Le Congo ainsi que 5 autres pays d’Afrique Centrale (Cameroun, Centrafrique, Congo Démocratique, Gabon, Guinée Équatoriale) fait partie du Bassin du Congo, vaste région forestière et compacte d’environ 230 Millions d’Hectares.
Le bassin du Congo est la seconde forêt tropicale au monde en termes de surface après l’Amazonie.
Pour concilier les impératifs du développement durable et ceux de la protection de la forêt, une coopération régionale et internationale s’est mise en place.
Dans ce cadre, le bassin du Congo c’est 29 organisations gouvernementales et non gouvernementales regroupées dans le « Partenariat pour les Forêts du bassin du Congo » (PFBC).
Forêt tropicale
La biodiversité de l’Afrique centrale dans son ensemble est d’importance mondiale à la fois par le nombre d’espèces trouvées dans la région et le nombre d’espèces de plantes et d’animaux qui n’existent pas ailleurs sur la planète.
Les forêts abritent plus de 400 espèces de mammifères, plus de 1 000 espèces d’oiseaux et probablement plus de 10 000 espèces de plantes dont 3 000 environ seraient endémiques.
Ce n’est qu’en Afrique centrale que des éléphants de forêt, des gorilles, des buffles de forêt, des bongos et des okapis existent en grand nombre sur de vastes étendues.
Les ancêtres lointains de l’homme sont peut-être originaires de l’Afrique centrale qui abrite encore nos trois plus proches parents : le gorille, le chimpanzé et le bonobo.
Rien que par leur taille, les forêts du bassin du Congo constituent une réserve de carbone d’importance mondiale pour la régulation du gaz à effet de serre et le dioxyde de carbone.
De par leur faune et leur flore, les forêts de la République du Congo ou Congo-Brazzaville figurent parmi les plus riches au monde et couvrent près de 65 % du territoire.
Le massif du Chaillu, la forêt du Mayombé, à l’ouest du pays, et la forêt inondée du Nord constituent le deuxième domaine forestier du monde.
Le reste du territoire est recouvert de savanes.
Les aires protégées au Congo couvrent une superficie de 2 551 720 hectares soit environ 10 % du territoire.
Ce réseau d’aires protégées est réparti entre des parcs nationaux, des réserves et des domaines de chasse ainsi que des sanctuaires.
Les Parcs Nationaux sont au nombre de 3 et couvrent environ 2.2 millions d’hectares soit 6.4 % du territoire (forum de l’UNESCO-MAB à Brazzaville en 2010).
Parcs nationaux
Le Parc National de Nouabalé-Ndoki
Situé dans le Nord-Ouest du bassin du Congo,
il est le premier site de la République du Congo à être intégré à la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO (2012).
Il s’insère dans un espace transfrontalier plus vaste appelé Trinational de la Sangha (TNS) entre les frontières de la République Centrafricaine, du Cameroun et de la République du Congo.
Le TNS comprend trois parcs nationaux contigus couvrant une superficie totale de 746 309 hectares définie par la loi.
Il s’agit du Parc national de Lobéké au Cameroun, du Parc national de Nouabalé-Ndoki en République du Congo et du Parc national de Dzanga-Ndoki en République centrafricaine.
On y trouve des plantes herbacées typiquement associées aux forêts tropicales humides ainsi qu’une grande diversité d’animaux :
des crocodiles du Nil et des poissons-tigres Goliath
des éléphants de forêt
des gorilles des plaines de l’ouest (en danger critique d’extinction) et des chimpanzés (en danger).
Le Parc Odzala-Kokoua
Ce parc créé par décret présidentiel le 10 mai 2001 est situé à cheval sur les départements de la Cuvette-Ouest et de la Sangha.
Le Parc dispose d’une équipe de gestion placée sous le contrôle d’un directeur national, d’un conservateur et de trois conservateurs adjoints.
La direction du Parc bénéficie d’une assistance technique et financière de plusieurs partenaires notamment l’Union Européenne à travers le programme ECOFAC, WCS et WWF. Le site fait partie du complexe transfrontalier Dja-Odzala-Minkébé (TRIDOM).
Encore très peu connu et fréquenté, le 2ème plus grand parc de forêt d’Afrique abrite de nombreuses espèces menacées comme le gorille, l’éléphant des forêts, l’antilope bongo et la hyène tachetée.
Le Parc National d’Odzala contient une mosaïque forêt-savane dans laquelle on retrouve plusieurs clairières et des salines naturelles.
Tous ces habitats sont à l’état naturel et n’ont jamais subi de modifications dues aux actions de l’homme.
Les grandes salines naturelles constituent d’importants points de concentration et d’alimentation pour la faune sauvage.
Les forêts denses à sous-bois de marantacées (herbacées géantes) sont des habitats de prédilection des gorilles de plaine et des éléphants, deux espèces menacées d’extinction ainsi que selon les autorités, la dernière population de lions existant en zone forestière.
Le Parc National de Conkouati Douli (PNCD)
Créé par décret présidentiel le 14 août 1999 ce parc est situé dans le Département du Kouilou, à cheval sur les districts de Nzambi et de Madingo-Kayes, à l’extrémité nord-ouest du département.
Il comprend une partie continentale et une partie marine.
Le Parc dispose d’une équipe de gestion placée sous la direction de deux conservateurs, assistés d’un chef de patrouille.
La Direction du Parc bénéficie d’une assistance technique et financière de WCS. Le site fait partie du landscape Gamba-Conkouati-Mayumba.
Le Parc abrite la faune représentative des écosystèmes forestiers du Congo, la grande faune comprend entre autres : des éléphants, des buffles, des gorilles, des panthères, des chimpanzés, des potamochères, des sitatunga (type bovin), des Guib harnaché, et des mandrills.
La présence du lamantin, la baleine à bosse, le Dauphin et les tortues (luths, olivâtre et ridley) sont une particularité pour ce Parc semi marin
Le PNCD est le deuxième site au monde de nidification des tortues luths après la Guyane, et le premier site en Afrique.
Le PNCD est un site qui regroupe en son sein une grande diversité d’habitats à savoir :
Les lagunes et lacs à eaux saumâtres et douces
La forêt dense de terre ferme
La forêt dense marécageuse
Les savanes herbeuses et arbustives
Les mangroves
La Frange maritime
La mer
Il semblerait que jusqu’à aujourd’hui, il n’y ait eu aucune intrusion d’espèces exotiques (faune ou flore).
En revanche, plusieurs menaces pèsent sur ce site qui fait l’objet d’une exploitation forestière, minière et de plusieurs explorations pétrolières.
L’existence de la route nationale, l’importante densité humaine dans le Parc et le braconnage constituent d’autres menaces importantes.
De plus, la proximité de Pointe-Noire à ce site favorise le commerce illicite de la viande de brousse.
Un autre phénomène est à signaler, les chalutiers qui causent d’énormes dommages sur les tortues.
La faune entre mer et forêt
Les tortues
5 des 8 espèces de tortues marines dans le monde fréquentent le littoral Congolais, notamment la tortue Luth (espèce menacée d’extinction) et la tortue olivâtre.
La chasse des femelles pendant la ponte et les prises dans les filets de pêche industrielle ou artisanale ainsi que les occasionnelles marées noires impactent énormément leur population.
Rénatura est une ONG congolaise de conservation créée en 1999 et basée à Pointe Noire dont l’objectif est de promouvoir le développement durable par la conservation de la biodiversité, en particulier à travers l’étude et la protection des tortues marines au Congo (patrouilles, études, sensibilisation et écotourisme).
Aux patrouilles de Renatura s’ajoutent celles de la Wildlife Conservation Society, présente dans le littoral Nord du Parc National de Conkouati.
Ensemble, elles assurent le suivi scientifique des animaux (étude du nombre de pontes, taille des animaux, nombre de carcasses échouées, etc.) le long des 170 km du littoral congolais. Renatura est soutenue par le Programme de Petites Initiatives (PPI) du Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM).
Les grands singes
Le chimpanzé
Le chimpanzé commun est un grand singe vivant en Afrique tropicale.
C’est le grand singe génétiquement le plus proche de l’homme avec plus de 98 % du patrimoine génétique commun aux deux espèces.
Avec les gorilles, les chimpanzés communs sont les seuls représentants des grands singes sur le continent africain.
On en distingue deux espèces :
le chimpanzé commun, espèce flambeau du projet HELP (fondée en 1990, HELP Congo est une ONG ayant pour but de réhabiliter et réinsérer dans leur habitat naturel de jeunes chimpanzés confisqués aux braconniers et de sensibiliser et former les communautés locales à la conservation)
le chimpanzé pygmée ou bonobo, ce dernier ne vivant qu’en République Démocratique du Congo (ex Zaïre)
Le sanctuaire de Conkouati est composé d’îles « d’adaptation » et d’une zone de réintroduction.
Les individus vivant sur les îles apprennent ou réapprennent à vivre en groupe et en autonomie.
Ils sont ensuite relâchés sur la zone du triangle, vaste forêt de 21 kms carrés délimitée par la rivière et la lagune.
Réhabilités, les chimpanzés sont alors observés et surveillés, constituant une base de données scientifiques.
Le gorille ( voir photo)
Longtemps confondu avec le chimpanzé, le gorille n’a été décrit par les naturalistes qu’au XIXe siècle.
Depuis, sa classification n’a cessé d’être remaniée.
En 1853, le naturaliste français I. Geoffroy St-Hilaire, invoquant plusieurs différences anatomiques avec le chimpanzé, lui attribue un nom de genre spécifique, Gorilla.
La poursuite de l’exploration du continent africain conduit à l’observation de trois nouvelles formes de gorilles sur la chaîne volcanique des Virunga au Rwanda, au sud du Nigeria et dans les forêts de moyenne altitude à l’est du Congo (RDC).
Depuis 2001, sur la base de critères morphologiques, anatomiques et génétiques, on reconnaît désormais deux espèces dans les forêts d’Afrique centrale : le gorille de l’ouest et le gorille de l’est, chacune divisée en deux sous-espèces, des plaines et des montagnes.
La principale différence entre ces deux espèces est le pelage : court et de couleur gris – noir avec des teintes rousses sur la tête chez les gorilles de l’ouest, il est beaucoup plus noir chez les gorilles de l’est et sa longueur augmente avec l’altitude et la rigueur du climat.
Par ailleurs, le dos argenté qui se limite à une selle chez les mâles adultes des gorilles de l’est, s’étend des épaules au bas du dos chez les gorilles de l’ouest.
Ces magnifiques animaux peuvent être observés dans le Ndzehi Forest qui entoure Ngaga Camp au sein du Parc Odzala-Kokoua et où vivent 7 familles de gorilles soit au total 105 individus.
Grâce au travail des scientifiques qui les étudient et les protègent depuis de nombreuses années, ils se sont habitués à la présence humaine.
La chasse fait peser localement des menaces importantes sur la grande faune à proximité des principales localités (Ouesso, Pokola, Impfondo, Enyellé) le long des axes routiers et à proximité de la frontière commune avec la RCA, la viande de brousse étant exportée vers ce pays (observations faites entre autre par WCS sur le parc de Nouabalé Ndoki et à sa périphérie).
D’ores et déjà la disparition dans ces zones des éléphants et des gorilles atteste des activités humaines sur la faune sauvage.
Sources : les forêts de la République du Congo en 2008 de Nicolas Bayol et Richard Eba’a Atyi.