Une belle diversité.

03.01.24

A priori, le Kosovo a tout d’un paradis de la biodiversité, puisque ce petit pays abriterait de 2 800 à 3 000 espèces végétales.

À titre de comparaison, en France métropolitaine, on recense 5 000 espèces végétales pour un territoire cinquante fois plus étendu.

Mais la réalité est moins reluisante. Faute de volonté politique sur l’environnement, toute une partie de ce patrimoine naturel est en danger alors que certaines espèces rares commencent à peine à être identifiées.

Pollution, déforestation, détournement des cours d’eau et chasse illégale menacent des écosystèmes entiers, y compris dans les parcs nationaux nichés au cœur des hautes montagnes.

Comme un symbole, les animaux emblématiques du Kosovo sont menacés de disparaître du pays : on ne compte plus que quelques dizaines d’ours et de loups, tandis que le lynx des Balkans et l’aigle royal ne font plus que de furtives incursions.

LA FLORE

Arbres et forêts

Les forêts couvent environ 30 % de la surface du territoire (3 000 km²), mais elles sont surtout concentrées dans les zones montagneuses.

Typiques des forêts mixtes des Balkans, elles sont composées de feuillus, de conifères, de buissons et d’arbustes.

Parmi les feuillus, on trouve principalement le hêtre des Balkans ,différents chênes comme le chêne rouvre et le chêne de Hongrie , le bouleau blanc et l’orme lisse .

Dans les montagnes, au-delà de 800 m d’altitude, dominent les pins : le sapin blanc qui peut atteindre 50 m de hauteur, le pin de Bosnie  l’épicéa , le pin sylvestre et le pin de Macédoine qui pousse jusqu’à 2 200 m d’altitude.

Enfin, chez les arbustes, on trouve le saule marsault,le pin des montagnes et le noisetier .

Du fait d’une importante déforestation illégale, le Kosovo a perdu entre 5 et 10 % de sa surface forestière depuis la fin de la guerre de 1998-1999.

Toutefois, si ce déclin est en passe d’être enrayé selon les autorités, plus de la moitié des arbres ont aujourd’hui moins de vingt ans.

Montagnes et parcs nationaux

Les deux grands massifs qui enserrent le Kosovo à l’est et à l’ouest abritent les deux parcs nationaux créés en 2012. 

Le parc national des Alpes albanaises occupe le sud-ouest du massif du même nom en longeant le Monténégro et l’Albanie.

Il couvre une superficie de 630 km² et atteint une altitude de 2 656 m.

On y trouve la magnifique vallée de Rugova et les zones les plus sauvages du Kosovo, pour certaines impénétrables, environ 1 000 espèces végétales et 200 espèces de vertébrés sur les 250 que compte le pays (ours, loups, rapaces, chats sauvages, chamois…). 

Le parc national des monts Šar s’étend quant à lui sur 533 km² dans la partie sud du massif du même nom.

Longeant la Macédoine du Nord, il culmine à 2 651 m d’altitude.

Grâce à sa morphologie variée et à la présence de petits lacs glaciaires, la biodiversité y est encore plus riche avec environ 1 500 espèces végétales, dont une quarantaine de plantes arctico-alpines qui ont survécu depuis 24 000 ans à la fin de la période glaciaire : des lichens, des champignons et une belle fleur blanche, la dryade à huit pétales qui se trouve être le symbole de l’Islande.

Le parc accueille aussi la quasi-totalité des espèces de vertébrés du Kosovo.

La faune de ces deux espaces protégés profite d’une continuité avec deux autres parcs voisins : le parc national de la vallée de Valbona (80 km²), en Albanie et l’immense parc national des monts Šar (2 400 km²), en Macédoine du Nord.

Toutefois, dans cette partie des Balkans, la notion de « parc national » reste tout à fait théorique, du fait de l’absence de budget adéquat et d’un manque de volonté politique pour assurer la préservation de l’environnement.

Ainsi, au sein des parcs nationaux du Kosovo et d’Albanie, braconnage et déforestation illégale demeurent des pratiques courantes.

En revanche, dans la partie nord du Kosovo, le troisième grand massif, celui des monts Kopaonik, a été davantage épargné par la déforestation.

Il jouit aussi de sa proximité avec le parc national de Kopaonik (121 km²), en Serbie, où l’environnement est nettement mieux protégé.

Formant la partie la plus boisée du Kosovo (810 km², soit 27 % des forêts du pays), les monts Kopaonik abritent environ 1 600 espèces végétales, dont des fleurs rares comme la joubarbe de Kopaonik la cardamine de Pančić , l’oseille des Balkans , l’achillée de Bulgarie ou la cloche yougoslave

.Les mammifères y sont peu présents (sangliers, chats sauvages…), mais on note la présence de 170 espèces d’oiseaux et d’un papillon typique de la région, le corallin des Balkans

Le Kosovo compte par ailleurs onze réserves naturelles dites « strictes » créées par les autorités yougoslaves entre les années 1950 et 1980.

Huit d’entre elles sont situées au sein des deux parcs nationaux.

Les trois autres sont celles de Kamilja (228 ha, dans les monts Kopaonik), de la diffluence de la Nerodimka (13 ha, près de Ferizaj/Uroševac) et de Gazimestan (12 ha, près de Pristina). Cette dernière abrite la célèbre pivoine du Kosovo.

Pivoine du Kosovo et flore serpentine

Objet de chants, poésies et romans, l’emblématique pivoine du Kosovo fleurit à partir de mai avec des pétales d’un rouge ,

Elle est l’un des grands symboles du peuple serbe.

Selon la légende, cette pivoine était à l’origine blanche, mais après la bataille de Kosovo Polje, en 1389, des fleurs rouges ont commencé à pousser à Gazimestan, sur le lieu de l’affrontement qui était imprégné du sang des soldats serbes tombés face aux Ottomans.

Toujours selon la tradition, elles se sont répandues dans toute la Serbie, mais c’est au Kosovo que leur couleur rouge est la plus vive.

Dans les faits, cette pivoine se trouve dans des endroits très spécifiques : les affleurements de serpentine.

Au Kosovo, ceux-ci sont présents à Gazimestan (près de Pristina) et dans la plaine de Kosovo (au nord-est), dans le mont Kopaonik (au nord), au centre du pays ainsi que dans les régions de Kaçanik/Kačanik (au sud-est) et de Gjakova/Đakovica (au sud-ouest).

Grâce à leur composition géologique, ces affleurements rocheux libèrent des métaux lourds toxiques et abritent des espèces végétales adaptées à cet environnement hostile, avec notamment une croissance réduite.

Outre la célèbre pivoine couleur sang, la flore serpentine du Kosovo comprend certaines des espèces les plus rares des Balkans telles le glaïeul d’Illyrie , de couleur mauve, la tulipe de Serbie ,blanche ou rouge, le lys d’Albanie aux pétales jaunes et en danger de disparition, ou encore, le colchique de Hongrie  qui fleurit au cœur de l’hiver.


Lynx, loups et ours

Ce sont les trois animaux les plus connus du Kosovo.

Et les plus menacés aussi parmi les 50 espèces de mammifères que compte le pays.

Sous-espèce du lynx européen, le lynx des Balkans (voir photo ) est devenu si rare que l’on estime que seuls 50 de ces félins subsistent (contre 90 en l’an 2000), principalement en Macédoine du Nord et en Albanie, avec deux spécimens observés au Kosovo, en 2017, dans les monts Šar.

L’ours brun et le loup gris sont également en danger, mais ils compteraient encore 80 individus chacun au Kosovo, dans les monts Šar et les Alpes albanaises.

Ces espèces ont été victimes d’un intense braconnage depuis 1999, soit tués par des chasseurs, soit, dans le cas de certains ours, capturés pour servir d’attraction.

Depuis 2012, elles sont protégées et, près de Pristina, une petite réserve a été créée pour accueillir une vingtaine de plantigrades.

La sauvegarde de ces prédateurs n’en reste pas moins fragile, puisque c’est désormais leurs principales proies qui sont en voie d’extinction au Kosovo, à savoir le chamois des Balkans et le chevreuil.

Parmi les autres mammifères, la situation est moins préoccupante pour les renards, sangliers, putois et chats sauvages.

Depuis 2014, on note aussi l’arrivée du chacal doré qui ,en partant de Grèce, s’est répandu à travers la plus grande partie de l’Europe, y compris en France ces dernières années.

 

Oiseaux, poissons et rivières

Le Kosovo abrite en théorie 180 espèces d’oiseaux, mais toutes voient leurs effectifs diminuer considérablement.

Certaines ont même sans doute déjà disparu du pays comme l’épervier et l’aigle impérial.

Parmi les grands oiseaux qui subsistent, on compterait encore 10 couples pour le grand tétras , 20 couples pour le hibou grand-duc  et 25 couples pour le faucon crécerellette .

Cher aux Albanais, l’aigle royal , se maintiendrait quant à lui avec 3 couples.

Les oiseaux migrateurs sont rares, mais on note qu’environ 30 couples de cigognes blanches reviennent nidifier chaque printemps dans les vallées de la Stinica (région de Mitrovica), de la Mirusha/Binačka Morava (sud-est) et du Drin blanc (sud-ouest).

La faune des rivières demeure pour sa part encore très mal connue, avec 27 espèces de poissons répertoriées, dont un tiers de la famille des Cyprinidae(carpes).

Hélas, le Kosovo est surtout le principal foyer de propagation dans les Balkans de la perche soleil , une espèce invasive importée d’Amérique

 

Vipères, papillons et scorpions

Parmi les 35 espèces de reptiles recensées au Kosovo, il faut noter la présence de deux tortues, l’une aquatique, la cistude, l’autre terrestre, la tortue d’Hermann , mais surtout de nombreux serpents, qui prolifèrent en raison de la diminution du nombre d’oiseaux prédateurs.

Si la vipère d’Orsini est venimeuse, elle est sans grand danger pour l’homme.

La couleuvre léopard , elle, est non venimeuse, mais elle peut mordre.

Même si les accidents sont rares, il faut surtout se méfier de la vipère cornue et de la vipère péliade qui possèdent chacune un venin dangereux pour l’homme.

Quant à l’immense famille des insectes, elle n’a encore fait l’objet que de peu de recherches au Kosovo.

Des espèces sont ainsi peu à peu identifiées.

Ce fut le cas en 2021, lorsqu’un scientifique découvrit dans les Alpes albanaises, à 2 000 m d’altitude, un nouveau représentant des Limnephilidae (sortes de mouches aquatiques) et le nomma… Potamophylax coronavirus !

On était alors en pleine pandémie de Covid-19.

C’est en tout cas à ce jour la seule espèce vraiment endémique du pays (c’est-à-dire qu’on ne trouve qu’au Kosovo), faune et flore confondues.

Côté papillons, 171 sont actuellement dénombrés, dont la moitié sont observables sur le seul site des chutes d’eau de la Mirusha (région de Prizren).

Et parmi les milliers de coléoptères, le plus rare et le plus élégant est l’Ampedus quadrisignatus, ainsi nommé en raison des quatre points noirs dessinés sur sa belle carapace jaune.

Enfin, chez les arachnides, outre 159 espèces d’araignées, on trouve également trois sortes de scorpions : l’Euscorpius mingrelicus, l’Euscorpius carpathicus et l’Alpiscorpius beroni.

Mesurant de 3 à 4 cm de longueur, ces espèces vivent généralement en altitude, dans les Alpes albanaises et leur venin ne présente pas de risque pour un adulte en bonne santé.



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