À travers le paludisme, la dengue et la fièvre jaune les moustiques font environ 700 000 morts chaque année. Les moustiques sont aussi des pollinisateurs naturels et peuvent êtres la nourriture de plusieurs espèces telles que les chauves souris , certains poissons, des tortues ou des passereaux. L’impact de cette disparition serait elle perceptible pour le commun des mortels ? On ne connaît pas exactement la réponse mais on suppose que non Cependant plusieurs espèces de moustiques ne s’intéressent pas à nous et ne nous piquent pas.

09.09.24

L’augmentation des cas de maladies transmises par les moustiques inquiète.

Mais ces insectes nuisibles sont aussi des pollinisateurs essentiels et leur disparition pourrait avoir des effets imprévisibles sur la chaîne alimentaire.

Les moustiques refont parler d’eux et des maladies dont ils sont porteurs et qu’ils transmettent aux humains.

En août dernier, des habitants d’Oxford, dans le Massachussetts (États-Unis ont étés invités à respecter un couvre feu en soirée un effort qui vise à les protéger des maladies potentielles mortelles comme l’encéphalomyélite équine de l’Est.

Anthony Fauci, ancien directeur de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses, a fait la une des journaux : après avoir contracté le virus du Nil occidental, il a dû être hospitalisé.

« C’est la saison de ces deux maladies », souligne Erin Staples, épidémiologiste médical au Centre américain de contrôle et de prévention des maladies.

S’il existe plusieurs moyens simples de se protéger contre les maladies transmises par les moustiques, une autre solution, plus radicale, peut sembler attrayante : et si l’on pouvait faire disparaître tous les moustiques ?

LA PLACE DES MOUSTIQUES DANS LA CHAÎNE ALIMENTAIRE

Personne ne sait à quoi ressemblerait le monde sans les moustiques.

« Faire disparaître les moustiques aurait des conséquences que nous ne pouvons pas prédire », déclare Ann Froschauer, spécialiste des affaires publiques pour le U.S. Fish and Wildlife Service, organisme fédéral américain dépendant du département de l’Intérieur.

Le problème global est que nous ne savons pas avec suffisamment de précisions comment les moustiques s’insèrent dans la chaîne alimentaire, même si l’on estime à environ 3 500 le nombre d’espèces de moustiques sur la planète.

De nombreuses recherches ont permis de documenter les réseaux alimentaires de grands mammifères, tels que les lions ou les léopards.

Et pour cause, ils sont beaucoup plus faciles à observer que les moustiques, qui se reproduisent souvent dans des points d’eau temporaires.

Nous savons que les moustiques de tout âge et de tout genre sont la nourriture de toutes sortes de créatures, comme des poissons, des tortues, des libellules, des passereaux et des chauves-souris.

De plus, chez plusieurs espèces de moustiques, les mâles ne boivent que du nectar, faisant de certaines espèces des pollinisateurs essentiels de plantes, de certaines fleurs, et même d’orchidées.

QU’EN EST-IL DES CHAUVES-SOURIS ?

Peut-être plus que tout autre animal, les chauves-souris sont souvent présentées comme le plus grand ennemi des moustiques.

L’élimination de tous les moustiques affecterait-elle davantage les chauves-souris ?

Pas vraiment, affirme Winifred Frick, biologiste spécialiste des chauves-souris à l’université de Californie à Santa Cruz.

La plupart des chauves-souris sont en fait des prédateurs généralistes, c’est-à-dire qu’elles mangent tout ce qu’elles peuvent attraper : moustique, coléoptère ou autre.

« Il n’y a pas d’espèce de chauves-souris qui mangerait essentiellement des moustiques », déclare Frick.

En fait, certaines espèces de moustiques sont plus actives pendant la journée, ce qui signifie que les chauves-souris ont moins d’occasions de s’en nourrir.

En outre, les méthodes que nous utiliserions pour éradiquer les moustiques, par exemple des pesticides comme le DDT, pourraient s’avérer plus mortelles pour les chauves-souris que la diminution du nombre de leurs proies, ajoute-t-elle.

« Je crains que la pulvérisation massive de pesticides n’ait des conséquences désastreuses sur les chauves-souris et d’autres espèces sauvages », déclare Winifred Frick.

Selon Marm Kilpatrick, écologiste spécialiste des maladies à l’université de Californie-Santa Cruz, il est évident que si l’on retire un animal de ces écosystèmes, quelque chose changera.

Mais l’impact serait-il perceptible par le commun des mortels ?

« Je dirais que nous ne connaissons par la réponse, mais j’ai l’impression que non », déclare Marm Kilpatrick.

UN MONDE SANS MALADIE ?

L’éradication des moustiques auraitdes conséquences massives pour la santé globale, cependant.

Dans l’ensemble, les moustiques sont responsables de plus de 700 000 morts chaque année.

Les moustiques sont le principal vecteur du paludisme.

S’ils disparaissaient, le paludisme disparaîtrait certainement aussi.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé, environ 608 000 personnes sont mortes du paludisme en 2022.

Les moustiques transmettent également le virus de la dengue, qui tue 21 000 personnes par an, tout comme la fièvre jaune, qui est responsable de 30 000 morts par an.

Mais il n’est peut-être pas nécessaire d’éradiquer les moustiques pour inverser la tendance.

Ces dernières années, les chercheurs ont fait des percées prometteuses dans la prévention de la transmission des maladies en infectant les moustiques avec des bactéries parasites, en rendant les moustiques stériles avec des radiations et même en modifiant le génome des moustiques à l’aide de la technologie CRISPR.

Il est important de rappeler que toutes les espèces de moustiques ne sont pas responsables de cette destruction.

En fait, beaucoup d’entre elles ne veulent rien avoir à faire avec nous.

« Certaines espèces vivant dans les zones humides se nourrissent principalement du sang de grenouilles et d’autres amphibiens », explique Michael Hutchinson, entomologiste au département de l’agriculture de Pennsylvannie.

« Vous pourriez donc être assis dans une zone humide, et s’il y avait des dizaines de milliers de ces moustiques autour de vous, vous ne seriez pas piqué du tout.

Ils ne sont tout simplement pas intéressés. »

Il existe également des espèces de moustiques dont les femelles ne sont pas connues pour être des suceuses de sang.

En fait, certains moustiques, comme ceux du genre Toxorhynchites, chassent d’autres moustiques pendant leur stade larvaire aquatique.

« C’est en fait le plus gros moustique que nous ayons en Pennsylvanie, et heureusement pour nous, il ne pique pas », explique Hutchinson.

En fin de compte, que l’éradication totale des moustiques soit possible ou non (elle ne l’est probablement pas) il y a encore beaucoup de choses que nous ne comprenons pas sur ce que le biologiste E.O. Wilson a appelé « les petites choses qui dirigent le monde ».

 

Poster un commentaire