Ce numéro a par exemple l’objectif de rendre plus simple les signalements car avant beaucoup de signalements se diluaient. L’objectif principal est évidemment de sauver un maximum de vies animales.

Inédit en France, le 3677, lancé lundi 24 juin par le Conseil national de la protection animale, vise à filtrer et à orienter les appels qui, aujourd’hui, se perdent entre trop d’interlocuteurs.

Quatre chiffres pour aider les animaux.

Le Conseil national de la protection animale (CNPA) lancera, lundi 24 juin, la première ligne téléphonique nationale de signalement de maltraitance animale.

En composant le 3677 (gratuit depuis un poste fixe ou mobile en métropole, prix d’un appel local inclus dans le forfait), vous serez dirigé vers une plateforme branchée 365 jours par an, 7 jours sur 7, de 9 heures à 19 heures en semaine et de 10 heures à 17 heures les samedis et dimanches.

Aujourd’hui, lorsqu’on constate une maltraitance animale un acte de violence ou une privation de soins , l’administration française vous propose de faire une déclaration en ligne grâce à un formulaire ou d’alerter la gendarmerie ou la police nationale en appelant le 17.

Le site de la Société protectrice des animaux (SPA) propose également sur son site de remplir un formulaire si vous constatez un tel acte.

Beaucoup de personnes se tournent aussi vers des associations de défense des animaux implantées localement ou vers la mairie ou les pompiers.

Au final, les signalements se perdent et les procédures visant à sécuriser l’animal ou à punir son propriétaire en infraction au regard du Code pénal  ne sont souvent pas déclenchées.

Améliorer les politiques publiques »

« Aujourd’hui, lorsqu’on constate un acte de maltraitante animale, on ne sait pas vers qui se tourner et, souvent affolé, on appelle dix ou quinze interlocuteurs différents », constate le vétérinaire Loïc Dombreval, président du CNPA, qui insiste sur la nécessité de « professionnaliser la prise de signalement » de tels actes, dont personne ne connaît réellement l’ampleur.

En France, en 2021, 12 000 infractions visant des animaux domestiques, apprivoisés ou tenus en captivité ont été enregistrées par la police et la gendarmerie, en hausse de 30 % depuis 2016, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.

Pourtant, insiste Loïc Dombreval, « des associations annoncent 25 000 appels sans que l’on sache si ce sont vraiment des cas de maltraitance, d’autres en déclarent 15 000 ». «

En réalité, personne n’est capable de dire combien d’animaux sont maltraités en France, par quel type de personnes, dans quels départements, etc. », complète-t-il.

Ce sera l’un des objectifs de ce numéro d’appel : recueillir des chiffres, des statistiques, les mettre en forme et les utiliser « pour améliorer les politiques publiques en la matière », détaille cet ex-député LREM devenu membre d’Horizons – le parti d’Édouard Philippe engagé dans la lutte pour la protection animale .

Enquête, saisie, placement, poursuites judiciaires…

Avant cela, le 3677 va évidemment servir à rassurer les appelants et à sauver des vies animales.

« On va écouter, filtrer, orienter », liste le président du CNPA.

Les six répondants de la plateforme basée à Paris, sélectionnés, formés et suivis, auront pour mission de renvoyer la personne vers le bon interlocuteur en cinq minutes.

« Nous fournissons à cette équipe des procédures très détaillées que nous avons élaborées avec les forces de l’ordre et des avocats », précise le vétérinaire.

Le protocole est simple.

Après la validation du signalement, plusieurs étapes se déclencheront en fonction du cas : enquête, saisie, placement, poursuites judiciaires…

Les ministères de l’Intérieur et de l’Agriculture se sont associés au projet et traiteront en priorité les signalements transférés par la plateforme.

Pour les cas urgents, l’agent en plateforme, après avoir fiabilisé le témoignage par des questions précises, activera, le cas échéant, le déplacement des forces de l’ordre.

« On verra alors, objectivement, sur ces cas urgents, si la police ou la gendarmerie se déplacent et en combien de temps », prédit Loïc Dombreval.

C’est certainement là un autre enseignement à attendre de ce numéro d’appel.

Car « il y a un vrai problème aujourd’hui avec le 17 », explique le vétérinaire.

Les forces de l’ordre, la plupart du temps, ne se déplacent pas pour ce type de violences ; occupées par d’autres affaires.

« Je comprends et je ne leur jette pas la pierre, mais cela doit enfin permettre de constater que le 17 n’est pas la bonne solution pour ces cas », veut croire le patron du CNPA qui, depuis qu’il a abandonné la politique en 2022, se fait fort de laisser également de côté « la langue de bois ».

« Des cas auxquels on n’aura pas pensé »

Impatients de lancer ce dispositif inédit, les membres du CNPA ne savent toutefois pas totalement à quoi s’attendre.

Le 3677 aura coûté à l’association  qui vit d’aides et de dons privés et d’associations de protection animale  une première enveloppe de 350 000 euros.

 Un investissement qu’il faudra, de l’avis de Loïc Dombreval, rapidement abonder.

« La plateforme nous facture chaque appel, que ce soit un vrai cas de maltraitance ou non », détaille-t-il.

Or, pour le vétérinaire, cette notion reste floue pour la plupart des gens.

D’après les sources du CNAP, environ 60 % des déclarations actuelles de maltraitance animale n’en sont pas.

Ces appels-là concernent des actes aussi fréquents que tirer trop fort sur la laisse d’un chien, mettre un coup de bâton sur le cul d’une vache pour la faire avancer, signaler un chat coincé en haut de l’arbre ou un cheval sorti du pré…

« Le pilotage sera certainement compliqué au début et on aura certainement des cas auxquels on n’aura pas pensé », prévoit Loïc Dombreval, qui rappelle qu’une récente étude auprès de 3 000 personnes révèle que 89 % des répondants « seraient plus enclins à signaler un cas de maltraitance si un numéro de téléphone national unique était disponible ».

C’est désormais chose faite.

 

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