Des composés retrouvés dans des grains de pollen fossiles de la fin du Permien dévoilent la responsabilité du Soleil dans l’extinction de masse de cette époque, qui causa la disparition de 80% des espèces vivantes.
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Parmi les cinq épisodes d’extinction ayant eu lieu au cours de l’histoire de notre planète, celui de la fin du Permien, 250 millions d’années plus tôt, fut le plus dévastateur.
Selon les estimations des scientifiques, 70% des espèces terrestres et 96% des espèces marines furent alors décimées !
On attribue généralement cette éradication de masse à une augmentation mortelle des émissions de CO2 causées par une éruption volcanique de la taille d’un continent qui couvrit la quasi-totalité de l’actuelle Sibérie.
Conséquence directe du cataclysme : le rejet massif de fumées denses qui obscurcirent l’atmosphère, générant un effet de serre planétaire.
Ce réchauffement global s’accompagna d’un effondrement de la couche d’ozone protectrice.
Résultat : les UV-B, les plus mortels et mutagènes des rayons solaires, se retrouvèrent moins filtrés et frappèrent plus durement les écosystèmes.
Pour se protéger des UV-B, les plantes ont dû mettre au point une parade découverte par une équipe internationale de chercheurs d’Allemagne, de Grande-Bretagne et de Chine.
Ils publient les résultats de leurs investigations dans le journal Science Advances.
L’analyse de 800 grains exhumés au Tibet et datant de 250 millions d’années
Après avoir développé une méthode permettant de détecter certains composés phénoliques dans les grains de pollen fossiles, les chercheurs ont testé les 800 grains exhumés au Tibet et datant de 250 millions d’années.
Le résultat a comblé leurs attentes : ils ont bien détecté des concentrations plus élevées de ces UAC (pour « Composés Absorbeurs d’Ultraviolets ») parmi les grains produits autour de l’extinction de masse de la fin du Permien et les pics d’activité volcaniques.
Car, si les plantes ont besoin de Soleil pour accomplir leur photosynthèse, les radiations d’une longueur d’onde comprise entre 315 et 280 nm, soit les UV-B, leur sont extrêmement nuisibles.
Comme d’ailleurs à tout processus vivant.
En effet, les longueurs d’onde des UV-B provoquent des dommages au sein de l’ADN et induisent donc des mutations dans les organismes.
En ayant augmenté leurs productions d’UAC, les plantes se sont en quelque sorte enduites d’une forte couche d’écran solaire pour résister aux UV-B.
Un Soleil plus agressif, et c’est toute une série de cataclysmes qui se produit
« L’augmentation du flux d’UV-B à la surface de la Terre a enclenché une réaction en chaîne d’effets au sein de la biosphère, avec de larges impacts sur le cycle du carbone et le système climatique », analysent les chercheurs.
Mais pas seulement.
En plus des répercussions directes, ils en suggèrent d’autres, plus secondaires.
Par exemple, « les UAC détectées dans les tissus de la plante servent de défense contre les herbivores en les rendant désagréables à manger.
Une augmentation des UAC dans les végétaux couplée à un déclin du feuillage suite aux taux élevés de CO2 pourraient en partie expliquer des facteurs comme le déclin de la diversité des insectes enregistré à cette même époque de la fin du Permien. »
Un Soleil un peu plus agressif et c’est donc toute une série d’évènements cataclysmiques qui s’en est suivi, 250 millions d’années plus tôt.
Une réaction en chaîne dont les scientifiques sont loin d’avoir fini d’explorer tous les ricochets…