Une nouvelle étude révèle que le l’amas de déchets plastique flottant entre Hawaï et la Californie est bien plus large qu’estimé lors de précédentes recherches.
Les déchets retrouvés dans la mer sont à 80% issus de l’activité humaine et notamment du tourisme.
C’est un amas de déchets perdu dans les eaux internationales et dont la responsabilité est rejetée par tous les pays.
Le huitième continent est une immensité de plastique qui a pris place dans tous les océans.
Principalement situées dans le Pacifique Nord, ces soupes de déchets sont aussi présentes dans l’Océan Indien, le Pacifique Sud, l’Atlantique Nord et l’Atlantique Sud.
La formation localisée dans le Pacifique Nord, entre Hawaï et la Californie, est la plus connue et la plus grande.
Selon une étude publiée dans la revue Scientific Reports jeudi 22 mars 2018, la taille de ce vortex serait 4 à 16 fois supérieure à ce que laissait penser les précédentes recherches.
Cette seule zone mesurerait environ 1,6 million de km2, soit trois fois la taille de la France, selon les chercheurs.
En estimant qu’un kilomètre carré contient plus d’un kilo de plastique, les chercheurs ont conclu que cette gigantesque décharge, aussi nommé « grande zone d’ordures du Pacifique » (Great pacific garbage patch, GPGP), contient 80.000 tonnes de déchets de masse flottante et non compacte.
Au total, les explorateurs ont évalué que pas moins de 1800 milliards de morceaux de plastique flottaient dans ce magma.
Et il augmente selon eux « de façon exponentielle ».
Le plastique représentait 99,9% des déchets récoltés lors de l’étude.
Mais contrairement à ce qu’ils imaginaient, les chercheurs ont eu la surprise de découvrir que plus des trois quarts des débris trouvés dans ce vortex mesuraient plus de 5 cm.
Les précédentes recherches avaient davantage mis en lumière les micro-plastiques.
Se confiant à l’AFP, Laurent Lebreton, l’un des principaux auteurs de l’étude et membre de la fondation Ocean Cleanup, affirme que tous ces résultats représentent « plutôt une bonne nouvelle car les gros débris sont bien plus faciles à collecter que les micro-plastiques ».
Société de consommation
C’est le capitaine Charles Moore qui, le premier, a découvert cette plaque de plastique en 1997.
Elle est aussi bien composée de micro-plastiques d’une taille inférieure à 5 millimètres que de gros objets pouvant atteindre les 50 centimètres.
Cette agglomération de déchets est formée par les mouvements de l’eau, appelés gyres océaniques.
La pression des courants et les vents faibles favorisent leur agrandissement progressif. 80 % de ces déchets sont d’origine humaine (la production de plastique dépasse 320 millions de tonnes par an).
Il s’agit avant tout des déchets engendrés par le tourisme : des restes de pique-nique, des emballages de boissons, des mégots ou encore des jeux de plages.
Le rejet des eaux usées entraîne également les déchets urbains vers les mers et les océans.
Mais une bonne part des déchets retrouvés dans les eaux provient également de la pêche : ce sont des résidus de filets, de cordages ou de nasses.
« Les gens voient la quantité de matériel de pêche et pointent du doigt l’industrie de la pêche, mais ils mangent aussi du poisson, explique Laurent Lebreton à l’AFP.
Ce n’est pas la question d’un secteur ou d’une région, c’est principalement notre mode de vie et de consommation, les plastiques à usage unique, la société du tout-jetable ».
L’écosystème en danger avec la « pêche fantôme »
La première victime de cette pollution océanique est l’espèce animale.
Les tortues marines sont les plus sensibles aux déchets.
Très souvent elles s’étouffent avec des sacs en plastique qu’elles confondent avec des méduses.
C’est d’ailleurs la première cause de mortalité chez cette espèce marine.
Les animaux peuvent aussi s’emmêler dans tous les matériaux de pêche que l’on retrouve en mer ou dans les océans.
Les phoques et les otaries sont particulièrement victimes d’enchevêtrement.
Ce phénomène surnommé la » pêche fantôme » est également un risque non négligeable pour la conservation du stock de poisson dans certaines zones.
Il entraîne une perte économique importante. Les filets ou cordages s’accrochent également aux récifs coralliens et les brisent.
Les micro-plastiques, quant à eux, sont ingurgités par les poissons.
Ainsi, les débris sont transformés par l’effet du sel, du soleil et des mouvements de l’eau et deviennent semblables aux planctons pour les animaux marins, causant leur intoxication, leur empoissonnement ou encore leur noyade.
Ces micro-plastiques sont aussi de formidables éponges puisqu’ils captent tous les polluants.
En mangeant les poissons intoxiqués, l’Homme absorbe donc, malgré lui, des plastiques pollués.
La chasse aux plastiques
Pour lutter contre ce huitième continent, de nombreuses initiatives se mettent en place.
Avec un financement plus important que prévu, le projet Ocean Cleanup pourrait voir le jour cette année au lieu de 2020.
« Ces résultats nous fournissent des données-clés pour développer et tester notre technologie de nettoyage, mais il souligne également l’urgence de s’attaquer au problème de la pollution aux plastiques », a affirmé à travers un communiqué Boyan Slat, fondateur de Ocean Cleanup.
Ce jeune néerlandais de 23 ans met actuellement au point un système d’une trentaine de barrières flottantes, de chacune un à deux kilomètres de long, entre Hawaii et la Californie.
Ces barrières devront bloquer les déchets.
Elles seront attachées à une ancre flottante de 12 mètres de long qui évoluera dans l’eau au gré des courants, tout comme les déchets plastiques.
Cette invention permettrait de nettoyer environ la moitié du Pacifique nord en 5 ans.
Mais ces barrières ne pourront pas ramasser les morceaux inférieurs à un centimètre, ce qui ne résout en rien le problème des micro-plastiques.
Une autre association, Sea Cleaner, envisage de créer un voilier de 70 mètres de long, 49 mètres de large et 61 mètres de haut, capable de ramasser jusqu’à 600 mètres cubes de déchets plastiques dans les zones contaminées.
Le navigateur Yvan Bourgnon, l’initiateur du projet, a pu le présenter à la COP22, à Marrakech, au Maroc.
Pour financer ce projet, qu’il a nommé le projet Manta, Yvan Bourgnon a lancé une campagne participative afin d’appeler à la conscience universelle.
En quelques semaines, l’objectif financier était atteint. Un premier prototype de 1/10ème sera mis à l’eau dans le courant de l’année 2018.
Cet essai sera destiné à affiner et tester le système du collecteur de déchets.
Selon Yvan Bourgnon, une centaine de Manta serait nécessaire pour ramasser l’ensemble des plaques de plastique du 8ème continent.
7ème ou 8ème continent ?
Très longtemps surnommé 7ème continent, cette gigantesque décharge de plastique flottants dans les différents océans, a été reclassée au rang de 8ème continent après la découverte, en février 2017, d’un possible nouveau continent.
Ce dernier baptisé Zealandia, se trouve à l’est de l’Australie, dans le sud-ouest du Pacifique.
Cette masse continentale est plus vaste que l’Inde. Il est immergé à 94% sous environ 1 100 m d’eau.
Cette découverte supposerait que la Nouvelle-Zélande, la Nouvelle-Calédonie et quelques autres petites îles ne sont que des parties d’une seule et même entité de près de 5 millions de kilomètres carrés.
Source: Science avenir