetaient directement.

Grâce aux stations d’épuration, l’affaire a été réglée .

Aujourd’hui, le problème est plus complexe et il va très probablement falloir changer de modèle agricole en Bretagne et passer à l’agro-écologie en renforçant le rôle des prairies «  estime Chantal Gascuel agri hydrologue à l’INRA . 

D’autant plus que le retour à la normale est très long ( des dizaines d’années pour l’azote des nappes phréatiques) et que le réchauffement climatique favorise l’eutrophisation.

Par ailleurs, brunes , rouges ou vertes , les algues toutes comestibles à la différence des champignons, elles passionnent de plus en plus les consommateurs à la recherche de produits naturels et sains pour varier leur alimentation.   

«  Les algues, ce n’est pas comme pour les champignons, il n’y en a aucune qui soit toxique «  assure d’emblée André Berthou , algoculteur breton . 

10 hommes et femmes, bottes aux pieds et seau à la main sont venus en ce mois d’avril 2018 assister à un stage «  cueillette et cuisine «  des algues organisé par le musée de la pêche de Concarneau en Bretagne.   

«  Impossible de tomber sur une amanite « , poursuit l’animateur en arrachant une poignée de pioka ( Chondrus crispus) , une algue rouge très utilisée en agroalimentaire notamment dans les flans. 

André Berthou en donne à goûter à ses stagiaires à proximité de la pointe de la jument , au sud de la cité corsaire.   

«  On récolte plutôt la ou l’eau est brassée et de bonne qualité «  souligne-t-il.

Dans de tels endroits , les algues récoltées par les professionnels peuvent même bénéficier du label bio .  

  les algues sont remplies d’oligo-éléments et sont fermes sous la dent . 

Après la récolte, François 66 ans participe à la confection d’un tartare .

«  Je ne connaissais pas du tout les algues, c’est une découverte très intéressante et une richesse a portée de main «  se félicite t-il .  

La recette du tartare ?  

Un tiers de Nori ( Porphyra ), algue rouge très utilisée dans la cuisine japonaise, un tiers de dulse ( Palmaria palmata) , algue également rouge au goût doux et corsé, un tiers d’ulve , plus connue sous le nom de laitue de mer , trois échalotes, de l’huile d’olive, du citron ou du vinaigre de cidre le composent.

«  Vous émincez, mélangez, placez deux heures au réfrigérateur et dégustez «  conclut André Berthou. 

C’est ferme sous la dent , c’est raffiné « 

Tous sont unanimes pour dire le ravissement de leurs papilles gustatives.

“   La demande est forte en matière d’algues alimentaires « explique à l’AFP André Berthou, également conchyliculteur et président du syndicat des récoltants professionnels d’algues de rive de Bretagne la STPARB.   

Le recours aux algues est très courant dans la gastronomie en Asie ( Japon , Chine , Corée du Sud, Indonésie…)., en particulier dans la cuisine japonaise ou elles sont omniprésentes , notamment dans les soupes , les salades et les sushis, du wakame , de la soupe miso au nori utilisé pour enrouler les makis .  

Mais Le Breton moyen lui ne connaît pas très bien les algues sur lesquelles il marche. 

C’est un sujet encore assez méconnu relève André Berthou.

Elles allient le  Culinaire et le plaisir gastronomique.   

Il regrette l’amalgame souvent fait avec les algues vertes qui en se décomposant émettent du sulfure d’hydrogène ( H2S) , un gaz extrêmement toxique à forte dose. 

«  Ce problème a fait de la mauvaise publicité aux algues vertes pourtant ce sont elles qui contiennent le plus de fer et de calcium.   

Xavier Terlet , spécialiste de l’innovation dans l’agroalimentaire au sein du cabinet XTC innovation estime toutefois que l’algue est en train de sortir du ghetto dans lequel elle était au départ et ce pour plusieurs raisons. 

La ressource est abondante, les produits élaborés avec des algues sont gourmands et les consommateurs sont de plus en plus à la recherche de produits   bons pour la santé 

« . D’ailleurs, ces organismes marins répondent parfaitement au modèle alimentaire français, très culinaire, très axé sur le plaisir et très gastronomique estime cet expert et contrairement aux insectes qui selon lui ne fonctionneront jamais en France.   

Sur 2500 nouveaux produits alimentaires sortis en 2016 en France, 47 ( près de 2%) sont élaborés à partir d’algues selon le cabinet XTC innovation.

  Ça peut paraître peu mais c’est beaucoup pour un marché qui n’existait pas jusqu’à il y a quelques années souligne Xavier Terlet . 

Parmi ces produits, du pain biologique à base d’algues, un porridge aux algues marines ou encore du beurre aromatisé aux algues.     

 

 

 

 

 

Sources :  Afp , La Croix

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