Faune
Par sa position géographique, son climat et son relief, la Crète est dotée d’une flore que l’on n’a pas fini de découvrir dans ses grottes et ses criques inaccessibles, ses modestes vallées éparpillées dans les montagnes.
Quant à la faune, elle compte plus d’un millier d’espèces endémiques, alors qu’en période migratoire l’île offre son hospitalité à 350 espèces différentes d’oiseaux.
Or, malgré une certaine prise de conscience concernant les problèmes liés à l’écologie, ces richesses naturelles courent un grand risque.
Participant au programme européen « Natura 2000 », la Crète a fait des pas considérables vers la protection de l’environnement naturel et la protection des régions présentant un grand intérêt écologique.
Toutefois, tant que les autorités grecques ne mettent pas les problèmes environnementaux en priorité, les trésors naturels sont en péril.
Et ils ont, déjà, fait sonner l’alarme.
Espèces rares en voie de disparition
Les kri-kri ( voir photo), appellation locale d’une race de chèvre sauvage à bézoard figurent parmi les symboles de la Crète.
D’un aspect distinctif et impressionnant, on peut encore apercevoir l’Agrimi(sauvage) ou « kri-kri » dans le parc national de Samaria, les Lefka Ori ou sur les îlots de Dia.
La protection officielle dont elles jouissent depuis une trentaine d’années seulement n’a pas empêché leur disparition progressive due à une chasse intensive.
Elles restent assez difficiles à apercevoir, hormis dans les gorges ou les secteurs escarpés.
Les kri-kri, qui furent importées en Crète, ne se trouvent désormais plus que sur cette île et pour cette raison elles sont considérées comme une espèce endémique.
Le chat sauvage de Crète, sous-espèce endémique du chat sauvage ou fourogatos selon le dialecte crétois, attise actuellement la curiosité des scientifiques qui le croyaient définitivement disparu.
Sa dernière trace officielle remontait à 1905 : en Angleterre, une scientifique détenait deux peaux de cet animal.
En 1996, les chercheurs des Universités des Sciences naturelles de Crète et de Perugia ont fini par découvrir des traces de fourogatos à côté d’Amari ; depuis il est devenu un animal protégé.
Il vit actuellement sur le mont Ida et dans la vallée d’Amari.
Menacé par l’utilisation des pesticides, sa survie est donc loin d’être assurée.
Les pesticides et les rapaces qui survolent l’île menacent, également, l‘akanthopontikos, le rat épineux de Crète.
C’est un rongeur à poils épineux, presque rouge ou jaune, au ventre blanc et au museau gris ou marron.
Il se nourrit principalement de grains mais il se laisse aussi tenter par des escargots ou des insectes.
Animal nocturne, très difficilement repérable, le rat de Crète n’a pas attiré le nécessaire intérêt scientifique, ce qui rend sa survie encore plus vulnérable.
Le gypaète barbu considéré comme le rapace le plus rare des Balkans, ne survole actuellement que le ciel de Crète.
Malheureusement, il n’existe actuellement sur l’île que six couples ayant la capacité de se reproduire, ce qui rend la perpétuation de l’espèce très improbable.
L’envergure de ses ailes atteint les trois mètres et celui de son corps les deux mètres environ.
Il est l’unique espèce au monde qui se nourrit presque exclusivement d’os.
Sa technique consiste à jeter sa proie d’une grande hauteur afin que son ossature se casse.
Par la suite, il attaque d’abord la moelle épinière et seulement après à la carcasse.
Les chances de survie du gypaète barbu diminuent considérablement à cause des appâts posés par les paysans contre les chiens errants et les corbeaux.
Actuellement la menace principale est due aux éoliennes installées, de plus en plus, sur les montagnes crétoises.
La faune en danger
Les lapins et les lièvres sont largement chassés en Crète, malgré les lois concernant les périodes de la chasse.
Même si l’on croise, encore, quelques lièvres bruns, leur population a énormément diminué.
Il en va de même pour les grenouilles crétoises, espèce endémique, vivant d’habitude en dessous de 100 mètres d’altitude et dont le nombre a chuté après l’introduction irréfléchie d’une espèce de crapaud d’Amérique qui se nourrit, entre autres, de têtards.
Le danger pour les espèces rares guette sur certaines plages, particulièrement celles qui se trouvent autour de Réthymnon, Hania et dans la baie de Messara.
Il s’agit des plages où des tortues de mer viennent pondre leurs œufs.
Ces tortues Caretta caretta étant en danger, elles font l’objet depuis 1982 de la protection de la Sea Turtle Protection Society of Greece (STPS).
Les associations pour leur défense tentent de sensibiliser et de récolter des fonds auprès des touristes.
Une faune qui résiste
Les reptiles et batraciens sont beaucoup plus nombreux en Crète : serpents (inoffensifs pour la plupart, à l’instar de la couleuvre chat), crapauds verts, lézards, et surtout quelques caméléons qui raviront ceux qui auront la chance d’en croiser.
Les animaux les mieux représentés sont finalement les oiseaux, notamment les rapaces.
On les verra surtout au printemps et en automne.
On rencontre ainsi des vautours, des martes, des éperviers, des aigles royaux, des buses et des faucons (pèlerins et crécerelles).
On observe également des chouettes effraies et des hiboux petits ducs.
La présence de ces rapaces, très peu chassés par l’homme, s’explique en raison du caractère montagneux de l’île.
De nombreuses espèces d’oiseaux peuplent par ailleurs le ciel crétois : fauvette, rouge-gorge, perdrix choukar, merle bleu, alouette, guêpier, grimpereau, mésange ou encore pipit rousseline.
Pour les amateurs de belles couleurs, les papillons offrent un merveilleux spectacle lors de la saison chaude.
Les eaux crétoises sont également riches, particulièrement sur la côte nord de l’île.
On y trouve des mérous, des espadons, des rougets, des dorades, des sardines mais surtout des poulpes, pêchés avec le kamaki, sorte de trident et attribut traditionnel de Poséidon.
Sans oublier les dauphins qu’il n’est pas rare de croiser dans les eaux de la mer de Libye, ou encore les cachalots sur la pointe sud-ouest.
L’île regorge de pêcheurs amateurs et professionnels, et la surabondance de la pêche ainsi que sa pratique illégale à l’aide de dynamite conduisent peu à peu à la disparition des poissons et à la destruction des fonds marins.
La Flore ,
La Crète : une île verte, malgré tout
Contrairement aux idées reçues, et grâce aux vents chargés d’humidité, la Crète est assez boisée en comparaison avec d’autres îles de la région.
Il existait autrefois de vastes forêts de cèdres sur toute l’île mais les Minoens puis les Vénitiens les ont exploitées pour les besoins de construction et de navigation.
Enfin, les Ottomans ont achevé l’œuvre de destruction en incendiant toutes les forêts restantes dans lesquelles se réfugiaient les résistants crétois.
Aujourd’hui, la végétation est composée de forêts méditerranéennes, de buissons et d’arbustes, parmi lesquels des mimosas, des genêts d’Espagne, des pistachiers et des tamaris.
On estime que la flore est composée de plus de 2 000 espèces de plantes différentes dont environ 160 sont endémiques.
On trouve pins et érables dans la montagne, et cyprès et platanes sur la côte.
Des lauriers roses, qui fleurissent de juin à août, sont visibles le long des routes et dans les ravins.
L’olivier, dont la culture remonte à l’époque minoenne, est l’arbre qui domine le paysage crétois.
L’olivier de Kavoussi, village à proximité d’Ierapetra, se vante d’être l’olivier le plus ancien au monde avec ses quelque 3 500 ans d’âge.
Caractérisé arbre « monumental » par la SEDIK (Association Municipale des Oliviers de Crète), il est, par la dimension et la forme de son trône, une véritable sculpture vivante.
Une branche de cet arbre a servi de couronne à la championne du marathon des Jeux olympiques de 2004.
Témoin du passage du temps et de sa longue histoire en Crète, un olivier dont on estime qu’il a entre 2 000 et 4 000 ans se trouve à Pano Vouves, près du village Vouves, dans la municipalité de Kolympari appartenant à la région de Hania.
Cet arbre est devenu à nouveau productif après avoir été greffé avec l’olivier « Tsounati », espèce dont les fruits donnent la meilleure qualité d’huile.
Les branches de cet olivier ont été utilisées à l’occasion des Jeux olympiques d’Athènes de 2004 et de Pékin de 2008, pour créer les couronnes de vainqueurs du Marathon.
Déclaré monument naturel protégé, cet olivier a donné l’idée de créer, dans une ancienne maison voisine datant du XIXe siècle, le Musée de l’Olivier, un autre détour qui vaut vraiment la peine.
Un autre végétal était aussi connu au temps des Minoens et très utilisé : le lin.
Ses utilisations étaient multiples, aussi bien industrielles (fabrication de tissu), alimentaires que médicinales (confection de médicaments contre la toux).
Le genévrier de Phénicie (kedros) se trouve presque exclusivement sur l’île de Gavdos ; son essence était exportée vers l’Egypte pour embaumer les morts.
La Crète est aussi célèbre pour son incroyable luxuriance en plantes aromatiques (thym, sauge, menthe, dictame, origan…) et fleurs de toutes sortes.
Le paysage est particulièrement riche en herbes et plantes pharmaceutiques comme l’origan, le thym et le labdanum. Ces herbes sauvages en abondance sont cueillies depuis des millénaires et utilisées pour favoriser la guérison, notamment sous forme de tisanes médicinales. L’une d’elles, le dictame ou erondas, particulièrement bénéfique pour les maux d’estomac et l’arthrite, était déjà utilisée par les Minoens. Hippocrate était également conscient de ses avantages thérapeutiques et, aujourd’hui, il se trouve sur le marché sous forme de poudre ou d’huile essentielle.
Enfin, le platane d’Orient, supplanté au fil des ans par le platane commun, a été utilisé depuis l’Antiquité comme arbre d’ornement ou de menuiserie et, surtout, pour des longues siestes à l’ombre ! Le plus ancien témoignage trône encore aujourd’hui au village de Krassi.
Déclaré par décret présidentiel, en 2011, monument de la nature, cet arbre majestueux est estimé avoir plus de 1 000 ans. Sous son feuillage, plusieurs artistes ont cherché leur inspiration, parmi eux, selon la légende, l’illustre auteur grec N. Kazantzakis. C’est la raison pour laquelle cet arbre millénaire est connu sous le nom de cet écrivain, originaire de la Crète.
La fleur crétoise par excellence reste l’orchidée. On la trouve aussi bien au niveau de la mer qu’à une altitude de 2 000 m, avec une plus forte densité à mi-montagne. Elle est présente dans des formations végétales aussi diverses que des pâturages pierreux, des friches… On recense en Crète plus de 70 espèces d’orchidées, toutes terrestres. La plupart sont entomophiles, ce qui signifie qu’elles ont besoin des insectes (principalement des guêpes et des abeilles) pour leur fécondation et vont même jusqu’à pousser très loin la ressemblance avec leurs pollinisateurs. Ainsi le pétale inférieur de l’orchidée du genre Ophrys de Crète joue-t-il un rôle de miroir. Prisées des chercheurs, les orchidées sont également très appréciées pour l’originalité de leurs formes et de leurs coloris. Signalons également l’Ambelitsa (Zelkova de Crète) qui vient d’Asie et qui pousse exclusivement dans les environs des Lefka Ori, autour du plateau d’Omalos.
Hormis l’orchidée, du début du printemps jusqu’à l’automne, des fleurs sauvages telles que la camomille, les coquelicots, les anémones ou les iris et les glaïeuls couvrent d’un bout à l’autre la Crète d’un tapis délicatement parfumé et de toutes les couleurs. Dans les grottes, on découvre des plantes rares telles que les chrysanthèmes, glaïeuls et campanules qui poussent dans les gorges de Samaria.