Une très belle diversité, beaucoup de richesses.

Avec sa nature préservée, la Roumanie est exceptionnellement riche en animaux sauvages.

Sa biodiversité est l’une des plus remarquables du continent. Les épaisses forêts des Carpates, encore intactes par endroits, forment un refuge idéal pour plusieurs espèces emblématiques de grands carnivores qui, ailleurs en Europe, sont devenues rares : ours bruns, loups et lynx s’épanouissent ici.

Leur présence en nombre témoigne d’un environnement riche et complexe.

Strictement protégées, ces espèces restent menacées par le braconnage et la déforestation massive, qui empiète sur leur habitat.

La très lucrative chasse récréative, qui attirait des étrangers en quête de trophées, est quant à elle interdite depuis 2016.

Des quotas réduits d’abattage de loups et d’ours sont maintenus, pour réguler leur nombre.

Autre réserve extraordinaire de biodiversité, le delta du Danube offre un spectacle ornithologique haut en couleur. Le réservoir des Carpates

Les Carpates sont le royaume des ours bruns (voir photo).

La Roumanie est le pays d’Europe qui en compte le plus, très largement : on en dénombre autour de 6 000.

Cet omnivore se nourrit surtout de baies, de fruits, de graines, d’herbes et de racines (80 % de son régime alimentaire).

Il mange aussi d’autres animaux, principalement des insectes et des petits mammifères.

Parfois des plus gros, comme des chevreuils, si l’occasion se présente.

En automne, il se goinfre pour constituer de solides réserves.

C’est d’autant plus vital pour les femelles, qui mettent bas en plein hiver.

À la fin de l’automne, l’ours brun se retire dans sa tanière et ralentit son activité, jusqu’au printemps : plus que d’hibernation, on parle de « sommeil d’hiver ».

Le plantigrade, qui s’active principalement la nuit, mène une vie solitaire, évitant ses congénères autant que possible, en dehors de la période de reproduction.

Les oursons, eux, restent environ deux ans avec leur mère.

Grâce à ses énormes griffes en forme de faucille,

l’ours brun peut grimper aux arbres et creuser la terre.

Ne vous fiez pas à son allure pataude : il peut aller très vite !

Le nombre de loups est estimé entre 2 000 et 3 000, soit environ un quart des effectifs européens.

Ils vivent en meute, dans les parties de la forêt les plus reculées, mais chassent partout où ils trouvent de la nourriture : dans les collines, les pâturages…

Ils se nourrissent principalement de chevreuils et de marcassins.

L’hiver, quand ils ne trouvent plus de quoi se nourrir, ils peuvent s’attaquer (mais rarement) au bétail.

Peu de chances en revanche d’en croiser un : les loups ont très peur des humains et les fuient.

C’est aussi le cas du lynx  encore plus craintif et discret.

Ce solitaire chasse à l’affût, sans bruit, prenant par surprise chevreuils, petits mammifères ou oiseaux.

Plus grands félins d’Europe, ils seraient 1 200 à 1 500, soit 12 à 16 % de la population européenne.

Haut sur pattes, le lynx est reconnaissable à ses favoris et à la touffe de poils noirs qui se dresse à la pointe de ses oreilles.

La cohabitation entre ces prédateurs et la population, qui ne s’est jamais interrompue, est moins conflictuelle qu’en France.

Mais ces dernières années, les tensions se sont avivées autour de l’ours.

Dans les campagnes, et même les villes (à Brașov notamment, où les concentrations sont très importantes), les habitants sont régulièrement confrontés aux plantigrades, qui viennent se nourrir dans les poubelles ou, parfois, attaquer le bétail au sein même des fermes.

Plusieurs dizaines de personnes ont été blessées ces dernières années.

Le Sénat a même voté en septembre 2019 une loi réautorisant sa chasse.

Le texte n’avait, à l’écriture de ces lignes, pas passé le cap de l’assemblée, mais l’épisode en dit long sur le ras-le-bol d’une partie de la population rurale.

Les écologistes, eux, pointent la réduction de l’habitat des ours et de leur garde-manger, la gestion défaillante des déchets et les mauvaises habitudes données par les touristes qui s’amusent à les nourrir.

Lui n’est pas carnivore, mais tout aussi mythique : très présent dans les légendes et l’imaginaire roumains, le bison  avait disparu du pays depuis deux siècles.

Ces dernières années, plusieurs dizaines d’individus ont été réintroduits à l’état sauvage, principalement dans les monts Țarcu, au sud-ouest des Carpates.

Doté d’une grosse tête et d’une large poitrine, ce colosse herbivore peut mesurer plus de 2 m et peser 1 t, ce qui en fait le plus grand mammifère terrestre du continent.

Il fait partie de ces espèces qui ont une grande influence sur leur environnement : il contribue par exemple à maintenir une diversité dans les prairies, en broutant les herbes les plus communes, libérant de la place pour les plus rares.

Les Carpates abritent aussi de nombreux cerfs, chevreuils, sangliers, des oiseaux comme le grand tétras et la chouette de l’Oural, des amphibiens tels que le triton transylvain et la salamandre.

Les milliers de grottes calcaires des Carpates hébergent une grande diversité de chauves-souris .

Côté insectes, signalons la rosalie des Alpes, un bel insecte bleu doté de longues antennes, et l’apollon, un grand papillon aux ailes blanches ornées de petits motifs noir et rouge.

En altitude, au-dessus des forêts, vivent des chamois, des marmottes (réintroduites), des aigles royaux, des corbeaux ou encore des vipères.

En plaine, des écosystèmes variés

Plus bas, dans les plaines et les steppes forestières de Dobrogea, de Moldavie et du sud du pays, se trouve une grande diversité de petits mammifères (martres, lièvres, putois, fouines, belettes, chats sauvages…) et autres rongeurs, tel le hamster de Roumanie, une espèce endémique.

En hiver, la plaine couverte de neige est marquée de nombreux chemins tracés par ces animaux.

Toutes ces espèces sont visibles en lisière de forêt, dans les bosquets et dans les haies qui entourent les champs et prairies des campagnes isolées.

Dans les villages, les cigognes sont nombreuses à nicher en haut des cheminées ou des poteaux électriques.

On notera aussi la présence, dans les plaines du sud, de perdrix, faisans, corneilles mantelées et passereaux.

Une ferme à ciel ouvert

Les animaux domestiques sont omniprésents dans les villages.

Moutons, vaches, chevaux, cochons, poules et autres volailles se promènent souvent en liberté et égayent la campagne.

Vous croiserez ici et là des troupeaux de moutons traversant la route, des groupes d’oies sillonnant les villages, une vache trottinant au bord de la route, ramenée de la pâture…

Le delta du Danube, paradis des oiseaux

À la croisée de multiples voies migratoires, le delta du Danube, haut lieu de l’ornithologie, accueille plus de 300 espèces d’oiseaux.

Certains viennent y passer l’hiver, d’autres y nicher en été.

D’autres encore n’y font qu’une halte, pour se reposer et se nourrir.

Dans le dédale de canaux et de lacs que forme le delta, parmi les roseaux et des arbres, vous vous émerveillerez devant l’incessant ballet des hérons, tadornes, cygnes, aigrettes, spatules ou grèbes qui barbotent et s’envolent sous vos yeux.

Sans oublier, évidemment, les pélicans, symboles des lieux.

Ils forment ici la plus grande colonie d’Europe, avec plus de 2 500 couples de pélicans blancs communs, auxquels s’ajoute une centaine de frisés.

Ils arrivent au début du printemps pour nicher et repartent à la fin de l’été.

Vous apercevrez aussi des martins-pêcheurs, des cormorans pygmées (60 % de la population mondiale), de jolies bernaches à cou rouge (50 %), des busards des roseaux, des pygargues à queue blanche…

Classé sur la liste du patrimoine mondial par l’Unesco depuis 1991, le delta jouit, outre les oiseaux, d’une biodiversité extraordinaire : loutres, rainettes, renards, sangliers, chevreuils, serpents, libellules…

C’est aussi l’un des derniers refuges du vison d’Europe.

Depuis quelques années, le castor a fait son retour et le chacal doré, une espèce invasive, y prolifère.

Des chevaux sauvages y gambadent en liberté.

L’esturgeon, doyen des cours d’eau

Dans ce même delta, subsiste l’une des plus anciennes espèces animales de la planète : l’esturgeon  est apparu il y a quelque 200 millions d’années, à la même époque que les dinosaures !

Dépourvu d’écailles, reconnaissable à son museau pointu, ce fascinant poisson migrateur peut atteindre plusieurs mètres de long.

Très convoité pour ses œufs, avec lesquels est produit le caviar, il est victime de surpêche, de braconnage et de la dégradation des fleuves.

Gravement menacé d’extinction, sa pêche est interdite depuis 2006 et son élevage se développe.

Le delta compte une centaine d’autres espèces de poissons : silures, carpes, perches, brochets, sandres, aloses…

On retrouve plusieurs de ces espèces dans les nombreux lacs, rivières et torrents qui maillent le pays.

La truite, qui les peuplait autrefois en nombre, a elle aussi souffert du braconnage et de la transformation des milieux naturels.

Quant à la mer Noire, on y pêche turbots, maquereaux ou chinchards.

Nos conseils pour les observer

L’excellent musée d’histoire naturelle Grigore Antipa, à Bucarest, permet de voir des spécimens des principales espèces du pays, empaillés et insérés dans des dioramas reconstituant leur milieu naturel.

L’aquarium du centre muséal écotouristique de Tulcea présente les poissons du delta.

Le bassin des esturgeons est absolument captivant.

Pour sillonner le delta du Danube et observer ses oiseaux, il faut s’adjoindre les services d’un guide.

On vous recommande d’éviter les bateaux rapides et d’opter pour des tours accompagnés d’un ornithologue, sans quoi la sortie aura peu de sens : Ibis tour, Escape travel et Wild travel basés à Tulcea, ou encore Ecoturism delta à Crișan, sont des valeurs sûres.

Il est évidemment plus compliqué d’observer les grands carnivores.

Mais pas impossible : ainsi, plusieurs agences d’écotourisme proposent de randonner en pistant leurs traces.

On recommande notamment Absolute Carpathian, Transylvanian wolf, Carpathian Nature Tours ou Foundation Conservation Carpathia.

Vous aurez peut-être la chance, à cette occasion, d’apercevoir un lynx ou un loup, même si c’est très rare.

Les ours sont un peu moins farouches : il est facilement possible de les voir dans l’un des nombreux observatoires gérés par les gardes forestiers, aux alentours de Brașov principalement.

En effet, depuis quelques années, pour éviter qu’ils ne descendent en ville faire les poubelles, les gardes déposent biscuits, maïs ou pain au pied de ces cabanes.

Moyennant une rétribution qui peut aller jusqu’à 60 €, vous pourrez contempler ce fascinant festin de plantigrades.

Vous devrez pour cela passer par une des agences précitées.

Vous pourrez également observer des ours en semi-liberté au sanctuaire Libearty de Zărnești : ce refuge de 69 ha en recueille une centaine, sauvés de la captivité.

En effet, jusqu’au milieu des années 2000, il n’était pas rare de croiser des ours enfermés ou enchaînés, pour appâter les touristes.

Il est aussi plus probable de tomber sur un ours, lors d’une randonnée en forêt ou même dans des zones urbaines à proximité.

Sachez que l’ours n’est pas intéressé par votre chair et qu’il n’est généralement pas agressif.

Mais il peut attaquer s’il est effrayé, s’il se sent défié ou s’il s’agit d’une mère ourse en compagnie de ses petits.

Évitez les cris et les gestes brusques, reculez doucement et laissez-lui de l’espace pour s’enfuir.

En rando, restez sur les chemins balisés.

Méfiez-vous surtout en fin de journée : c’est l’heure où ils se réveillent.

Et évidemment, ne les nourrissez pas !

Enfin, pour les bisons, adressez-vous à l’association Măgura Zimbrilor d’Armeniș (AMZA), un village des monts Țarcu : c’est là qu’ont été réintroduits un grand nombre d’entre eux. AMZA propose de partir marcher sur leurs traces.

Des forêts d’exception

Il y a 2 000 ans, la forêt (pădure) couvrait 70 à 80 % du territoire roumain.

Mais dans les plaines et les piémonts, où d’importants défrichements ont été menés, notamment au XIXe siècle, elle a laissé place aux cultures.

Il ne subsiste quasiment plus que les forêts de montagnes et, dans une moindre mesure, de collines.

Elles couvrent aujourd’hui environ 27 % de la surface du pays, soit plus de 6 millions d’hectares.

Depuis la Révolution, elles souffrent de coupes illégales massives.

Au carrefour de plusieurs influences climatiques, la Roumanie compte une grande variété d’arbres.

En altitude, les principaux résineux (pins, épicéas, mélèzes, sapins…) l’emportent sur les hêtres.

Les bois des collines et des plaines sont constitués de feuillus (chênes, tilleuls, charmes, ormes, frênes…).

Le pays recèle également une bonne partie des dernières forêts vierges d’Europe : elles occupent encore plus de 200 000 ha, dont 24 000 sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2017.

Apparues voilà 10 000 ans, jamais exploitées par l’homme, elles constituent un inestimable refuge de biodiversité.

Peuplées principalement de hêtres, vous pourrez y croiser des arbres gigantesques, vieux de plusieurs siècles, des troncs morts investis par les champignons et les mousses, des fleurs rares…

On recommande notamment la forêt de Cozia, dans la vallée de l’Olt, et celle de Slătioara, en Bucovine, pourvues de sentiers balisés.

Attention toutefois aux bêtes sauvages, mieux vaut y aller avec un guide expérimenté.

Autres forêts remarquables, celles de Letea et de Caraorman, dans le delta du Danube, qui se sont constituées sur des bancs de sable.

Bordées de dunes, elles évoquent la jungle, avec leurs arbres colonisés par les lianes et la vigne vierge.

Les chênes y ont pris d’étranges formes au fil des siècles.

Les peupliers, les frênes, les ormes, les saules argentés, les pommiers sauvages, le jonc et la prêle complètent cette végétation luxuriante.

Une profusion de plantes

La Roumanie abonde aussi en plantes et en fleurs sauvages.

Leur représentation est d’ailleurs courante dans l’artisanat : céramiques ou costumes sont souvent décorés de motifs floraux.

Au printemps, une promenade vous fera découvrir la richesse de la flore de montagne : edelweiss, casques de Jupiter, sabots de Vénus, rhododendrons, campanules, gentiane…

Ces fleurs poussent en grand nombre dans de vastes zones sauvages comme il en reste peu à l’ouest de l’Europe.

Les prairies constituent près de 20 % du territoire et sont présentes dans les zones de plaine, de piémont et de steppe.

Certaines se recouvrent de narcisses en fleurs, en avril-mai.

Ces « prairies aux narcisses »  apparaissent à divers endroits du pays : la plus grande est celle de Dumbrava Vadului, près de Făgăraș, mais on en trouve aussi autour de Brașov, près de Bistrița, dans le Banat, les Apuseni…

À signaler aussi : la forêt – unique – de lilas sauvage de Ponoara, au sud-ouest.

Parmi les espèces endémiques remarquables, citons l’œillet de Piatra Craiului, le nénuphar rose qui prospère sur les eaux chaudes des stations thermales autour d’Oradea, ou encore la pivoine roumaine, qui parsème de touches rouges les clairières de Dobrogea et d’Olténie, au printemps.

Elle peut aussi être vue dans le parc naturel de Comana, près de Bucarest.

Le delta du Danube, milieu unique où l’on recense plus de 1 000 espèces de plantes (nénuphars, plantes carnivores…), renferme également l’une des plus grandes concentrations de roseaux au monde.

Les plantes médicinales, dont la Roumanie a été l’un des grands producteurs mondiaux sous le communisme, sont encore largement utilisées dans les remèdes de grand-mère (camomille, arnica…).

Dans les zones rurales, les plantes sont aussi utilisées en cuisine, notamment au printemps : ail des ours, orties, etc.

Plusieurs jardins botaniques comportent d’intéressantes sections dédiées à la flore locale : c’est tout particulièrement le cas de celui de Iași, mais aussi de Bucarest et de Cluj.

 

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