Voici le cheminement de notre histoire commune.

Les origines.  

L’histoire de l’homme est liée à celle du cheval depuis que l’homme l’a peint comme produit de sa chasse sur les murs de ses cavernes. 

Plus tard, durant l’âge de bronze, les hommes pensèrent à utiliser la force équine et Kikuli écrira vers 1490 av JC , dans le premier traité d’art équestre connu, sur la nécessité de la progression dans le dressage des chevaux. 

En 424 av JC, Simon d’Athènes mentionne la nécessité d’obtenir l’adhésion du cheval dans son utilisation en disant

«  Dans ce qu’il fait malgré lui, le cheval ne met pas plus d’intelligence et de grâce qu’un danseur qu’on fustigerait et piquerait de l’aiguillon «  

On prend alors conscience de la relation qui existe entre l’homme et le cheval : il n’est pas une simple mécanique exécutrice,  mais un être gouverné par des émotions et des sentiments.  

Seulement cette relation n’est pas évidente et quand elle parvient à être construite, elle n’est pas nécessairement saine et paisible.     

 La proie et le prédateur.     

Au début de l’histoire commune de l’homme et du cheval, le premier chassait le second pour le manger et se couvrir de sa peau . 

L’homme était un prédateur, que la proie , le cheval fuyait. 

Il est donc naturel que le cheval conserve la crainte de l’homme : il restait une proie , dont l’un des prédateurs était l’homme.  

Le cheval est un animal émotif et peureux mais puissant aux réflexes rapides.  

Ses instincts d’évitement du danger, de fuite ou parfois de défenses rendent la relation avec l’homme difficile à établir.   

En effet celui-ci effraie facilement le cheval par ses actions directes ( regard insistant, trajectoire rectiligne, mains tendues comme pour attraper…) en outre, sa position de cavalier le place à l’endroit même où mordent la plupart des prédateurs.

Comment convaincre l’animal de notre volonté de paix alors que nous venons le déranger dans son périmètre, que nous portons une odeur de mangeur de viande, parfois de peur et que nous nous avançons droit sur lui comme si nous nous apprêtions à l’attaquer ?

Comment le convaincre d’entrer en relation avec nous alors qu’il fuit à notre approche ?      

Quand le prédateur devient insignifiant.    

Cependant, si le cheval est un animal craintif, son éducation peut permettre qu’il n’ait pas peur de l’homme.  

Leur relation n’en est pas pour autant facilitée .  

En effet, dans cette situation, le cheval ne considérant pas l’homme comme un danger, peut ne pas le considérer du tout, c’est-à-dire voir l’homme comme un objet peu digne d’attention.  

Dans ce type de situation, le cheval va avoir tendance à bousculer et s’il se considère dérangé par l’homme peut même devenir agressif.  

De plus , certains mouvements de recul, d’évitement de la part de l’homme, renforcent le sentiment qu’à le cheval, du droit qu’il a d’empiéter sur notre bulle ( qu’il considère comme plus ou moins inexistante).  

Nos instincts sont aussi un écueil ; certaines réactions, nos émotions peuvent échapper à notre contrôle et effrayer ou inquiéter le cheval. 

Par exemple, auprès d’un cheval ayant la réputation d’être agressif, si l’on se raidit, dans la crainte de se faire mordre , et cela peut se faire de manière inconsciente, le cheval perçoit la tension et devient effectivement agressif.

Malgré nous , malgré notre bonne volonté, nos réactions naturelles peuvent entraver notre relation avec le cheval.    

Hiérarchie et relation.    

La hiérarchie humaine est basée sur l’idée d’un dominant, chef qui commande et qui ordonne. 

Cela n’existe pas chez les chevaux ou la notion de dominance réside uniquement dans la capacité à avoir un meilleur accès aux ressources.  

La manie humaine d’exiger et de prendre, de pressurer pour obtenir, s’apparente à un comportement de prédation , qui ne facilite pas les relations de l’homme au cheval.    

On comprend donc que la relation entre l’homme et le cheval n’est pas évidente à établir, d’autant plus que les deux protagonistes n’en attendent pas nécessairement la même chose.  

Les relations du cheval à l’état naturel sont les membres de son troupeau auprès duquel il est en sécurité.  

C’est la principale raison d’être de l’instinct grégaire du cheval, auprès des membres du troupeau, le cheval a de plus grandes chances de rester sauf .   

C’est ce qu’il a besoin de trouver auprès de l’être humain.   

Bien sûr,  la notion d’amitié est très importante, et c’est aussi ce que recherchent la plupart des cavaliers, mais la sécurité est primordiale au confort du cheval. 

C’est-à-dire que pour pouvoir établir une relation saine avec un cheval, il faut créer un lien d’amitié, qui se crée en relation avec la sensation de confort.  

Si la présence de l’homme apporte du bien être au cheval, celui-ci peut le considérer comme ami.

Pour éprouver du bien être le cheval doit nécessairement se sentir en sécurité. 

Pour le cheval, les relations résident donc en l’amitié, le confort et donc la sécurité. 

Elle dépend directement de la cohésion du groupe dont les membres se partagent la surveillance des environs.  

Des combats mobiliseraient trop l’attention des individus pour une bonne observation, ne pouvant compter les uns sur les autres, les chevaux s’épuiseraient en surveillance, d’autant plus que le risque permanent de conflit les maintiendraient à un niveau élevé de stress.  

De ce fait, et contrairement à l’homme qui est un animal plutôt agressif, avec une volonté de domination, le cheval est un animal pacifique qui cède facilement sa place à un individu qui se pose naturellement ( c’est-à-dire sans qu’il fasse pour cela un effort particulier) comme un dominant.

L’homme se battra généralement pour le pouvoir, le cheval évitera le conflit à tout prix.  

L’homme dans sa relation au cheval cherche généralement l’amitié mais aussi la domination d’un être puissant et ainsi le gonflement de son ego .  

Ce dernier point est en réalité un obstacle à une saine relation.  

 La communication.   

C’est la communication qui permettra de créer et maintenir une relation harmonieuse entre l’homme et le cheval.    

Le cheval comme l’homme est un animal social.

Dans une situation naturelle de vie, il est en relation permanente avec ses congénères.   

Si l’homme peut supporter et même apprécier dans un temps plus ou moins long la solitude, ce n’est pas le cas du cheval. 

Il a besoin d’être , en permanence, en relation au moins olfactive avec ses congénères, mais surtout visuelle, du fait que la communication équine est essentiellement gestuelle et posturale.  

En effet, la sécurité du troupeau, et de l’individu réside dans la surveillance des environnements et sur l’observation mutuelle : toute réaction de peur d’un des chevaux, entraînera une réaction semblable chez les autres membres du troupeau.  

De même la cohésion du troupeau, basée sur une hiérarchie discrète entre individus et sur de forts liens amicaux est renforcée par la communication posturale, posture de menace pour empêcher d’approcher ou écarter un individu de rang inférieur, demande de permission d’approcher, signification de son statut d’herbivore pacifique. 

La reconnaissance entre individus est essentiellement visuelle mais le sens de l’odorat est aussi très important dans les relations sociales des chevaux.  

Les rencontres entre individus se confirment par la création d’un pont olfactif par contact naso-nasal.  

C’est à comparer au bonjour humain suivi d’une poignée de main.  

Certaines communications se font de manière tactile ( comme lors du toilettage mutuel ou le cheval gratte là où il souhaite être gratte)et vocale en particulier quand des individus se sont perdus de vue , ou pour rassurer un poulain.    

La communication humaine, quant à elle est, comme celle du cheval, rarement tactile, mais surtout verbale et très peu visuelle ( et la communication gestuelle et posturale est le plus souvent inconsciente ). .

Elle utilise des symboles vocaux qui sont très éloignés des réactions spontanées ( gestuelles ou même vocale) des chevaux.   

Dans les relations liant l’homme au cheval, le cheval doit apprendre à décrypter certains mots , avec l’aide de la tonalité employée ainsi que la posture de l’homme. 

Surtout l’homme se doit d’apprendre à comprendre le cheval grâce à ses postures et même s’en inspirer pour communiquer avec lui .

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