La zoothérapie : soigner avec les animaux
Les thérapies avec l’animal ont le vent en poupe.
Un phénomène lié à notre intérêt croissant pour nos amies les bêtes et nos envies actuelles de retour à la nature.
Zoom sur la zoothérapie.
« De toutes les thérapies qui ont vu le jour ces dernières années, la zoothérapie est peut-être celle qui s’appuie sur l’un des plus anciens et des plus constants phénomènes naturels : le lien étroit qui se tisse entre l’être humain et l’animal », écrit Dr Maria Tanasa dans sa thèse universitaire
« La Zoothérapie, une autre thérapie en EHPAD ».
Ce terme de « zoothérapie » désigne les interventions thérapeutiques et activités réalisées avec l’assistance d’un animal.
On parle aussi de « thérapie facilitée par l’animal » ou de « médiation animale ».
la naissance de la zoothérapie
Depuis le XIXème siècle, des institutions de soin ont recours aux animaux (chiens, chats, chevaux, oiseaux) pour apaiser malades mentaux ou personnes traumatisées.
Mais c’est à Boris Levinson, un psychiatre new-yorkais, que l’on attribue la création de la zoothérapie.
A la fin des années 1950, les parents de Johnny, un jeune garçon mutique et replié sur lui-même, étiqueté autiste, le consultent pour un dernier avis avant l’internement de leur fils.
Jingles, le chien du psychiatre, par hasard présent au cabinet, se dirige vers l’enfant.
Celui-ci sort aussitôt de son repli autistique et se met à caresser l’animal.
A la fin de la séance, devant ses parents étonnés, Johnny demande à revoir le chien.
Levinson décide alors de recevoir le garçon, assisté par Jingles.
Notant une amélioration incontestable, le psychiatre fera participer des chiens ou des chats (selon les patients) à ses séances, inventant ainsi la psychothérapie assistée par l’animal.
L’intérêt pour la zoothérapie ne cessera depuis de se développer, surtout à partir des années 1990, parallèlement à celui que suscitent actuellement les animaux.
A qui s’adresse la zoothérapie ?
L’aide de la zoothérapie s’avère précieuse pour les personnes, enfants ou adultes, en situation de handicap physique (polyhandicapés, accidentés, non-voyants, malentendants, personnes souffrant de troubles neuromusculaires,) ou psychique (personnes atteints d’autisme, de troubles psychiatriques, souffrant de dépression, de troubles de l’alimentation ou de l’image de soi).
Elle est de plus en plus utilisée pour les malades cancéreux, car réparatrice de l’image du corps, et pour les personnes âgées, chez qui elle stimule la mémoire.
Elle est aussi employée pour re socialiser les prisonniers et jeunes délinquants, ainsi que pour apprendre aux enfants « difficiles » à contrôler leurs émotions et se concentrer.
On y a recours, également, en thérapie familiale (être le frère ou la sœur d’un frère ou d’une sœur handicapée, résoudre les conflits parents/enfants, surmonter un traumatisme).
D’une façon générale, la présence d’un animal est thérapeutique : elle apaise, égaye et incite avantageusement à se soucier d’un autre que soi.
Des chiens, des chats mais aussi des lamas
Les animaux choisis doivent être familiers, rassurants et attiser la curiosité.
Le chien, le chat, le cheval, l’âne, la chèvre, le lapin et le hamster sont les principaux acteurs en thérapie animale.
Avec une présence particulière du chien.
Celui-ci nourrit une relation privilégiée avec l’humain : il est à la fois un compagnon à protéger et un protecteur.
Comme le note Philippe Hofman, psychologue clinicien, dans Le Chien est une personne (Albin Michel), il est « un support idéal pour les projections et les fantasmes » et il se pourrait bien qu’il nous comprenne mieux que nous le comprenons.
Selon le psychologue, le chien éveille la créativité, l’imagination, développe l’empathie et stimule les personnes dépressives.
Excellent antistress, le chat est souvent présent auprès des personnes âgées à qui il remonte le moral (mais attention aux griffes qui peuvent être source d’infections quand le système immunitaire est affaibli).
Selon le père de la ronronthérapie, le vétérinaire toulousain Jean-Yves Gauchet, le ronronnement améliore la production de sérotonine, qui agit positivement sur l’humeur et exerce une action bénéfique sur la tension artérielle.
Enfin, un petit nouveau parmi les intervenants en zoothérapie : le lama, qui séduit par sa douceur et sa patience.
L’essor de l’équithérapie
Les thérapies assistées par le cheval sont de plus en plus utilisées car, à la fois psychiques et corporelles, elles concernent tous les publics.
Le travail s’effectue au sol et en selle, en fonction des pathologies et des besoins.
Au début des années 2000 est apparu un nouvel outil : le développement personnel par le cheval.
Utilisé pour une meilleure connaissance de soi par des personnes souhaitant être plus harmonie avec elles-mêmes, avec leurs envies, leurs objectifs de vie, il s’accompagne souvent d’une vision spirituelle.
Le développement personnel assisté par le cheval, en séance individuelle ou stage de groupe, complète utilement une psychothérapie ou une psychanalyse.
La nécessité d’un thérapeute formé
L’animal nous fait du bien, il a un effet thérapeutique, mais pour que l’on puisse parler de « zoothérapie »,
la présence d’un thérapeute formé est indispensable.
Les séances sont individuelles ou en petit groupe.
Elles se déroulent dans des centres spécialisés, des fermes pédagogiques, des centres équestres ou des hôpitaux.
Les intervenants en zoothérapie se déplacent aussi dans les écoles, les prisons, les foyers et maisons de retraite.
La profession de « zoothérapeute » n’existe pas.
Les praticiens viennent du monde de la psychologie et de la psychiatrie, du domaine paramédical, de l’éducation.
Il s’agit d’une spécialisation, d’un outil, qui complète des techniques de soin, la psychiatrie, la psychologie, les soins psycho-corporels.
Ainsi des kinesithérapeutes et des psychomotriciens peuvent choisir de se former en zoothérapie pour suivre plus efficacement des personnes avec handicap.
Une thérapie parfois critiquée
Il a pu être reproché à la thérapie assistée par l’animal de ne pouvoir évaluer son efficacité.
En réalité, plusieurs études – en particulier celle menée par la neuropsychiatre Sonia Lupien, directrice de l’Institut Universitaire de santé mentale de Montréal, sur 42 jeunes autistes épaulés psychiquement par des chiens ont prouvé qu’elle diminue le niveau de stress des patients.
La plus critiquée des zoothérapies est la thérapie assistée par les dauphins.
Ses détracteurs font valoir que la place d’un dauphin est dans la mer et non en captivité, dans un bassin.
Le fait est que zoothérapie ne doit surtout pas rimer avec exploitation animale.
Et qu’il est utile de s’assurer que les animaux qui participent aux séances vivent dans de bonnes conditions, au plus près des besoins naturels de leur espèce